The Pursuit of Vintage Letters in Paris with Marie Coudert
[04 min 36 sec] Part 1
Jessica : Bonjour Marie !
Marie : Bonjour !
Jessica : Alors Marie, vous habitez et vous travaillez à Paris, ce que beaucoup de personnes qui nous écoutent vous envient certainement d’ailleurs. Dans quel arrondissement est-ce que vous vous trouvez ?
Marie : Alors, j’habite dans le 19ème, au nord de Paris, et je travaille plein Est, à la porte de Charenton, dans le 12ème.
Jessica : Et juste à titre indicatif pour… donc est-ce que vous avez des… des exemples de monuments, d’attractions touristiques qui sont dans… dans les secteurs que vous mentionnez et que nos auditeurs pourraient connaître ?
Marie : Alors, de mon salon, on voit la Cité des Sciences et de l’Industrie, avec…
Jessica : Ah oui, j’adore !
Marie : Avec la Géode, la grosse boule en miroirs.
Jessica : Hm hm.
Marie : Et juste en face, vient de se terminer le chantier du Philarmonique dont tout le monde a parlé.
Jessica : D’accord.
Marie : Qui a coûté trois fois plus que prévu.
Jessica : Ah !
Marie : Par Jean Nouvel. Qui est magnifique on peut le dire. Et… comme monuments… il y a le… un centre d’art contemporain qui s’appelle le 104. Qui est les anciennes pompes funèbres. Mais ça, c’est pas encore très connu.
Jessica : Ah oui !
Marie : C’est juste à côté de chez moi.
Jessica : Ah oui ! Donc c’est une bonne idée de… bonne idée de visite hors des sentiers battus alors.
Marie : Oh c’est super beau !
Jessica : D’accord.
Marie : C’est une grande halle où tout le monde peut venir. Il y a des gens qui font du hip-hop, du… de la… enfin, plein de sortes de danse, de gymnastique, d’arts du cirque. Parce que c’est chauffé l’hiver et c’est en accès libre. Tout le monde peut venir s’entraîner. Rien que ça déjà, c’est trop marrant.
Jessica : Ah d’accord. Donc, c’est… non seulement pour être spectateur mais aussi on peut soi-même…
Marie : Oui.
Jessica : Venir danser ou faire du cirque. Ah c’est bon à savoir.
Marie : Oui, et puis, il y a une librairie, il y a un Emmaüs, euh… avec des objets bien plus choisis que dans les Emmaüs autres. Vous savez ce que c’est, Emmaüs ?
Jessica : Alors, moi oui mais vous pouvez peut-être expliquer brièvement.
Marie : Emmaüs, c’est une communauté… qui a été créée par l’Abbé Pierre et… qui récolte des objets qui sont donnés par les gens et qui sont revendus au profit des plus pauvres.
Jessica : Voilà donc les… ce qu’on appelle ici en Australie… en Australie, on appelle ça les Op Shops donc les… ce sont des objets d’occasion qui sont revendus aux plus défavorisés. Alors vous êtes… vous êtes aussi dans…
Marie : Non, pour.
Jessica : Pour ?
Marie : Non, là justement c’est pour les plus défavorisés mais aux plus riches. Parce que là en l’occurrence on…
Jessica : Ah !
Marie : C’est… les objets sont choisis et nettoyés et remis en condition. Ils sont pas très chers et ils sont vendus en général plus à des… à des gens qu’ont un peu de moyens, qui justement mettent les sous pour que vous… pour que ça profite aux plus pauvres.
Jessica : Ah d’accord ! Bon, eh ben comme ça peut-être que les auditeurs qui nous écoutent voudront aller visiter donc cet… cet Emmaüs un peu particulier.
[06 min 20 sec] Part 2
Jessica : Vous avez une profession assez atypique… qui est aussi dans… dans l’occasion…
Marie : C’est vrai.
Jessica : Et les antiquités en fait. Est-ce que vous pouvez nous dire de quelle profession il s’agit ?
Marie : Alors, je suis brocanteuse. Mais dans une branche un peu particulière. Je… ma spécialité c’est uniquement les anciennes lettres d’enseignes.
Jessica : Voilà.
Marie : C’est-à-dire que je démonte les enseignes de leur façade et je leur redonne une seconde vie en les mélangeant ou en les réinstallant sur d’autres façades ou dans des intérieurs, dans des bars, dans… chez des gens etc.
Jessica : Donc brocanteuse spécialisée dans… dans les lettres.
