French Navigator Eric Shares his Passion for the Sea
[04 min 02 sec] Part 1
Jessica : Bonjour Eric !
Eric : Bonjour Jessica !
Jessica : Tout d’abord, Eric, merci d’avoir accepté de participer à cette interview pour French Voices. Alors, je vais commencer par la question typique que… que tout le monde se pose au sujet des expatriés, c’est-à-dire : comment est-ce que tu es arrivé en Australie, puisque tu vis en Australie aujourd’hui et… d’où tu viens en France, puisque tu es français à l’origine ?
Eric : Voilà. Bon je suis français, disons que je suis né à Paris. Mon père était pilote dans… dans l’armée de l’air. D’ailleurs, il a fait ses études aux Etats-Unis de… de pilote de chasse. Et on a vécu très tôt quand j’étais jeune, j’avais 5, 6 ans, au Maroc et en Algérie. Et nous sommes rentrés en France en 62, 63 après la guerre d’Algérie. Et nous sommes installés sur la côte Ouest de l’Atlantique aux Sables d’Olonne qui est… qui est une région très… très importante en… en voile et en construction navale et voiliers. Ensuite j’ai fait… bon, des études de dessin industriel, je crois que la mer m’intéressait plus et j’ai… je me suis dirigé vers l’enseignement de la voile.
Jessica : Hm hm.
Eric : Une fois que j’ai eu mon… mon diplôme de moniteur national de voile, j’ai… j’ai travaillé un peu au Club Med, j’ai fait d’abord mon service militaire bien sûr où… où j’étais en… en Somalie française et je représentais l’armée de l’air en… en voile en compétition et… et j’enseignais la voile aussi. Après je suis rentré en France… et j’ai travaillé au Club Med pendant deux ans.
Jessica : Alors on peut expliquer brièvement ce que c’est le Club Med, donc pour les auditeurs étrangers qui ne connaîtraient pas ?
Eric : Le Club Méditerranée, c’est une… c’est une grande compagnie française pour les vacances. Qui ont des villages un peu partout dans le monde.
Jessica : Hm.
Eric : Et disons que l’été, la voile c’est l’activité principale au Club Méditerranée. Donc… j’étais responsable de… de voile et c’était… c’était intéressant parce que il y avait une organisation, il y avait une ambiance et il y avait beaucoup de choses à… C’est pas… Faut pas croire qu’on est en vacances quand… quand on travaille au Club Med !
Jessica : Toi non, mais tu travaillais pour des vacanciers !
Eric : Je travaillais pour des vacanciers, et bon c’était… c’est quand même une ambiance agréable parce que… le soir on dîne ensemble, on prend un verre au bar et on parle de voile ou de ce qu’ils ont fait de la journée et… et c’est comme ça que j’ai connu ma femme qui était infirmière au Club.
Jessica : Ah bon ? D’accord.
Eric : Et ap… et donc je l’ai connue en Italie, dans un village en Calabre, et ensuite j’ai eu un poste de responsable de voile à l’Education Nationale en Corse. Bon après je suis resté cinq ans à l’Education Nationale où j’aimais beaucoup. J’avais une grosse base de dériveurs, une… une centaine de dériveurs, donc ça faisait… ça faisait beaucoup de petits pirates sur l’eau.
Jessica : Qu’est-ce que c’est un dériveur ?
Eric : Un dériveur, c’est un… c’est un petit voilier pour… pour les enfants, ce qu’on appelle l’Optimist qui a été… qui a été découvert au…. qui a été construit… le premier a été construit aux Etats-Unis. C’était un américain qui a… ils appelaient ça une caisse à savon quoi, c’est un tout petit bateau pour les… les jeunes à partir de 6, 7 ans… Et qui est… qui est très pédagogique, qui est très facile à… pour découvrir la voile. Et…
Jessica : Hm hm.
Eric : Et toutes les écoles de voile à l’époque ont… ont commencé à en posséder.
Jessica : Hm hm.
