Discussion around Teaching French with a Fellow Teacher in Sweden (Part 1)
[04 min 31 sec] – PART 1
Jessica : Bonjour Ludo !
Ludovic : Bonjour Jessica !
Jessica : Alors merci d’avoir mis ton réveil pour nous ce matin ! (rires)
Ludovic : Bah avec plaisir écoute, ça fait plaisir de te parler. Merci de m’accueillir[1] !
Jessica : C’est très très gentil. On a quelques heures de décalage parce que tu… tu vis à Stockholm actuellement.
Ludovic : Donc je pense qu’on a 9 (neuf[2]) heures de décalage à peu près.
Jessica : Euh je pense 8 (huit) heures, t’as[3] quelle heure, là, actuellement ?
Ludovic : Il est 9 (neuf) heures du matin chez moi.
Jessica : Il est 17 (dix-sept) heures donc…
Ludovic : D’accord, donc 8 (huit) heures !
Jessica : Ouais. 8 (huit) heures pour le moment ouais !
Ludovic : Okay.
Jessica : Et bah alors on était… on a fait notre Master FLE ensemble…
Ludovic : Oui.
Jessica : On était ensemble la dernière année d’université.
Ludovic : C’est ça.
Jessica : Donc je propose de… voilà, de profiter de cette occasion pour… voilà, d’abord en profiter pour faire découvrir un petit peu le FLE aux auditeurs de French Voices.
Ludovic : Hm hm.
Jessica : Donc comment nous avons été formés pour devenir les supers profs de français que nous sommes devenus aujourd’hui (rires) ?
Ludovic : Alors comment… oui, vas-y je…
Jessica : Qu’est-ce qui t’as donné envie de devenir prof de FLE déjà peut-être ?
Ludovic : Ah qu’est-ce que… c’est une grosse question ! Euh… je pense que c’est… comment dire ? Le… l’étranger m’a toujours attiré… d’une façon ou d’une autre. L’étranger, c’est aussi bien le… le voyage dans un pays étranger que la culture étrangère…
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Et donc toujours dans ma tête, j’avais… j’ai toujours eu un peu l’idée… ne serait-ce que pour un temps, travailler à l’étranger ou… donc, c’était un peu… c’était un peu le projet au début. Et puis après ma… j’ai fait des études d’anglais. Et… je suis allé jusqu’à la Licence donc c’est trois ans… trois ans d’université en France.
Jessica : Hm hm.
Ludovic : J’ai fait une année d’assistanat… dans une école en Grande-Bretagne.
Jessica : Ouais.
Ludovic : Ou du coup bah, mon projet initial c’était de devenir prof d’anglais en France mais du coup, là, j’ai eu une expérience d’enseigner le français à… à des étrangers. Et du coup, c’est… j’ai trouvé ça très intéressant, c’était à la fois pratique et confortable pour moi de parler de ma propre culture. Donc ça, pour ça, c’était… c’était chouette. Et… de de voir l’intérêt que les gens avaient aussi bien pour la langue que pour… que pour la culture. Et du coup, c’était un… c’était différent mais en même temps, c’était à la fois la même chose. Mais… ça m’a… ça m’a plu. Donc du coup, une fois que je suis rentré de ce… de ce… de cette année d’assistanat dans une école de… de Southampton, dans le sud de l’Angleterre, je me suis dit : tiens, on va tenter, on va voir un petit peu ce que c’est… d’enseigner mais peut-être à une… une plus large échelle. Je savais que l’université où… où j’étais… bah où nous avons fait tous les deux notre… notre Master de Français Langue Etrangère avait un institut de… de français… pour les étrangers…
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Où j’avais travaillé pendant l’été d’avant d’ailleurs… en tant que… en tant que moniteur et assistant. Donc… c’était… enfin, toutes les conditions étaient réunies pour… pour donner envie un petit peu. J’avais pas mal de contacts avec les étudiants étrangers à l’époque, pas mal d’amis aussi. Donc… c’était un environnement vraiment très agréable et… donc tout… oui, tout… l’intérêt, l’environnement, la vie sociale, tout était un petit peu mélangé et du coup, ça… ça donne envie…
Jessica : Ouais.