Marie : Dans les lettres, c’est ça. De la toute petite qui fait un centimètre jusqu’à la grande qui fait… là, j’en ai trouvé une la semaine dernière : trois mètres cinquante de haut.
Jessica : Ah !
Marie : J’ai pas encore trouvé la solution pour la déplacer. (rires)
Jessica : Oui, parce qu’elle doit peser lourd aussi. Elle est en quoi cette lettre ?
Marie : Elle est… ben je l’ai touchée, je pense qu’elle est en… en acier.
Jessica : Oh !
Marie : Elle est une… je peux même pas la soulever moi-même donc…
Jessica : Oui.
Marie : Elle est sur un parking pour l’instant. Elle a été démontée de là où elle était et enfin… c’est… deux lettres. Et pour l’instant, il y a pas de solution pour les bouger.
Jessica : Hm. Bon.
Marie : Mais je vais trouver.
Jessica : Bien sûr !
Marie : C’est un défi.
Jessica : Parce que vous avez un moyen de locomotion il faut dire assez particulier lui aussi.
Marie : Oui, je fais tout en vélo. Avec une carriole.
Jessica : Voilà donc vous traversez Paris. Voilà, une carriole, une remorque.
Marie : C’est ça.
Jessica : Vous devez avoir des bons mollets alors !
Marie : Oui, oui (rires). J’ai des jambes bien musclées. Mais j’ai un moteur électrique sur mon vélo depuis trois ans.
Jessica : Ah c’est un vélo électrique.
Marie : Avant je le faisais sans… Oui, quand même j’avoue.
Jessica : Hm hm. (rires). Alors comment vous est venue l’idée de… bah déjà de vous spécialiser dans les chiffres et les lettres ? Et ensuite de faire ça aussi à vélo ?
Marie : Bah alors…. Alors, il y a plusieurs questions dans votre question. Euh en vélo parce que j’ai toujours fait du vélo. Partout. Là où j’ai habité, ma première solution c’est de trouver un vélo à acheter. Pour pouvoir bouger. Ça, le vélo, c’est le prolongement de moi-même.
Jessica : D’accord.
Marie : Après, pour les lettres, je sais… j’ai jamais vraiment trouvé l’origine pourquoi j’ai… j’ai aimé… j’ai choisi ça. Toujours est-il que quand je suis arrivée à Paris à la suite de mes études, et que je cherchais du travail, j’allais aux puces de Saint-Ouen qui sont au nord de Paris, à la Porte de Clignancourt. Me balader. Et je voyais des lettres d’enseigne à vendre et je trouvais ça très beau. Et je demandais toujours le prix et je trouvais ça très cher. Et… puis, comme je cherchais du travail et tout ce que je trouvais c’est… ça ne convenait pas, j’ai proposé à des brocanteurs de… des puces de Saint-Ouen de… de leur apporter des lettres. Et ils m’ont dit : « mais oui, c’est très rare, tu peux nous en avoir, il y a pas de problème, on te les achète ».
Jessica : Hm.
Marie : Et je suis revenue la semaine d’après avec des lettres que j’avais eues sur des chantiers à Paris, et encore, et encore. Et ça a commencé comme ça, j’en ramenais toutes les semaines, j’en trouvais tout le temps. Et d’ailleurs encore maintenant, si je sors un matin et je me dis je ramène des lettres, je ramène des lettres. Parce que de toutes façons, quand on sort on en trouve. Il y en a partout.
Jessica : Oui, alors c’est assez paradoxal parce que vous venez de dire que c’est assez rare et… donc finalement, il y en a encore beaucoup, des lettres anciennes.
Marie : Bah c’est… c’est-à-dire que quand les brocanteurs disent c’est assez rare, c’est-à-dire qu’il faut quand même s’embêter pour les trouver. Il faut faire beaucoup de vélo, faire beaucoup de repérage, donner son nom à beaucoup de gens et… déjà, il y en a… c’est vrai que quand je dis c’est rare, il y en a de moins en moins.
Jessica : Hm hm.
Marie : Mais il y en a toujours, puisque de toutes façons, des commerces il y en a qui s’ouvrent tous les jours, et qui se rénovent tous les jours et des gens qui partent à la retraite tous les jours. Il y a un « turnover »… non ça c’est pas un mot français, ça va pas vous aider ça.
Jessica : (rires). C’est pas grave, vous avez le droit d’utiliser des mots anglais si on les utilise…
Marie : A bon escient.
Jessica : Voilà, ça prouve qu’on les utilise en France (rires). Il y a un… on va dire un roulement peut-être, un renouvellement.
