Marie Aubinais, the Author of “Petit Ours Brun” stories for French Children
[04 min 24 sec] Part 1
Jessica : Bonjour Marie !
Marie : Bonjour Jessica !
Jessica : Alors, Marie, je suis très heureuse que vous ayez accepté mon invitation, qui… qui va réveiller de tendres souvenirs d’enfance car nous allons parler de littérature enfantine, et plus particulièrement d’un héros que tous les enfants français connaissent très bien. Il s’agit de Petit Ours Brun. Parce que vous êtes aujourd’hui l’auteure de Petit Ours Brun.
Marie : Exactement.
Jessica : Alors, est-ce que vous pouvez présenter un petit peu donc l’histoire de Petit Ours Brun ?
Marie : Avec plaisir. Bon Petit Ours Brun, c’est pas moi qui l’ai… qui l’ai créé. Moi je suis une… une mère adoptive si on peut dire. C’est un peu… c’est un peu fort comme terme mais…
Jessica : Hm hm.
Marie : En fait Petit Ours Brun, il est né en 75… 1975 d’une… d’une rencontre entre un auteur, c’est-à-dire une femme qui s’appelait Claude Lebrun, qui s’appelle, parce qu’elle est toujours vivante… qui est venue apporter un texte à la rédaction de Pomme d’Api. Pomme d’Api, c’est un journal pour les 3-7 ans.
Jessica : Hm hm. J’étais abonnée quand j’étais toute petite, je m’en rappelle bien.
Marie : Voilà, ben il existe toujours. Il a été créé en… en 66. Et donc dans ce journal qui s’adresse aux 3-7 ans, il y a des héros divers et variés mais il en faut pour tous les âges puisque le… le magazine s’adresse aux 3-7 ans et on sait bien qu’entre un enfant de 3 ans et un enfant de 7 ans…
Jessica : Hm hm.
Marie : Il y a vraiment… enfin, c’est très différent, il y a beaucoup de… psychologiquement il y a beaucoup de différences. Donc les héros qui sont dans ce journal, il doit y en avoir un peu pour tous les âges. Il doit y en avoir pour les grands et puis pour les petits. Or, en… 75 il y avait pas vraiment de héros pour les tout-petits.
Jessica : Hm hm.
Marie : Et il y a cette femme qui est arrivée, qui s’appelait Claude Lebrun, et qui a proposé un texte et… de… de… d’un Petit Ours Brun qui… c’est elle qui a eu l’idée de ce nom. Et elle a raconté l’histoire d’un petit garçon, enfin d’un petit ours plutôt, qui faisait des choses qu’on fait à 3 ans. Qui a arrêté de faire pipi au lit, je sais plus, qui… qui continue à sucer son pouce… enfin je sais plus exactement mais c’était autour des petites victoires et des petites difficultés de la vie de 3 ans.
Jessica : Hm hm.
Marie : Et à l’époque, le magazine proposait… aux enfants un mini-livre. C’est-à-dire qu’on prenait une… une double page du journal qu’on pliait et qu’on découpait et ça faisait un petit… un petit livre de papier…
Jessica : Ah ouais !
Marie : Et il y en avait un… voilà. Et il y en… ça s’appelait le mini-livre de Pomme d’Api. Et il y en avait un chaque mois. Et puis cette histoire de Petit Ours Brun a été publiée dans un mini-livre et en fait, elle a vraiment plu au public. Et du coup, comme la rédaction cherchait un héros pour les tout-petits, elle a décidé d’instaurer ce Petit Ours Brun en héros régulier.
Jessica : Hm hm.
Marie : Et il est devenu vraiment… enfin il est devenu le… il a été très très apprécié. Et puis, au début c’était Claude Lebrun qui écrivait les… les histoires, avec la rédaction. Et puis, petit à petit, c’est la rédaction qui… qui a gardé la maîtrise de… de cette rédaction. Et moi je suis arrivée bien après, je suis arrivée 10 ans après. Et à ce moment-là, il y avait plus qu’une seule personne qui écrivait le… les scénarios de Petit Ours Brun. Et c’était elle que je remplaçais. Elle partait en congé maternité.
Jessica : Hm hm.
Marie : Et du coup, j’ai remplacé cette personne et puis je… voilà je suis devenue à ce moment-là auteure de Petit Ours Brun. Et puis comme bah ça se passait bien entre Petit Ours Brun et moi, eh ben je suis devenue l’auteure attitrée. Et ça c’était en 1984. Donc depuis 1984, j’ai écrit beaucoup d’histoires de Petit Ours Brun mais pas toutes car je ne suis pas l’auteur propriétaire de cet… de ce personnage. Enfin l’auteur créateur plutôt de ce personnage.
Jessica : Hm hm. Donc à une certaine période, il y avait plusieurs auteurs qui travaillaient sur les épisodes mensuels, c’est ça ?
Marie : Non, c’est pas tout à fait comme ça. C’est-à-dire que moi, par exemple, il y a eu un moment où je suis partie travailler dans un autre titre au sein de Bayard Presse, l’entreprise qui publie Pomme d’Api.
Jessica : Ouais.