Ludovic : De se lancer quoi.
Jessica : Ouais. Alors, le… le centre où tu as été moniteur dont tu parles, c’est bien le CIDEF d’Angers[4] ?
Ludovic : C’est le CIDEF.
Jessica : C’est ça ?
Ludovic : Ouais, le Centre International Des Etudes Françaises, oui.
Jessica : Ouais, j’y ai travaillé un petit peu aussi. Alors c’est… c’est marrant parce qu’on en avait jamais parlé. Mais du coup, j’ai un… un grand grand souvenir parce que le début de ton histoire, c’est exactement mon histoire aussi.
Ludovic : Hm hm.
Jessica : Licence d’anglais, puis partir… alors il faut juste substituer « Irlande » à « Grande Bretagne »…
Ludovic : Okay.
Jessica : Parce que moi j’étais… j’étais à Dublin.
Ludovic : Okay.
Jessica : Mais même chose, et puis réorientation vers le… vers le français qui… pour moi, permettait de combiner le fait d’enseigner, je savais que je voulais être professeure mais… et puis de pouvoir le faire en voyageant. Donc je me suis dit « Bingo ! », c’est…
Ludovic : Hm hm.
Jessica : Tout à fait ce qui correspond. Alors, donc le FLE, ça… c’est Français Langue Etrangère hein. Donc c’est le… le nom de la matière et du diplôme qu’on a… qu’on a préparés. Qu’est-ce que tu retiens… alors c’est peut-être un petit peu… ça commence déjà à être vieux en fait…
Ludovic : Oui !
Jessica : Mais qu’est-ce que tu retiens un petit peu de ce que… ce qu’on a appris, ce qu’on a analysé, comment on a été… comment on a été formés pendant notre formation ?
Ludovic : Alors, oui quand tu dis que ça fait longtemps…
Jessica : T’as des souvenirs ?
Ludovic : Ça fait… oui, oui, un petit peu quand même. Mais c’est vrai que ça fait 7 (sept) ans quand on y pense, on se…
Jessica : Ouais.
Ludovic : On se voit encore jeunes dans notre tête, mais c’est vrai que les études se sont… se sont arrêtées il y a 7 (sept) ans. Qu’est-ce que je retiens ? Euh… des… de notre formation, pas mal… je trouve que… on a eu de la chance, notamment par rapport à la thématique de notre… parce que la thématique du diplôme, c’est toujours du Français Langue Etrangère mais après… chaque année ou chaque nouvelle promotion, c’est le… la thématique changeait. Et nous on a eu la chance, je trouve, d’avoir la thématique « interculturalité » donc les…
Jessica : Hm.
Ludovic : Les relations entre cultures et donc l’accent a été beaucoup mis là-dessus. Et j’ai trouvé que c’était vraiment un… un thème d’une… enfin vraiment extrêmement intéressant. Fascinant, même. Jusqu’à… à certains moments. Et du coup, oui c’est… la thématique était vraiment engageante d’une certaine façon, vraiment donner envie d’aller plus loin, donner envie de… de tester un petit peu certaines choses qu’on avait appris[5]… ou apprises plutôt ! (rires).
Jessica : Faut pas que tu fasses de fautes de français hein…
Ludovic : Non, je sais !
Jessica : Parce que tu as des étudiants qui t’écoutent, peut-être les tiens en plus !
Ludovic : Je sais !
Jessica : Ouais (rires).
Ludovic : C’est pour ça je… je fais un petit effort. Mais c’est samedi matin. (rires). Mais… qu’est-ce que je voulais dire, oui pardon. Donc, voilà le… c’était fascinant de savoir par exemple un petit peu les… à quelles dist… par exemple, les questions de distances… quand on a une conversation avec quelqu’un, que dans différentes cultures, il faut être plus ou moins près de l’interlocuteur parce que ça veut dire certaines choses… et que tout en fait est culturel… ou que… jusqu’à un certain degré… c’était…
Jessica : Hm.