Marie : [INAUDIBLE]… en permanence, donc, c’est à la fois rare parce que faut s’embêter à les trouver mais… il y en a partout.
Jessica : Hm hm. D’accord. Mais alors du coup les… enfin, elles deviennent de plus en plus modernes finalement.
Marie : Mais les modernes elles sont… enfin, il y en a des intéressantes quand même. Moi j’en ai…
Jessica : Vous les prenez aussi ?
Marie : Ca dépend.
Jessica : D’accord.
Marie : Ca dépend comment elles sont, comment… ça dépend. Si elles sont en inox bien faites, qu’elles ont été faites par un artisan il y a 20 ans, ça va pas être aussi intéressant si la forme est… de la typo est… enfin un peu plus exceptionnelle que… des lettres bâton.
Jessica : Et donc vous avez une… une passion pour le… le vintage. Est-ce que vous faites toujours les… les puces de Saint-Ouen et vous vendez toujours vos… vos lettres à ces brocanteurs ?
Marie : Ah non. Non. En fait, j’ai débuté en leur vendant à eux. C’était très marrant mais… et après, j’ai… j’ai rencontré d’autres gens qui étaient décorateurs à qui je vendais quasiment tout mon stock. Plutôt dans Paris. Et…
Jessica : Hm hm.
Marie : Et ensuite, j’ai un concurrent qui a monté son entreprise, à qui je vendais aussi euh… des lots de lettres.
Jessica : Hm hm.
Marie : Et un jour je… je me suis dit que… j’allais les vendre moi-même.
Jessica : Vous alliez les garder pour vous.
Marie : C’est ça.
Jessica : Faire votre propre… (rires)
Marie : Donc, pendant 7-8 mois, j’ai fait que démonter des enseignes sans… pas en vendre une. J’ai tout stocké dans des caves, dans trois caves, qui étaient pleines. Et j’ai… créé mon site internet moi-même.
Jessica : Hm hm.
Marie : Sur… sur un… des plateformes où c’est quand même assez simple de le… de le réaliser.
Jessica : Hm hm.
Marie : Et voilà, j’ai ouvert le site et maintenant je les vends moi-même. Donc je les décroche et je les vends moi… je les vends.
Jessica : Et donc vous êtes devenue auto-entrepreneuse ? C’est votre statut ?
Marie : Alors, non. Enfin oui maintenant, c’est mon statut. Mais au début quand j’ai créé, ça existait pas auto-entrepreneur, c’était des micro-entrepreneurs.
Jessica : Ah d’accord.
Marie : Donc ça avait le même système qu’une entreprise normale sauf que c’était en miniature donc on…
Jessica : Hm hm.
Marie : Par rapport aux charges, c’était comme… et auto-entrepreneur s’est créé après. Au début, j’ai pas voulu… mais en fait c’est beaucoup plus simple. Depuis l’année dernière, je suis auto-entrepreneur.
[13 min 52 sec] Part 3
Jessica : D’accord, ouais. Et vous… vous n’étiez pas vouée à être brocanteuse et c’est une idée qui est arrivée comme ça, comme vous avez expliqué, donc quelle était votre formation à l’origine et quel type de… de métier vous recherchiez quand vous êtes arrivée à Paris ?
Marie : Alors, j’ai fait les Beaux-Arts de Toulouse, en section design. Et j’avais fait mon stage de quatrième année et mon diplôme de cinquième année sur… des… enfin le monde du voyage. La bagagerie et… enfin c’était… Les Beaux-Arts divaguaient pas mal. Sur… les caddies d’aéroport.
Jessica : Ah !
Marie : Oui. Et donc quand j’ai… et quand je suis arrivée à Paris, comme j’avais fait mon stage dans la maroquinerie de luxe, j’ai cherché dans la maroquinerie.
Jessica : Hm hm.
Marie : Comme…. enfin, il y avait de quoi faire. Les maroquiniers de luxe, il y en a beaucoup à Paris. Et en fait, tous les postes qui sont… qui sont proposés à des gens qui sortent des écoles, c’est des postes derrière un ordinateur toute la journée, pour être payé un peu mieux que le SMIC mais dans Paris, tout est cher donc… je vous disais, je vais pas rester ma vie derrière un ordinateur pour avoir rien à dépens[er]… enfin ça… ça me convenait pas.
Jessica : Hm hm. Ouais, donc vous êtes mieux sur un vélo que derrière un ordinateur !
Marie : C’est ça (rires). Même si l’ordinateur euh… finalement, j’y passe un peu temps à cause du site. Enfin, grâce ou à cause du site.
Jessica : Hm hm.