Eric : C’est venu en France et… et j’avais d’autres dériveurs aussi pour les… des plus, des adolescents, des plus grands quoi.
Jessica : Donc tu as enseigné la voile en Corse ?
Eric : Oui, oui.
Jessica : C’est ça ?
Eric : Oui, je m’occupais d’une école de voile de l’Education Nationale, donc l’été on avait… on avait beaucoup de monde, on avait… c’était… les jeunes campaient, il y avait des grandes tentes et ça faisait quatre sessions de voile par jour…
Jessica : Ah ouah !
Eric : 150 à chaque fois, ça faisait 600 élèves/600 enfants par jour à passer sur l’eau.
Jessica : Ouah ! Hm hm.
Eric : Donc dix bateaux de sécurité, il y avait… il y avait beaucoup de monde pour organiser quand même…
Jessica : Hm hm.
Eric : C’était… c’était assez sérieux au niveau sécurité, encadrement et… et gestion de…. Mais ça m’a passionné, je… j’adorais enseigner la voile. Et ensuite j’ai… j’ai travaillé pour une compagnie de charter qui… j’ai fait l’implantation en Corse, donc je suis allé chercher des bateaux sur le continent ou en Italie. Et j’étais responsable de cette base. Donc je l’ai été pendant deux ans. Donc ça là, là c’était sur des gros bateaux de croisière, des catamarans et… les catamarans, ce sont des bateaux à deux coques, donc ils sont…ils sont prévus pour les charters, donc ils sont faciles à… ils naviguent à plat. Et ensuite j’ai… les deux dernières années, j’ai… j’étais skipper pour un… un yacht privé. Voilà, et ensuite on avait décidé avec ma femme… la Corse c’est une île merveilleuse mais… on pensait plus à nos deux enfants pour l’avenir, pour eux.
Jessica : Hm hm.
Eric : Parce que tu finis tes études il faut aller sur le continent, à Marseille ou à Nice et…
Jessica : Hm hm.
[09 min 34 sec] Part 2
Eric : Pour continuer donc on… ma femme avait sa sœur déjà qu’avait émigré en Australie, bon… au nord de Sydney sur… à Gosford, et on s’est dit bon bah on va aller faire un… on va aller faire un essai, on va partir pour 4, 5 ans on verra. Et puis donc on a pris… on a pris un aller simple, un… un container de 9m³, on a emmené toutes nos petites affaires qu’on voulait garder et puis on est arrivés en Australie. En 82.
Jessica : D’accord donc c’était pour… pour assurer l’avenir des enfants peut-être pour qu’ils aient une université… qu’ils aillent à l’université etc… ?
Eric : Oui, pour voir autre chose. Bon disons que… comme… j’ai vécu plus à l’extérieur de la France et ma femme a grandi au Congo belge, on avait… disons qu’on avait l’habitude de sortir de la France quoi.
Jessica : Ouais ! d’accord. Hm hm.
Eric : On n’était pas trop… la seule chose, c’est qu’il fallait se mettre à l’anglais parce que l’anglais scolaire de tous les Français est pratiquement nul.
Jessica : Ah oui, c’est vraiment médiocre hein, je confirme, oui.
Eric : Mais bon ça c’est… et… on s’est installés au nord de Sydney, la première année. Et moi j’ai travaillé… il y avait justement la course autour du monde en solitaire à l’époque avec des escales avec quatre escales et le Français Philippe Jeantot, qui était des Sables d’Olonne. Donc j’ai été… j’ai été le voir quand il est arrivé et puis je l’ai aidé à… à vérifier son bateau à faire une révision de… et j’ai fait la révision des deux autres Français qui suivaient, ce qui m’a permis de… de connaître la… un peu la communauté française à Sydney, ceux qui…
Jessica : Ouais.
Eric : Ceux qui avaient des bateaux.
Jessica : Hm hm.
Eric : Et pendant un an bah j’ai travaillé sur… que sur des bateaux français donc mon anglais n’avançait pas beaucoup (rires).