Ludovic : Des choses fascinantes. Après, je retiens aussi des heures pas forcément toujours très rigolotes à essayer de revoir la grammaire française dans… dans ses plus profonds détails… (rires) qui sont pas toujours très intéressants ou très… enfin, c’était intéressant pour nous plus tard, mais c’est vrai que sur le coup, voilà, on comprend bien com… à quel point les gens… les étudiants qui apprennent le français font face à des grosses difficultés… quand ils apprennent le français parce que au niveau de la grammaire, c’est pas une langue facile.
Jessica : Ouais, ouais. Justement on en reparlera un petit peu plus tard aussi. Hm hm.
Ludovic : Donc… donc c’est un mélange de tout mais dans l’ensemble, qu’est-ce que… on a été formés aussi à comment créer des… des exercices sur internet par exemple… à utiliser des différentes méthodes… ou à créer nos exercices nous-mêmes… pour le moment, c’est ce qui me revient de… de but en blanc comme ça mais… je sais pas, qu’est-ce que tu… t’as d’autres choses à…
Jessica : Oui, c’est marrant parce que j’ai pas les mêmes souvenirs que toi en fait…
Ludovic : Okay !
Jessica : Mais c’est vrai que j’étais avec vous seulement la dernière année d’études parce que les… les années précédentes, j’étais à l’université d’Angers qui est l’université publique.
Ludovic : Hm.
Jessica : Et… et les… les deux choses qui… qui m’ont vraiment marquée, qui m’ont vraiment intéressée, moi c’était… alors on a fait donc… un petit peu d’histoire de la méthodologie, donc comment on enseignait les langues…
Ludovic : Hm.
Jessica : A travers les… les périodes. Avec… donc on analysait aussi des… des manuels de français, donc des livres pour apprendre le français. Donc de… de ces anciennes époques, et puis aussi des manuels actuels pour savoir donc… comment trouver les informations, comment étaient développées les activités… pour les critiquer également donc… ça, j’avais trouvé ça très intéressant.
Ludovic : Hm.
Jessica : Et… une partie que j’avais faite, je pense pas que c’était la dernière année, ça devait être avant, c’était que on avait dû… apprendre pendant un certain temps, j’ai oublié combien d’heures… mais une langue étrangère qui était totalement différente…
Ludovic : C’est vrai.
Jessica : Parce qu’on pouvait prendre le chinois, le russe ou l’arabe ou… donc même l’alphabet était différent. Et on devait…
Ludovic : Hm.
Jessica : T’as fait ça aussi toi alors ?
Ludovic : On a fait ça aussi mais c’est vrai que…
Jessica : Ouais.
Ludovic : Ben je pense que… nous, on a fait du chinois. Je sais pas quelle langue tu as faite, toi ?
Jessica : T’as fait du chinois, ouais.
Ludovic : Ouais.
Jessica : J’ai fait chinois aussi.
Ludovic : Okay.
Jessica : Ouais, ouais. Et j’ai continué ensuite pour le… pour le plaisir et parce que j’étais très intéressée. Et puis après je suis allée en Chine également donc finalement, ça… ça a été utile. Mais l’idée en fait de nous faire apprendre une langue étrangère, c’était qu’on… qu’on… qu’on analyse donc du côté du professeur, on devait prendre des notes et donc écrire un rapport… sur… ben comment est-ce que le professeur enseignait la langue en fait… quelles étaient ses techniques… et puis se mettre dans la peau d’un… d’un étudiant et puis de… d’apprendre véritablement. Donc d’avoir les… les deux côtés de… presque les deux côtés de la pièce de monnaie en fait, de la médaille voilà.