Marie : Que je dois mettre à jour et… etc. Faire les photos, les… les recadrer sur Photoshop, enfin… c’est que c’est… je fais tout donc c’est sûr que c’est du boulot.
Jessica : Alors en parlant de photos, donc vous avez un compte Instagram, dont je mettrai les références dans les show notes. Qui est vraiment formidable. Vos photos sont magnifiques.
Marie : C’est gentil.
Jessica : Ouais. Donc ce sont toutes des photos que vous avez prises vous-même. Donc à l’atelier et au cours de vos… de vos collectes de lettres, en fait.
Marie : Ah oui alors dans Instagram, il y a instantané. C’est-à-dire que la photo quand je la fais, c’est que je l’ai faite là, dans la minute. Je… je… oui, c’est ça, je les prends à l’atelier, sur mon chemin… quand je suis en train de démonter des lettrages, des fois je fais une photo sur place.
Jessica : Hm.
Marie : Si je vois des fois des lettrages… je vais pas les démonter tout de suite ou même…
Jessica : Allo ?
Marie : Ou même jamais… je les prends parce qu’ils sont beaux… Vous m’entendez plus ?
Jessica : Ah si, j’ai eu une petite coupure, mais ça va, on peut continuer à suivre, ça va.
Marie : Donc, je prends… ouais voilà. Je prends des photos toujours dans l’instant. Si l’occasion se présente.
Jessica : Et donc ce sont des… des photos de style, donc je dis ça pour… pour renseigner ceux qui n’ont pas encore vu vos photos. Donc dans un… dans un esprit vintage. Donc si vous aimez le côté Paris, antiquités etc. c’est… allez suivre le… le compte Instagram de Marie qui est très bien (rires). Alors vous collectionnez d’autres choses que des lettres ?
Marie : Collectionner, non. Mais quand maintenant, quand je démonte une façade d’un commerce, la plupart du temps on me laisse prendre des choses dans le commerce.
Jessica : Hm hm.
Marie : Donc par définition, quand je démonte une boucherie, je vais démonter à l’intérieur toutes les dents de loup. Les dents de loup c’est les crochets auxquels on accroche les saucissons, la viande.
Jessica : D’accord. Donc les esses, c’est ça ?
Marie : Alors, les esses, c’est un crochet de boucher. Et en fait, les dents de loup c’est des… en fait c’est des barres avec plein de petits têtons. Très pointus. En général, elles sont…
Jessica : Vous pouvez récupérer ça.
Marie : Ouais. Ouais, bah oui, je les coupe sur place. Et c’est très beau à mettre dans une cuisine après pour accrocher ses casseroles. Ça c’est un exemple parmi tant d’autres.
Jessica : Hm hm.
Marie : Mais dans dans… si je démonte une papeterie, je vais prendre les porte-cartes postales. Les présentoirs à journaux, les…
Jessica : Ouais.
Marie : Donc il y a toujours… donc maintenant, j’ai plein plein de choses qui sont liées surtout au commerce, et ces choses-là je les vends un peu sur le site. Et surtout dans deux brocantes que je fais chaque année dans le troisième arrondissement, dans le Marais. Qui sont…
Jessica : D’accord.
Marie : Au mois de mai et au mois de novembre. Là, j’amène tout.
Jessica : Donc vous prenez les lettres qui sont à l’extérieur…
Marie : C’est ça.
Jessica : Donc sur la façade du magasin et puis…
Marie : Quelques trucs à l’intérieur.
Jessica : Quelques trucs à l’intérieur.
Marie : Par exemple, la semaine dernière, dans un truc de pompes funèbres, sur le comptoir à l’intérieur, il y avait un… un petit présentoir, une toute petite plaque d’aluminium doré.
Jessica : Ouais.
Marie : Avec marqué « à mon père », « à ma maman chérie ». C’est ce qu’on mettait sur les tombes, les pierres tombales.
Jessica : Oui.
Marie : Et j’ai trouvé ça assez drôle. Donc je l’ai pris, le tourniquet complet, il y en a 500 plaques (rires).
Jessica : Ah ouah !
Marie : Et je les amènerai à la brocante, et je marquerai « ici humour noir », parce que c’est quand même un…
Jessica : Oui c’est ce que j’allais dire, c’est que c’est quand même… c’est drôle et triste. Enfin si on offre ça pour la… pour la Fête des Pères ou la Fête des Mères.