Jessica : Oui c’est vrai, de ce côté-là oui…
Eric : Oui, non mais bon. Et puis on a décidé de partir carrément dans le Nord, donc on est parti sur Cairns. Et là j’ai… donc on s’est installés et au bout d’une semaine, j’ai été faire un tour sur les… sur les grands chantiers et puis j’ai trouvé du travail sans problème dans… dans la construction navale, dans la révision des… de gros yachts de luxe.
Jessica : Ouais.
Eric : Et là il a fallu que je me mette à… à parler anglais, quoi.
Jessica : Finalement. Aujourd’hui ton niveau d’anglais, il y a pas de problème ? Tu es complètement bilingue ?
Eric : Oh je sais pas, je suis toujours un peu fainéant mais… disons que, ça va, je pense qu’on me comprend avec mon accent français. Parce que, disons que après… après Cairns, quatre ans, on est venu sur Bowen qui est au nord des Whitsundays, qui est à 700 km plus au sud. Parce qu’ils devaient construire une marina et qu’ils ont commencé donc on… j’avais décidé de construire notre maison, donc on a acheté un terrain, j’ai… j’ai construit, on a construit notre maison avec ma femme. Une maison de 300 m² donc ça demande quand même un petit travail. Et puis au bout d’un an bah j’étais prêt pour commencer mon… à travailler sur la marina mais la… la compagnie a fait faillite donc…
Jessica : Aah, ça s’est pas fait ? D’accord !
Eric : Ouais la marina s’est pas fait… il y avait juste ce qu’ils appellent un « dark hole » un trou avec un… un trou d’eau où ils mettaient des corps morts pour accrocher, attacher les bateaux quoi voilà.
Jessica : Hm, hm. D’accord.
Eric : Et j’ai pris… j’ai pris… il y avait le président du… de yacht club qui allait faire un peu de voile et puis, il m’a proposé un contrat de [pour] construire un pont en bois sur… sur une lagune et ainsi de suite pour la mairie. Et du coup je suis resté bah 17 ans à la mairie, j’ai… j’ai fini comme… directeur des parcs et jardins.
Jessica : Ah oui ! D’accord ! Donc, les pieds sur terre cette fois-ci !
Eric : Comme je m’appelle Rose… ça… ça allait.
Jessica : Ah oui, c’est vrai ton nom de famille, c’est Rose, exact !
Eric : Ouais… Rose ça allait très bien pour les… pour les parcs et jardins quoi (rires). Non, c’était… c’était intéressant, surtout la partie technique, quoi. J’aimais bien créer, construire. Et d’ailleurs, on a vendu notre maison quand on est venu s’installer dans le Victoria pour notre fille et notre petite-fille mais je suis resté encore 9 mois à Bowen pour finir le projet complet de… il y a une grande lagune qui fait 24 hectares et donc j’ai construit deux ponts et…
Jessica : Ouais.
Eric : Et tout le circuit de… de marches ou de… autour de la lagune quoi. Donc c’était …
Jessica : Ouais. Ouais, donc ça, pour les… pour les gens qui connaissent cette ville, c’est… c’est de toi en fait, c’est toi qui l’a fait construire !
Eric : C’est l’équipe hein, c’est l’équipe des parcs et jardins. Et …
Jessica : C’est l’équipe.
[14 min 15 sec] Part 3
Jessica : Oui alors, tu as vraiment… donc tu as exercé un certain nombre de… de professions différentes au cours de ta carrière comme tu l’as très bien évoqué. Et elles ont toutes… donc à part la direction des parcs et jardins, vraiment un dénominateur commun avec… avec le domaine de… de la mer et de la voile. Est-ce que tu sais d’où te vient cette passion et puis qu’est-ce qui te plait autant dans le fait d’être sur l’eau ?
Eric : Pour moi, la voile c’est… c’est la liberté, tu… tu vas où tu veux en fonction du temps bien sûr et du bateau que tu as.