Ludovic : Ah oui, je me souviens… je me souviens aussi des cours de chinois, j’ai un petit… j’ai notamment un souvenir… donc pareil, on avait un… un journal de bord. Ou on était peut-être plus… enfin dans mes souvenirs, on était plus focalisés par exemple sur ce que nous on ressentait mais après… enfin, on regardait aussi un petit peu la technique de… de l’enseignante puisque donc tout… le cours en entier se faisait en chinois, enfin en mandarin.
Jessica : Ouais.
Ludovic : Et le… le problème c’est que… bah forcément aucun de nous ne parlait un… ne serait-ce qu’un mot de… de mandarin.
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Et je me… donc on écrivait nos impressions. Et j’ai un souvenir impérissable de notre premier cours qui devait durer… peut-être pas… même pas une heure, qui devait durer 40 (quarante) minutes je pense. Mais où tout le monde était pris d’un… d’un fou rire[6] nerveux de… devant l’incompréhension totale de ce que pouvait raconter la professeure, ou expliquer. Alors je ne sais pas ce que elle, elle ressentait, elle était très très bonne pour cacher ce qu’elle ressentait mais…
Jessica : Hm.
Ludovic : J’ai un souvenir voilà, de tout le monde un peu… sans doute un peu gênés, un peu nerveux, je sais pas mais…
Jessica : Ouais.
Ludovic : Tout le monde qui éclate de rire parce que bah voilà qu’est… qu’est-ce qu’on fait. Et c’est vrai que… un étudiant qui n’a aucune… qui arrive en France, qui ne… qui n’a pas vraiment été exposé ne serait-ce qu’à l’alphabet, qui n’a…
Jessica : Ouais.
Ludovic : Qui a peut-être du mal à identifier ce qu’il y a sur les panneaux, un peu partout autour de lui, c’est vrai que ça… ça doit être quelque chose.
Jessica : C’est impressionnant, ouais. Ouais, ouais, ouais. Ouais, ouais. Donc on a pu se mettre dans les… dans les chaussures[7] on dirait…
Ludovic : Complètement.
Jessica : Dans la peau de… de ces étudiants en fait, hm. C’est ce que je… je retiens moi de ces années d’université.
[15 min 22 sec] – PART 2
Jessica : Mais alors, après l’université, comme je t’ai… je t’ai jamais revu… qu’est-ce que tu es devenu, tu es allé où, qu’est-ce que t’as fait ?
Ludovic : Alors, qu’est-ce que j’ai fait ? Ma… juste après les études en fait, j’ai pu… j’ai dû… j’ai pu faire une deuxième année d’assistanat. Parce que… en Angleterre. Mais dans une école complètement différente de la première. Euh… parce que j’avais besoin… enfin, j’avais encore besoin de savoir de quelle façon… enfin, si je voulais partir à l’étranger. Parce que le Français Langue Etrangère, c’est… ça peut aussi très bien se pratiquer en France qu’à l’étranger. Donc du coup, je pouvais choisir… est-ce que voilà, je reste en France… ou alors est-ce que je pars. Mais bon j’avais besoin d’une année peut-être supplémentaire pour me… pour me faire une idée. Donc du coup, je suis reparti en assistanat un an. Là, dans la… dans une banlieue de Londres[8].
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Et puis… et puis voilà. En fait, mon contrat s’est terminé à la… au… au mois de mai de… de l’année suivante. Et puis… donc j’ai postulé pour… un petit peu partout dans… dans les Alliances Françaises, par exemple… donc l’Alliance Française, c’est un… un réseau d’écoles qui enseignent le français… est-ce que… je ne sais pas s’il y en a en… en Australie ?
Jessica : Ah oui, il y en a une dizaine je crois. Oui, c’est très connu. Hm hm.
Ludovic : D’accord. Donc… donc un peu partout, plutôt en Europe parce que je voulais pas trop m’éloigner de… de ma famille au début.
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Mais donc du coup, j’ai envoyé un petit peu partout et puis le hasard a fait que c’est à Londres que j’ai trouvé un poste donc du coup…
Jessica : Encore ?