Marie : Non, il faut pas le faire… Ah bah non, faut pas l’offrir ! Je sais pas, je sais pas ce qu’il faut en faire mais… j’en ai déjà eu et les gens ont trouvé ça très drôle. Moi j’en ai un dans… dans ma chambre. J’ai « à mon papa chéri ». Pourtant, il est pas mort. Et je veux dire, je lui ai pas offert non plus.
Jessica : Oui d’accord je vois (rires).
Marie : Il faut le prendre…
Jessica : Alors, vous avez des… d’autres exemples d’objets insolites ou qui ont des histoires particulières que vous avez trouvés au cours de votre chinage, de vos brocantes ?
Marie : Oh il y en a plein, plein, plein, des objets. Des objets que j’ai gardés par exemple.
Jessica : Hm hm.
Marie : J’ai démonté… dans une usine, pas très loin d’ici, dans la banlieue nord euh… c’était une usine qui retraitait les métaux, enfin qui les refondait en lingots.
Jessica : Hm hm.
Marie : L’étain, le plomb, et le laiton. Et… dans cette usine, j’ai… donc j’ai démonté l’enseigne de la façade, bon ça a fermé. Et le monsieur avec qui j’ai sympathisé m’a dit : « ben vous pouvez visiter l’usine ». Il m’a filé les clés de tous les locaux et sur une aile d’un des bâti… enfin, sur une aile de bâtiment, j’ai ouvert la porte et c’était un laboratoire d’analyses des métaux.
Jessica : Ouais.
Marie : Qui avait été fermé pendant 40 ans.
Jessica : Ouais.
Marie : Personne n’y est rentré pendant 40 ans.
Jessica : Hm hm.
Marie : Et dans ce laboratoire, il y avait un… des petits meubles, et il y avait un petit meuble ampèremètre, fabriqué par Rhône-Poulenc avec son petit store en… en bois avec à l’intérieur les résistances, un… sur le fronton, ben le… marqué ampèremètre fabriqué en France machin… et avec l’aiguille qui pouvait bouger en fonction de… de l’analyse du… c’était… ça c’est un objet super beau. Il est sur le… le compte Instagram.
Jessica : Ouais.
Marie : Je le prends souvent…
Jessica : Et celui-là vous le… vous en avez fait votre table de chevet ou vous allez le vendre ou… ?
Marie : Alors, j’en ai pas fait ma table de chevet mais quasiment, je l’ai en… je l’ai vidé de toutes les résistances qu’il y avait à l’intérieur, j’ai fait des rayonnages pour pouvoir ranger des affaires et derrière le petit volet roulant en bois et je… je mets mes papiers dedans, je le garde.
Jessica : D’accord. Donc vous êtes bricoleuse vous-même.
Marie : Ah bah oui, quand on est brocanteur, on est forcément bricoleur. On fait… on sait tout faire. Jusqu’à de la plomberie alors que ça prend…
Jessica : La plomberie ?
Marie : Ah oui, on sait tout faire.
Jessica : Euh si ça sert, ça sert !
Marie : Oui, oui ça sert pas pour la brocante, là. (rires)
[20 min 57 sec] Part 4
Jessica : Oui, oui. Alors, qu’est-ce que vous aimez justement faire pendant… votre temps libre ? Quel genre de bricolage ou d’activités autres ?
Marie : Temps libre ? Alors je crois que le propre du brocanteur c’est qu’il a beaucoup de temps libre et à la fois jamais. Parce qu’on arrête jamais de machiner, c’est-à-dire que je me pose jamais devant la télévision par exemple sans avoir un truc à faire posé sur la table.
Jessica : Hm hm.
Marie : Par exemple, je… j’ai trouvé tout un stock de boutons. Les boutons, c’est assez difficile à vendre, à l’unité comme ça sur une brocante très ponctuellement.
Jessica : Hm hm.
Marie : Donc je les couche sur des plaques en papier. Comme on faisait avant, sur lequel est estampillé « Nouveautés Paris » ou « Mode » ou… donc je… du bricolage on en fait le dimanche, le samedi. Et vraiment, quand j’ai vraiment du temps libre, je repeins les murs chez moi ou… (rires). On arrête jamais en fait.
Jessica : Vous êtes toujours dans les travaux manuels en fait.
Marie : C’est ça.
Jessica : Alors c’est vrai que quand on s’est parlé hors enregistrement, vous avez abordé… la… la question des boutons parce qu’on parlait aussi du fait que vous faisiez aussi du… donc du point de croix, c’est ça ?