Jessica : Hm hm.
Eric : Mais tu… et tu rencontres des gens qui ont la même passion. Tu ne peux pas être…
Jessica : Hm hm.
Eric : Avoir une affinité avec tout le monde mais généralement ça se passe très bien. Si t’es en croisière… même en Australie, tu vois les gens qui partent un peu comme… comme les oiseaux pendant l’hiver, ils… ils montent vers le nord s’ils partent du Victoria, ils montent…
Jessica : Pour trouver la chaleur…
Eric : Pour trouver la chaleur, et puis ils attendent que oui… à la bonne saison avec les vents portants et… et tu t’arrêtes toujours un peu dans… dans les endroits abrités et tu retrouves les mêmes gens ou…
Jessica : Ah oui ?
Eric : Et c’est un peu partout dans le monde hein. Si tu pars de France pour aller aux Antilles, tu… tu vas attendre le mois d’octobre, tu vas attendre ce qu’on appelle les alizés, les vents portants qui vont te pousser vers… vers les Antilles et puis qui… qui traversent l’Atlantique. Et tu traverses le Pacifique pareil. C’est en fonction des saisons et des routes qui… qui datent bah depuis l’Antiquité, hein. Si tu prends, si tu lis Homère, qui est à la mythologie grecque, bah tu retrouves toute la… l’Odyssée de Homère toutes ses… ses routes en bateau, tu retrouves la Corse, les mouillages exactement où il allait s’abriter quand il y avait du mistral ou en Grèce quand il y avait ce que l’on appelle le Meltem qui est un vent un peu comme le mistral, très fort. Et donc tu retrouves tout ça. Rien n’a changé, si tu veux. Maintenant avec la technologie, maintenant il y a des courses autour du monde ou des courses en Atlantique comme je faisais…
Jessica : Hm.
Eric : Pour monter en Atlantique Nord, donc là il te faut des bateaux très très solides parce que…
Jessica : A cause de la glace, c’est ça ?
Eric : Enfin de la glace, mais l’Atlantique Nord, bon bah c’est… c’est… tu vas prendre des dépressions, tu vas prendre des tempêtes, tu le sais… même en été.
Jessica : Ah oui ! Hm hm.
Eric : Donc, je faisais des courses avec un ami qui avait un très beau bateau de 16 mètres en aluminium et on faisait des courses pour monter en Islande. Donc monter en Islande et passer le nord de l’Islande tu passes par le… le cercle Arctique.
Jessica : Hm hm.
Eric : Ca veut dire que tu [inaudible] de 63° en quelques minutes donc c’est très haut. T’es en haut du… t’es en haut du globe.
Jessica : Ouais.
Eric : Et en plein été c’est… c’est l’été austral là-haut, et…
Jessica : Il fait jour toute la… tout le temps en fait c’est ça ?
Eric : Ouais, ouais. Bah, tu vois le soleil qui fait un cercle complet, qui passe pas en dessous de l’horizon, tu vois.
Jessica : Ouah ! Ouais !
Eric : Tu navigues un peu sur une autre planète parce que tout est très fort, très violent, que ce soient les vents, les… En plein été, tu… tu prends de… de la grêle, de la neige ou une dépression arctique, quoi.
Jessica : Ouais, d’accord. Bah, alors justement, est-ce que tu as des… des moments particulièrement mémorables… de tes voyages ? Tu m’as… tu m’as dit, je crois, que tu avais vu un orque une fois ou… c’est ça ?
Eric : Ouais ! Au Nord de l’Islande, j’ai vu trois orques qui étaient en train de… de chasser des saumons, je pense.
Jessica : Oh, wahou !
Eric : Et c’est vraiment… c’est des torpilles qui passent, tu vois un aileron bien droit, pas… les orques que tu vois dans les Marinelands, tu vois qui sont… qui sont stressés et qui ont l’aileron qui est complètement couché.
Jessica : Ouais.