Ludovic : Donc du coup, j’ai déménagé de Londres au mois de mai et j’ai ré-emménagé à Londres mais cette fois-ci dans la ville-même de Londres deux mois plus tard.
Jessica : Ouais.
Ludovic : Et du coup, je suis resté trois ans à enseigner le français dans… dans le contexte de l’Alliance Française. Donc c’est-à-dire des… des cours de français pour des adultes, principalement.
Jessica : Hm hm.
Ludovic : A la fois des gens qui étaient… des individuels qui viennent pour prendre des cours, des cours de groupe aussi. Mais aussi des cours dans certaines entreprises. Donc par exemple, j’avais… un… un étudiant qui travaillait pour Apple. Qui s’occupait… qui s’occupait des podcasts pour l’Europe et qui donc… qui avait besoin d’avoir des contacts avec les… les radios françaises parce que bah…
Jessica : Aah !
Ludovic : Tout le monde ne parlait pas forcément un anglais excellent à Radio France. Donc du coup, il s’est dit bah tiens, je vais essayer d’avoir un petit peu de… de base de français pour essayer de me… de me… d’avoir un bon contact avec mes… mes collègues. Donc j’ai pu… j’ai eu la chance par exemple d’aller chez Apple à Londres, enfin ou… donc plusieurs expériences très très intéressantes comme ça vraiment… vraiment, qui sont restées.
Jessica : Hm hm. Et aujourd’hui donc… donc comment tu as… échoué à… à Stockholm… si on peut dire échouer, je sais pas ?
Ludovic : Oui, échouer… (rires). Echouer[9]… échouer très volontairement hein. Disons que…
Jessica : Ouais (rires). Atterri.
Ludovic : Ouais, voilà atterri. Disons que… bah les pas nordiques, ça a toujours été des pays que j’ai trouvé… donc les pays nordiques pour… oui pour un Européen, c’est la Scandinavie donc Norvège, Suède, Danemark, Finlande. Ça a toujours été des pays très… je sais pas, que j’ai trou… qui m’intéressait. Pas forcément pour lesquels j’avais une passion comme j’ai pu voir des gens dans… par exemple, à l’université, on avait… on avait des gens dans notre promotion qui étaient fascinés par la Chine ou par… l’Inde, ou par certains pays, vraiment une fascination. Moi j’avais jamais eu cette fascination-là mais je… je me disais tiens pourquoi pas. Et puis bon. Les choses… comment dire… les choses ont évolué… et ont fait que j’ai une amie qui est partie en Erasmus à Stockholm, qui a rencontré son mari là-bas… qui est toujours d’ailleurs à Stockholm. Une amie… mon amie Sophie que je salue d’ailleurs si elle écoute. Et du coup une année… pendant mon premier assistanat à… à Southampton, je m’étais dit : qu’est-ce que je vais faire pour… pour rencontrer des gens ? Et comme les langues m’intéressent et que je voulais me faire un petit défi, je me suis dit : tiens, je vais apprendre une langue un peu différente. Et comme Sophie habitait à Stockholm, je me suis dit : tiens je vais essayer le suédois. Et j’ai testé le suédois, c’était assez rigolo et quelques temps après… quelques mois après avoir commencé, j’ai eu des vacances et donc je suis parti voir Sophie et… et son mari à Stockholm. Au mois de février[10], donc énormément de neige. Première fois que je voyais autant de neige de ma vie. Et j’ai adoré. J’ai vraiment trouvé que Stockholm était une ville superbe alors que pourtant c’est pas… pas forcément le meilleur moment pour découvrir la ville, maintenant je le… je le concède. Parce que c’est vraiment une ville qui prend encore plus vie l’été, avec le soleil, avec les gens qui… voilà, qui se mettent dehors à la moindre occasion. Mais j’ai beaucoup aimé. Voilà, j’ai eu un coup de cœur. Et puis, ça m’a donné envie de revenir, donc l’année suivante, pendant ma première année de… de Master Français Langue Etrangère, j’ai fait mon stage à Göteborg donc à l’autre… de l’autre côté du pays. Pas très loin de la Norvège. Et j’ai aussi adoré, c’était vraiment deux mois extraordinaires. Donc après l’idée était toujours un petit peu de revenir en Suède. Et puis… donc ça a pris quelques années avant de prendre forme véritablement et puis après trois ans à Londres où… ville… ville vraiment exceptionnelle et avec… où j’ai rencontré des gens et j’avais des collègues vraiment super. Mais j’avais besoin ou en… et envie de faire autre chose. Et du coup, de partir ailleurs. Et du coup, le… la Suède est revenue. Donc… donc voilà, j’ai décidé de prendre mes valises et puis de débarquer à Stockholm, encore une fois chez… chez mon amie Sophie qui m’a gentiment hébergé pendant… pendant quelques semaines et que je pourrai jamais remercier assez.