Marie : Oui, du point de croix. Exactement. Euh bah oui, enfin ma maman m’a appris à faire du point de croix il y a… quand j’étais petite… et euh… j’ai… à un moment donné, je me suis dit oh si je faisais un livre de point de croix. Donc j’ai fait quelques modèles et j’ai été les déposer chez Hachette…
Jessica : Hm hm.
Marie : Qui est une grande maison d’édition en France.
Jessica : Ouais.
Marie : Et ils m’ont rappelée et on a fait un livre de point de croix il y a quelques années, il y a quatre, cinq ans. Qui était du point de croix mais pas du point de croix pour les… on va dire pour les dames, quoi. C’était plus… c’était des modèles de… de panneaux de signalisation détournés en… un peu humoristique pour faire des modèles pour enfants en lin.
Jessica : Voilà ouais toujours dans la… dans la typographie et les… les signes etc.
Marie : C’est ça, exactement.
Jessica : Ouais, ouais.
Marie : Et on a fait les photos… dans une usine où j’avais… donc les photos, elles sont faites dans un… dans une verrière industrielle avec que des objets qui sont… qui sont un peu en décalage aussi, dans le bouquin. J’ai… j’ai vraiment aimé le faire, c’était super.
Jessica : Et vous pouvez citer le titre de votre livre ?
Marie : Il s’appelle « Industrie Chic ».
Jessica : « Industrie Chic ». Et il en reste très peu en fait, sur le marché. Vous m’avez dit que c’étaient les derniers exemplaires.
Marie : Oui parce qu’en fait…
Jessica : Oui.
Marie : Au bout de cinq ans, ils… enfin Hachette détruit les… bah les livres. Et donc pour pas les stocker. Donc ils les donnent à des… des… comment on appelle ça ? Bah des déstockeurs je crois, ça s’appelle. Des soldeurs.
Jessica : Ouais.
Marie : Et il est en vente mais à la moitié de son prix, ou même au tiers du prix. Et c’est les derniers et après c’est fini.
Jessica : Hm hm.
Marie : Moi, j’en ai… j’en ai acheté cinquante. Pour mes petits-enfants. (rires)
Jessica : Oh bah, vous comptez avoir beaucoup de petits-enfants alors !
Marie : Non mais pour les… pour les amis, pour tous les gens qui voudront et après il sera plus disponible.
Jessica : Ouais. Ouais, ouais. Et vous auriez envie d’en faire un deuxième ou vous avez un… un… d’autres projets qui vous tenteraient ?
Marie : Ben juste après j’en ai préparé un deuxième et il y avait plus du tout de… de budget pour ça chez Hachette. Ils font plus du tout de nouveaux projets maintenant. Parce que le… les loisirs créatifs qui étaient vraiment à la mode ont vraiment beaucoup baissé donc les… le projet était bien, il était quasiment validé et finalement ça c’est pas fait. Mais par contre, je suis… je sais pas, je connais bien les gens de chez Marie-Claire Idées.
Jessica : Oui. Qui ont publié un article sur vous j’ai vu et…
Marie : Ah bon ?
Jessica : Et il s’appelle…
Marie : Ah oui, sur leur blog !
Jessica : Oui, sur internet !
Marie : Oui, c’est vrai.
Jessica : Oui, c’est « Marie Coudert, décrocheuse de lettres ».
Marie : Oui, c’est ça. C’est drôle. Et donc… elle, elle a… la… la directrice artistique de Marie-Claire Idées, des fois elle fait des sujets point de croix donc elle a prévu d’en mettre dans certains Marie-Claire Idées à venir. Mais elle voit loin. Donc sur… il y aura un sujet typo l’année prochaine je crois un truc comme ça, et dedans elle mettra un des projets qui avait été fait pour le deuxième livre, qui s’est pas fait.
Jessica : Ah d’accord. Donc ça permettrait donc peut-être de vous faire aussi un petit peu de… de publicité euh… en même temps quoi.
Marie : Oui, oui et non. Enfin moi c’est vraiment… le point de croix vraiment c’est un sacerdoce parce que c’est… c’est… ça prend beaucoup de temps, ça… c’est juste pour le plaisir. Vraiment.
Jessica : Hm, hm. D’accord.
Marie : C’est… c’est… au niveau temps, faire un point de croix… tel que… le deuxième projet, c’est que des points, il doit y avoir je sais pas peut-être 3000 points sur chaque truc.
Jessica : Oh !
Marie : Oui, j’ai représenté des… des objets du design, c’est-à-dire que j’avais… une lampe JLD vu de profil mais en… en taille réelle.
Jessica : D’accord.
Marie : Une machine à écrire Remington vue du dessus en taille réelle. Avec toutes les petites touches… toutes les… donc forcément.