Eric : Là c’était vraiment des torpilles qui… qui chassaient tu vois. Mais ouais il y avait des baleines, il y avait des dauphins de… de l’Arctique aussi. Beaucoup d’oiseaux aussi, c’est ça qui est merveilleux, t’as… beaucoup d’oiseaux, des canards, des… [inaudible], des…
Jessica : Mais alors en pleine mer, les oiseaux… ou c’est vraiment quand on approche du continent ?
Eric : Non. Non, quand tu traverses l’Atlantique, t’as des oiseaux qui te suivent et qui viennent se mettre le long… le long de tes voiles… du bateau entre la voile d’avant et la grand-voile parce qu’il y a une aspiration, un phénomène physique hein. Donc ils sont… ils sont aspirés, ils sont là, ils bougent pas, ils sont à deux mètres de toi, tu marches sur le pont, ils te regardent, et… et tu les transportes en fin de compte et ils le savent. Donc ils viennent et puis ils repartent, ils vont… ils vont pêcher…
Jessica : Ouais. Et d’autres moments particulièrement marquants qui te viennent à l’esprit ?
Eric : En Atlantique Nord ?
Jessica :…Dans tes voyages autour du monde ?
[19 min 03 sec] Part 4
Eric : Ouais bah je pense que l’Atlantique c’est… c’est là que j’ai découvert la voile, c’est une mer qui est très dure, qui faut… de toute façon, il faut toujours respecter la mer, c’est ce que j’ai appris.
Jessica : Hm hm.
Eric : Mais, la mer la plus… la plus dangereuse, ce serait… ce serait la Méditerranée. C’est pas que moi…
Jessica : Ah bon ?
Eric : Ah oui, parce que la Méditerranée tu peux passer du calme plat à une tempête… le mistral… très, très vite avec des vents qui tournent à 180°, tu te crois abrité et puis en fin de compte tu… t’es un peu pris au piège donc faut… faut beaucoup anticiper sur la… sur la Méditerranée.
Jessica : Ah !
Eric : La météo change très vite et… mais maintenant avec la technologie, bon bah avec les… les radios VHF et ainsi de suite, les bulletins météo faut… c’est beaucoup plus facile et il y a 30 ans ou 40 ans, il n’y avait pas de bulletin météo en permanence. On n’avait même pas de radio à bord hein, on faisait notre météo nous-mêmes, un peu.
Jessica : Bah alors justement, donc on s’est rencontrés il y a deux semaines, deux semaines et demie de ça, tu… tu nous a accueillis, mon mari et moi à bord de… de ton bateau… de ton… de ton voilier et on a appris beaucoup de choses, on a discuté tout l’après-midi avec toi, c’était vraiment super et… bah j’étais très étonnée parce que tu m’as dit plusieurs fois : « Ah désolé, désolé Jessica on ne peut pas faire de voile aujourd’hui parce que il y a trop de vent ». Et bah moi j’me souviens que j’étais… j’étais assez étonnée parce que il y avait un grand soleil et je me disais mais où ? Enfin, je sens pas vraiment le vent et est-ce que tu peux raconter aux auditeurs quels… quels indices visuels tu… tu repérais pour… pour t’informer sur les conditions météo juste en regardant autour de toi ?
Eric : Oui bah je… je savais que j’avais pris une météo à la radio mais bon… il faut…
Jessica : T’as triché !
Eric : Non, non, mais je prends toujours une météo. La voile, faut anticiper tu vois. Donc quand tu anticipes, tu es en sécurité. Si tu anticipes sur la météo, sur la mer, sur… sur toi-même sur ta… Et… donc il y avait… ouais, ils prévoyaient 25, 30 nœuds et ils sont passés plus au nord et en fin d’après-midi, t’as vu, on est allé faire un petit tour.
Jessica : Oui donc tu m’as montré, donc c’était très intéressant… tu m’as montré les nuages, donc les différents types de nuages et comment ils avaient changé de position dans… dans le ciel. On pouvait voir d’où le vent venait. Et puis aussi la forme des vagues… notamment donc un mot que je ne connaissais pas donc, c’était la… la risée. Est-ce que tu peux expliquer ce que c’est d’ailleurs ?