Jessica : Bah elle est vraiment sympa, Sophie !
Ludovic : Ah ben elle est super, Sophie ! Et du coup… et du coup, oui les choses… alors c’est pas forcément évident quand on n’a pas… quand on n’a pas d’attaches en Suède. Parce que il y a… il y a un système qui fait que… comment dire… il y a un sésame[11] à obtenir qui est un… un numéro personnel. Qui est un numéro à la fois de sécurité sociale mais qui sert à énormément de choses. Notamment… à obt/ouvrir des comptes en…
Jessica : Hm.
Ludovic : Dans une banque, à obtenir un travail ou un logement. Enfin, il y a beaucoup de choses qui peuvent… qui… qui découlent de ce numéro et que… il y a des… malheureusement, enfin malheureusement… la règle est que il faut pouvoir prouver d’une certaine façon qu’on va rester assez longtemps en Suède, qu’on s’établit en Suède pour mériter un… un numéro personnel. Donc un… un étudiant qui vient en échange Erasmus par exemple ne peut pas l’avoir.
Jessica : Ouais.
Ludovic : Donc moi mon défi ça a été… parce que je suis arrivé tout seul… en… en Suède donc du coup, en général, on donne un numéro aux… aux étrangers quand ils ont un ou une partenaire suédois ou suédoise…
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Un travail de longue durée donc pas… pas un stage de deux mois mais au moins un truc d’un an… en Suède. Ou alors qui peuvent montrer que… que la personne peut montrer d’une façon ou d’une autre qu’il a assez d’argent pour pouvoir rester sans… profiter du système. Enfin sans… qu’on est pas là pour en gros… pour profiter de la sécurité sociale suédoise de façon malhonnête quoi.
Jessica : Ouais, d’accord.
Ludovic : Donc c’était ça…
Jessica : Donc tu es ou sponsorisé ou tu démontres que t’as assez de fonds pour subsister à toi-même en fait.
Ludovic : Voilà, exactement. Donc, c’est…c’était…
Jessica : Hm hm. Hm hm.
Ludovic : C’était mon défi en fait. Euh… mais j’ai eu beaucoup de chance parce que du coup j’ai eu un… après trois semaines, j’ai eu un travail à mi-temps dans une… alors là par contre c’était vraiment très très différent parce que j’ai travaillé comme… j’ai travaillé dans une garderie avec des enfants de trois à cinq ans.
Jessica : Ah oui ! Il y avait un lien avec le français ou c’était juste un… un boulot[12] comme ça ?
Ludovic : Alors, c’était une école… il y a deux écoles françaises à Stockholm. Il y a le…
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Franska Skolan, donc l’école française. Et il y a le Lycée Français. Mais le Lycée Français inclut aussi une partie… enfin va en fait de la maternelle au… au baccalauréat parce que…
Jessica : D’accord.