Jessica : Ah oui ! Donc faut être… faut être motivé, avoir des bons yeux aussi. Parce que je pense que quand on a fait 30 000 points, ça doit… ça doit tirer un peu sur les yeux.
Marie : Oui, j’ai… j’ai une loupe. Une loupe qui s’accroche au… à mon… à ma tête. Avec une lampe integrée pour le soir.
Jessica : D’accord ! (rires). Ah oui donc c’est la super loupe de… de brodeuse là pour le coup !
Marie : Oui, c’est ça.
Jessica : Hm.
Marie : Exactement.
[26 min 16 sec] Part 5
Jessica : Auriez-vous une dernière anecdote au sujet de… donc des lettres ou d’histoires de lettres à partager avec nous ?
Marie : Hm… bah j’en ai plein mais… oui par exemple, ce qui est drôle c’est que tout à l’heure, vous me demandiez depuis combien de temps je… j’aime les lettres et en fait par exemple, avant d’avoir fini mes études, donc avant d’avoir décidé de vendre des lettres…
Jessica : Hm.
Marie : Je devais déjà me soucier de ça et… et j’avais donné mon numéro à des gens dans le 5ème arrondissement à Paris.
Jessica : Hm.
Marie : C’était une triperie-volaille, et je devais être en troisième ou quatrième année, donc des Beaux-Arts, parce que je trouvais ces lettres jolies. Et je me souvenais même pas de leur avoir donné mon numéro. Et quand j’étais à Paris, donc c’était trois, quatre ans après, j’étais déjà… c’était déjà mon métier que de décrocher des lettres, ils m’ont rappelée en me disant : « vous aviez laissé votre numéro et tout », et je me souvenais plus du tout d’eux. Et je suis venue, ils partaient à la retraite, ils avaient vendu leur commerce. Je suis venue avec la grande échelle, c’était très haut, et j’ai démonté le… le triperie volaille alors que eux ils étaient en bas en train de me regarder faire. C’était marrant. Et ils étaient contents, ils me les ont données et… et de ce triperie volaille, j’ai vendu le mot « LOVE » parce qu’avec…
Jessica : Aaah oui !
Marie : Et ils sont passés… et ces lettres sont passées à la télé après. Je trouve que c’était… c’était marrant.
Jessica : Ah bon ?
Marie : Dans une émission, c’était marrant. Comme quoi !
Jessica : D’accord et c’était… c’est sympa aussi d’avoir pensé à vous après toutes ces années.
Marie : Bah oui !
Jessica : D’avoir gardé votre numéro. Hm hm.
Marie : Oui, ils étaient trop mignons, ils étaient… ils étaient en bas de l’échelle en train de me regarder faire et faire des photos pour le souvenir et tout. Ils étaient trop contents d’aller les donner, contents de partir, ils partaient en province, c’était… ouais, c’était mignon.
Jessica : Ouais, c’est une belle histoire et puis bah vous vous en souvenez toujours vous aussi donc… elle restera probablement gravée dans les mémoires de…
Marie : Oui, oui c’est sûr.
Jessica : A la fois de vous et d’eux.
Marie : Il y a des décrochages qui sont plus marquants que d’autres.
Jessica : Ouais.
Marie : Mais ceci dit, je me souviens quand même quasiment de tous. De tous les démontages.
Jessica : Ouah !
Marie : Bah oui, c’est normal. Tout est différent à chaque fois.
Jessica : Hm.
Marie : C’est jamais la… c’est jamais la routine.
Jessica : Alors justement qu’est-ce que vous aimez le plus dans… dans votre métier ?
Marie : Bah c’est ça, exactement ça, c’est-à-dire que c’est jamais la même chose. C’est toujours différent et… et il y a des surprises en permanence, tout le temps, tout le temps, tout le temps.
Jessica : Hm. Marie Coudert n’aime pas la routine, non on pourrait (rires) donner ce titre-là.
Marie : Et la contrainte !
Jessica : Et les contraintes, ouais, ouais !
Marie : Voilà.
Jessica : Très bien. Marie, je vous remercie beaucoup de m’avoir consacré un peu de temps pour… oui partager votre passion de la brocante, des lettres et puis des… des loisirs créatifs aussi. Donc je mettrai toutes les références…
Marie : J’espère que j’ai pas parlé trop vite.
Jessica : Non, je ne pense pas. Et puis il y a la transcription aussi pour… pour les étudiants ou les passionnés de français qui ont besoin d’un petit coup de pouce euh… mais il y a pas de problème. Merci, je vous remercie beaucoup et puis on reste en contact…
Marie : Bah bien sûr !