Eric : Bah les… les nuages, il y a une évolution toujours, bon dès qu’il y a du vent, il y a une évolution un peu permanente, quoi, tu vois les différents nuages qui t’indiquent si le vent va monter ou si ça… ça va se calmer. Et puis les risées, ce que l’on appelle une risée, c’est une accélération du vent sur l’eau donc tu vois l’eau qui frise…
Jessica : Hm… on voit le haut des vagues qui est un petit peu blanc.
Eric : Ouais. Donc tu vois le vent qui arrive et la direction surtout. Donc c’est… ça sert surtout quand tu fais de la compétition. Les risées, tu les cherches pour… pour aller plus vite quoi.
Jessica : Ah oui. Pour un peu… pour surfer dessus à grande vitesse en fait.
Eric : Ou pour accélérer, oui.
Jessica : Ouais !
Eric : Sur un petit dériveur ou sur un plus gros bateau tu… tu cherches les risées pour… pour en profiter.
Jessica : Hm, d’accord. Et peut-être que cette terminologie enfin, c’est un vocabulaire intéressant pour les… les étudiants… est-ce que tu peux expliquer donc comment on appelle le côté droit et le côté gauche du bateau. Et tu avais aussi expliqué un… un système de couleur qui leur était associé ?
Eric : Oui le… ce qu’on appelle en français, bâbord et tribord je pense que ça vient de la… de la vieille marine à voile où bon bah des… à l’époque, où les… les bateaux de guerre quoi avaient des canons et vu que les hommes à l’intérieur étaient pratiquement illettrés donc ils… pour savoir de quel… de quel côté ils étaient, donc ils divisent le mot batterie en deux : ba à gauche : bâbord, et tri : tribord.
Jessica : Oooh !
Eric : Quand il fallait faire feu ils disaient « batterie » : bâbord et ceux qui savaient ba, ils étaient à gauche quoi.
Jessica : Ouahh ! D’accord.
Eric : C’est une vieille terminologie. Je pense que.. qu’elle est exacte pour moi…
Jessica : Hm hm.
Eric : Parce qu’elle est logique quoi ! Quand tu parles… si tu donnais des ordres à des… des gens qui étaient illettrés, donc il suffisaient qu’ils sachent qu’ils étaient dans la… dans la batterie bâbord ou la batterie tribord.
Jessica : Donc c’est un moyen mnémotechnique pour connaître sa gauche de sa droite. Hm hm.
Eric : Ouais. Les feux de navigation c’est pareil. Rouge c’est à bâbord, vert c’est à tribord. C’est pareil que sur les avions hein. Les blancs c’est à l’arrière et quand tu rentres de… de nuit dans un… dans un chenal pour un… dans un port, tu auras les balises rouges à bâbord, donc à ta gauche, et les balises vertes à tribord.
Jessica : Ça te permet de te guider ou… ou de connaître la position d’un bateau dans la nuit, savoir si tu arrives à… sur sa gauche ou par derrière.
Eric : Ouais. Voilà ça te positionne tout de suite si il vient de face, si tu vois un rouge et vert, bah tu sais que tu l’as de face. Si tu vois un vert tu sais qui… que tu l’as sur sa… que lui tu le vois sur sa droite quoi, sur tribord et inversement.
Jessica : Hm hm.
Eric : Ca… ça donne pas de… tu le sais tout de suite ta position par rapport à lui. Et lui par rapport à toi.
Jessica : Ouais. C’est super, il y a tout un tas de… de petites choses très… très pratiques à connaître.
Eric : C’est le code maritime… c’est le code maritime. Si tu vas naviguer, il faut l’apprendre.
Jessica : Ouais, d’accord. Oui parce qu’il faut un permis, donc pour naviguer tout type de bateaux ou il y a des… il y a aussi des bateaux sans permis en mer ?