Ludovic : Ça s’appelle lycée mais finalement, ça… ça inclut le collège, le primaire et… et la maternelle.[13]
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Et du coup… donc du coup je travaillais dans un environnement francophone avec aussi des parents qui étaient abso… absolument pas français ou… mais qui voulaient que leur enfant parle français et apprenne le français en… en allant à l’école en français. Donc du coup donc c’était un peu lié au FLE aussi un petit peu comme ça donc… j’ai pu être un petit peu entre les deux aussi. Mais du coup, c’est vrai que je suis passé de l’enseignement à des adultes à… faire de la garderie pour les enfants de trois à cinq ans donc…
Jessica : C’est vrai. Et c’est totalement différent parce que… j’ai essayé les enfants mais pendant une heure, je suis sortie de la classe en larmes. Je me suis dit je ne peux pas ! J’en avais six euh… j’avais préparé… toute la semaine à préparer les activités d’Halloween et… non. J’ai juste pas la technique je crois mais… chapeau[14] alors !
Ludovic : Ah c’est… merci ! Oh ça… ça s’apprend. Et puis après, bon j’avais une équipe aussi. Enfin, j’avais une équipe, c’était pas moi le responsable mais disons que c’est pareil, les collègues… j’ai… je sais pas, j’ai toujours eu la chance dans les endroits où j’ai travaillé de toujours être avec des gens super.
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Donc… on peut… on pouvait vraiment se faire confiance. Il y a un très bon travail… comment dire… des bonnes collaborations aussi donc du coup ça… c’était… ça… ça a jamais été un… c’était un nouveau monde mais ça a jamais été problématique quoi. J’ai toujours été avec des gens qui m’ont… qui m’ont donné les clés pour pouvoir évoluer sans problème… dans un nouveau monde donc… donc voilà. Donc ça a été ça et puis après j’ai été dans la même école assistant pour… pour un élève qu’avait[15]… qu’avait des difficultés… qu’avait des difficultés d’apprentissage. Pendant… pendant quelques mois aussi. Et puis après, j’ai réussi à trouver un… un travail de… vrai prof entre… entre guillemets. Prof de français et d’anglais parce qu’en Suède, c’est deux matières qu’on doit enseigner… dans un lycée…
Jessica : Donc là tes… tes années de Grande-Bretagne t’ont… en Grande Bretagne t’ont bien servi du coup.
Ludovic : Voilà totalement ! Et du coup…
Jessica : Ouais.
Ludovic : Voilà. Maintenant, je suis dans le… dans le système classique on va dire… le système scolaire classique suédois on peut dire.
Jessica : D’accord. Bah très bien, c’était très exhaustif ton… ton récit. Parfait ! (rires).
[25 min 31 sec] – PART 3
Jessica : Alors, donc je voulais te demander si tu… si tu parlais… donc oui, tu m’as dit que tu parlais, est-ce que tu parles et que tu écris le suédois et est-ce que tu pourrais présenter parce que ça va donc être lié ensuite aux… aux difficultés typiques de… de tes étudiants, donc on verra ensuite… quelles sont… est-ce que tu peux présenter la… la langue, donc les différences ou similitudes qu’il y aurait entre le suédois et le français donc d’un point de vue, que ça soit… bah peut-être de l’alphabet ou grammatical, phonologique… est-ce que tu peux nous présenter ça ?
Ludovic : Alors… et puis il y a une chose que je peux peut-être présenter très rapidement. Je vais essayer d’être rapide…
Jessica : Ouais.
Ludovic : C’est que en fait… donc ce numéro de… ce numéro de sécurité sociale etc.
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Donc que j’ai réussi à avoir très rapidement aussi grâce à mes… avec un petit peu de chance et un petit coup de pouce[16] de mon premier employeur… c’était que ce numéro personnel donne droit… donne accès pour les étrangers à des étrangers à des cours gratuits de suédois. Donc les…
Jessica : Ah oui ! Pour faciliter l’intégration ?
Ludovic : Alors le gouvernement suédois est très… enfin je trouve est vraiment très très bon pour tout ce qui est « langues » parce qu’il offre à la fois donc des cours de fr/des cours de suédois pardon pour… pour les personnes qui viennent s’installer en Suède. Et aussi par exemple pour les personnes… les immigrés qui sont venus s’installer, qui ont des enfants par exemple et qui parlent une langue différente du suédois à la maison. Donc pas l’anglais ou le français mais des langues plus… plus rares comme le croate ou comme même…
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Ou même l’arabe qu’est pas[17] si rare que ça mais qu’on enseigne pas dans le… dans le système scolaire classique…
Jessica : Classique, ouais.