Jessica : Et quand on passera à Paris, on viendra voir votre atelier.
Marie : Ah bah j’espère ! Vous êtes la bienvenue !
Jessica : Je note ! (rires)
Marie : J’ai déjà eu… j’ai déjà eu cinq Australiennes la dernière fois !
Jessica : Alors, c’est vrai. D’ailleurs je dois dire que c’est une de mes étud… une de mes étudiantes et amies, qui s’appelle Bernadette, et qui est passionnée de… d’antiquités.
Marie : C’est ça.
Jessica : Elle tient un magasin d’antiquités françaises et belges à Melbourne…
Marie : Oui.
Jessica : Qui m’a… qui m’a parlé de vous et donc c’est la raison pour laquelle… c’est comme ça qu’on est rentrées en contact.
Marie : D’ailleurs je pense que l’Australie, c’est un des seuls pays où je pourrais… je pourrais partir parce que c’est un des seuls pays où la brocante française, elle a vraiment sa place.
Jessica : Elle a vraiment beaucoup de succès, c’est vrai.
Marie : C’est vrai.
Jessica : Hm hm. Et d’ailleurs, parfois j’ai l’impression que les objets d’occasion, donc de brocante, se… se vendent plus chers que des objets… des objets neufs parfois. Parce qu’ils ont tout le cachet de la France, bah oui !
Marie : Oui, chez vous parce que chez nous quand même, le neuf reste quand même… c’est l’inverse.
Jessica : Ouais.
Marie : C’est normal, vous, vous avez les… la… les taxes de containers et d’exportation, en Australie, c’est spécial quand même. C’est loin.
Jessica : Ouais. Et puis, c’est… c’est aussi un produit très recherché, quoi.
Marie : Oui, voilà, ceux qui… ceux qui viennent les chercher en France, ils se donnent du mal pour vous les ramener donc forcément…
Jessica : Ouais, ouais.
Marie : Donc ça a un coût.
Jessica : Donc c’est… c’est des collectors en fait, ces objets-là.
Marie : C’est ça, exactement.
Jessica : Ouais, ouais. Bon, ben je vous remercie beaucoup Marie et…
Marie : Oui, bah appelez-moi quand vous voulez. Vous… vous m’enverrez le lien ?
Jessica : Bien sûr, quand…
Marie : J’essaierai de m’écouter ! (rires)
Jessica : Oui, bien sûr ! Donc en fait, l’épisode sortira le… je peux même vous dire quand : le 15 mai, si tout va bien.
Marie : Ah bah dis-donc le mois de mai va être énorme chez moi.
Jessica : Ah !
Marie : J’ai beaucoup de choses au mois de mai, c’est drôle.
Jessica : C’est souvent un mois calme avec tous les ponts, les jours fériés.
Marie : Bah moi je fais la grosse brocante là dont je parlais tout à l’heure…
Jessica : D’accord.
Marie : Je la fais le 31 mai donc… ce sera bien.
Jessica : Et puis si… oui, c’est vrai qu’en fait, oui je pensais pas forcément mai, mais par exemple juin, juillet, août, c’est… c’est quand même la grande… la haute saison pour les… tous ces vide-greniers, brocantes etc.
Marie : Oui, mais moi je fais pas… moi je fais pas de vide… je vais pas trop sur les vide-greniers.
Jessica : D’accord.
Marie : Moi, la haute saison c’est vraiment maintenant parce que le… les gens… l’hiver se termine, s’ils veulent faire des travaux sur leur façade, sur… tout ça c’est maintenant.
Jessica : Ah ok ! Ouais.
Marie : Là, en ce moment, je sors tous les jours. Tous les jours je trouve des trucs.
Jessica : Bon, bah en tous je vous souhaite une bonne… bonne continuation parce que vous avez l’air… vraiment passionné de…
Marie : Bah écoutez merci !
Jessica : De ce que vous faites…
Marie : Vous aussi vous avez l’air passionné.
Jessica : Oui !
Marie : Vous faites un bon travail pour la francophonie.
Jessica : J’essaie. C’est… c’est l’idée et puis c’est… bah déjà je… c’est très gratifiant de bon… de voir qu’il y a des personnes qui… qui écoutent et qui apprécient donc dans différents pays. Et puis je suis aussi très reconnaissante à… aux personnes comme vous… donc les francophones que je peux interviewer de me consacrer du temps pour… enfin de me faire confiance et de me permettre d’avoir de la matière pour… pour créer ce projet. […]