Eric : Disons qu’en Australie maintenant ils ont… il te faut le permis moteur quoi.
Jessica : D’accord.
Eric : Même…. même en voilier, parce que…
Jessica : Donc même pour les bateaux sans moteur, il faut un bateau/un permis moteur ?
Eric : Oui sur un voilier comme sur mon voilier, il faut un… il faut un permis moteur, oui.
Jessica : Hm hm.
Eric : En France, maintenant, avec le marché commun, je pense que tout a changé. Mais… je pense qu’il faut aussi un… un permis moteur pour une navi… une navigation de catégories quoi. Maintenant il n’y a plus que deux catégories. Avant, il y en avait quatre ou cinq. Et donc moi à l’époque, j’avais passé mon premier en… en 72, tu vois. Donc, ils nous donnaient le permis B. Bon permis A c’est le permis juste moteur pour les petits bateaux, tu vois. Moi j’ai passé le permis B qui me donnait jusqu’à 150 000 des côtes, 150 000 nautiques tu vois.
Jessica : Ah ça te permet de… d’aller jusqu’à une certaine distance de la côte ?
Eric : De donner un tonnage jusqu’à 15 tonneaux ce qui fait à peu près un bateau de… dans les 17 mètres si tu veux à moteur, tu vois.
Jessica : Hm, d’accord.
Eric : Permis C après c’était illimité… au niveau plaisance hein je parle, au niveau plaisance quoi.
Jessica : Hm hm.
Eric : Le permis C était illimité en distance et en tonnage. Maintenant ils ont refait toute une régulation…
Jessica : D’accord la… les régulations ont changé.
Eric : Oui, je crois qu’ils ont simplifié beaucoup de choses et réduit beaucoup de… de « paperasses » et ainsi de suite, quoi.
Jessica : Ah bah c’est bien pour une fois que la… la France ou l’Europe réduit…
Eric : Ah ouais !
[26 min 48 sec] Part 5
Jessica : Parce que la « paperasse » comme tu dis c’est quand même caractéristique de… de la France. Toutes les démarches administratives, les papiers à signer pour tout, donc …
Eric : M’en parle pas ! Ma femme va rentrer au mois de septembre en France pour faire sa retraite parce que c’est tellement compliqué en la faisant ici…
Jessica : Oh oui ! Oui, oui. J’ai… j’ai eu une personne qui m’a contactée, une… une Française expatriée qui m’a contactée il y a quelques temps pour me demander de l’aide pour… pour trad… pour traduire ou comprendre des documents sur la… la retraite parce qu’elle avait travaillé en France il y a très, très longtemps. Et pour moi c’était un casse–tête, le jargon administratif français ne facilite pas les… les choses…
Eric : Non !
Jessica : Même pour les Français, hein pour les francophones, on comprend rien ! Eric, il est temps de conclure cette interview.
Eric : Oh, déjà ?
Jessica : Le temps est passé vite, hein ?
Eric : Oui !
Jessica : Oui, ben on pourra continuer… bien sûr, rester en contact et puis continuer à discuter tous les deux, mais on va laisser les… les auditeurs de French Voices qui… qui doivent avoir le cerveau qui fume après tant de compréhension orale ! Pour moi, à titre personnel, j’ai trouvé ça très intéressant mais pour les étudiants de français aussi, hein. Ça leur donne vraiment quelque chose de complètement nouveau à… à découvrir, donc merci pour ça.
Eric : Ben je leur souhaite de leur faire découvrir… de partir naviguer et surtout qu’ils… qu’ils respectent la mer parce que c’est… c’est dans tous les domaines, que ce soit au niveau de la pollution ou au niveau de la sécurité pour eux. Mais c’est… c’est un monde merveilleux !
Jessica : C’est un très beau message. Merci pour ce… ce message de conclusion Eric.
Eric : Allez, merci Jessica, bonne soirée à tous.
Jessica : Bonne soirée, au revoir !