Ludovic : La… la municipalité, la commune offre aussi des cours gratuits, qui peuvent être inclus dans le… dans la scolarité de l’enfant, des cours de langues maternelle à… aux enfants.
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Donc… donc voilà. Donc c’est vraiment… c’est vraiment un pays qui est très très… qui est très très fort je trouve pour… pour l’intégration notamment par… par ce biais.
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Et donc du coup, j’ai bénéficié de cours… j’avais des bases de suédois un petit peu déjà donc… j’ai pas commencé tout en bas mais donc on vous offre des cours du niveau complètement débutant et même si vous n’avez jamais fait d’études auparavant[18], si vous venez d’un pays où la… où l’école n’est pas obligatoire par exemple, voilà, vous pouvez entrer dans le système et… les cours sont offerts jusqu’au niveau… ce que j’app… un petit… enfin un niveau B2 donc ce qui serait… c’est le niveau nécessaire pour aller à l’université en fait.
Jessica : Ouais, hm hm.
Ludovic : Donc j’ai fait un an et demi, deux soirs par semaine de cours de suédois donc… donc maintenant on peut dire que… je fais ma vie en suédois, il y a pas… il y a pas de soucis, il y a forcément des mots qui m’échappent, ça fait que trois ans que j’habite ici donc mais…
Jessica : Ouais.
Ludovic : Donc voilà officiellement j’ai un niveau qui me permet…
Jessica : Donc ça c’est… oui pardon, c’est oral ? Tu sais aussi l’écrire et le lire ?
Ludovic : Ah bien sûr !
Jessica : D’accord.
Ludovic : Alors quand je dis que ce sont des cours pour la… l’université, ça inclut aussi comment écrire des textes pour… des textes scientifiques enfin donc…
Jessica : Ah oui okay !
Ludovic : Des articles, des chroniques donc tout… tout est inclus. Et comme en fait, j’étais obligé depuis… donc j’ai travaillé au début dans une école française et après quand j’ai eu mon… mon premier travail dans un lycée… suédois du coup, j’étais obligé de parler suédois toute la journée. Oui d’écrire en suédois…
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Même aux parents etc. Donc…
Jessica : Ah oui !
Ludovic : C’est un mélange de… des cours… qu’étaient… qui m’étaient donnés et en même temps, j’avais une pratique constante tous les jours et obligatoire donc du coup…
Jessica : Hm hm.
Ludovic : J’étais ob… ça a été le… le focus pendant… pendant pas mal de temps.
Jessica : Alors, ça ressemble à quoi le… le suédois ?
Ludovic : Alors…
Jessica : Donc au niveau grammaire, phonétique… même si tu veux nous donner quelques phrases en suédois, sois libre de le faire, je t’oblige pas hein, mais vas-y ! (rires)
Ludovic : Mais il y a pas de problème ! Alors… alors le b.a.-ba[19]… la base si vous venez en… en Suède, c’est des mots très très courts. Euh… donc pour dire bonjour, c’est « hej » par exemple. Très simple.
Jessica : Hm hm. Comme le « hi » un petit peu en anglais.
Ludovic : Comme le « hi » voilà exactement. Alors il y a… donc c’est un peu informel mais le… c’est très informel[20], la langue suédoise. C’est… enfin, d’une certaine façon. Et puis pour dire merci, c’est « tack » par exemple. Donc des… des petits mots comme ça, à droite à gauche qu’on… qu’on récupère.
Jessica : Hm hm.
Ludovic : Et puis après si on veut faire des vraies phrases… la grammaire est un mélange un petit peu de… à mi-chemin entre l’allemand et l’anglais, on peut dire.
[A suivre… / To be continued…]