Marie : Donc j’ai quitté cette rédaction de Pomme d’Api pour aller dans une autre et à ce moment-là, ce n’est plus moi qui écrivais les… les histoires. Donc à ce moment-là, il y a quelqu’un… plus… d’ailleurs il y a eu deux… c’était plusieurs personnes qui le faisaient à tour de rôle. Et puis après je suis revenue à Pomme d’Api donc j’ai repris le… l’écriture de Petit Ours Brun. Et puis c’est arrivée d’autres fois… voilà, c’est plus des alternances, c’est rarement plusieurs en même temps. Et puis, récemment, j’ai… j’avais carrément quitté l’entreprise et… et donc pendant plusieurs années, c’est pas moi qui l’ai écrit. Et puis de nouveau… on m’a sollicitée pour le… le… le réécrire donc… je réécris Petit Ours Brun avec plaisir. Euh… et je pense, enfin je pense que l’affinité qu’on a Petit Ours Brun et moi, c’est que… j’ai toujours vécu entourée de petits enfants. Comme je suis l’aînée d’une famille de six, enfin pas tout à fait l’aînée, je suis la seconde, mais du coup avec des enfants assez espacés dans ma famille… du coup, j’ai souvent eu des… des petits autour de moi. Et puis quand c’est… ça a été… quand les petits frères et sœurs sont devenus grands, j’ai eu des neveux et nièces, donc je pense que j’ai cette sensibilité aux… aux tout-petits, pour de toutes façons les avoir vus très souvent, les avoir eus sous les yeux très souvent quoi.
Jessica : Donc ce sont ces enfants-là qui sont votre source d’inspiration pour les épisodes.
Marie : Exactement. C’est-à-dire que… en fait, Petit Ours Brun sa vocation, enfin comment dire… son… son identité…
Jessica : Hm hm.
Marie : C’est de… c’est du… c’est de restituer aux jeunes enfants euh… la vie quotidienne. Donc c’est… c’est… c’est en saisir comment dire… les sub… pas les subtilités mais les… les… toutes les petits… les… les aspects… enfin…
Jessica : L’essence ?
Marie : L’essence.
Jessica : L’essence de l’enfance ?
[10 min 54 sec] Part 2
Marie : Voilà. Et ce qui est important, dans… dans cette… dans Petit Ours Brun, c’est la vie émotionnelle du tout-petit.
Jessica : Hm hm.
Marie : C’est ça que je raconte. C’est les joies, les peurs, les chagrins, les colères. Et c’est ça qui est mis en scène, et donc c’est fait avec le plus de… de… de justesse possible. Et puis c’est fait aussi du côté de l’enfant. C’est-à-dire que c’est pas un regard attendri sur l’enfant. Ce que je raconte, c’est pas un adulte qui décrit un enfant, j’essaie de me mettre dans la peau du… du petit enfant qui voit le monde et qui voit la réaction de ses parents etc.
Jessica : Hm hm.
Marie : Donc c’est le regard de l’enfant. Et c’est ça qu’il faut… Et puis après c’est aussi essayer d’aller chercher dans le… un peu plus en profondeur ce que l’enfant ressent vraiment. Je suis pas dans une descrip… je suis pas juste dans une description factuelle, enfin j’essaie de… de pas en rester là. J’essaie d’aller saisir ce qui se joue un petit peu à l’intérieur. Par exemple, je me souviens quand j’ai fait « Petit Ours Brun va donner… » quand j’ai écrit « Petit Ours Brun donne à manger aux canards ».
Jessica : Ouais.
Marie : Je me suis interrogée sur qu’est-ce qui se passe lorsqu’on… quand on donne à manger aux canards ? Et là je pense que l’émotion, elle est à la fois… enfin… j’ai… j’ai… justement je suis pas trop allée voir d’enfants, je vais toujours voir les enfants, je me suis quand même renseignée. Mais là j’ai essayé plus de chercher en moi qu’est-ce qui… qu’est-ce qui se passe quand je donne à manger aux canards. Et je me suis dit finalement, il y a… il y a deux sensations… il y a la… il y a un sentiment de… de dominer l’animal…
Jessica : Hm hm.
Marie : Parce que c’est nous… c’est nous l’humain qui… qui pouvons donner des miettes de pain etc. Et en même temps, il y a une espèce de peur parce qu’on sait pas comment… est-ce qu’il va donner des coups de bec, est-ce qu’il va sortir de l’eau, est-ce que…
Jessica : Hm hm.
Marie : Voilà, il y a une espèce de double… de double… comment dire… attitude. Alors, bon effectivement quand on est adulte, on est quand même un peu averti (rires). Et on connaît un peu le… on sait qu’on risque peu de choses, quoique, il y a des… il peut y avoir des… des volatiles agressifs. Mais quand on est enfant, on est un peu dans cette interrogation-là. Donc c’est ça que j’ai essayé de… de saisir. Et c’est tout le temps, c’est des choses un peu comme ça que j’essaie… l’autre jour par exemple, j’ai fait l’histoire de « écrit sa lettre au Père Noël », et là j’ai interrogé des… des gens autour de moi et puis j’ai regardé aussi sur des forums sur internet. J’ai vu la lettre d’une petite fille qui disait : « Bonjour Père Noël », enfin je sais plus… Elle dit : « Bon… Tu te rappelles je t’ai vu samedi, tu te rappelles ». Comme si… j’ai trouvé ça… j’ai trouvé ça intéressant parce que… et fort, parce que pour cette petite fille, c’est évident que le Père Noël, il existe, et d’une, et il sait que…
Jessica : Mais en exemplaire unique en plus.
Marie : Ouais, et qu’il a cette espèce de… il est tout-puissant, tout… voilà, tout… il sait tout, il voit tout. Et d’ailleurs, j’avais vu la petite fille d’une autre amie qui m’avait dit ça. Enfin, qu’est en train de passer de croire au Père Noël à ne plus y croire, mais elle arrive pas à lâcher, et justement elle a dit à sa mère : « Non non j’y crois plus », et deux minutes après, elle a dit : « Mais de toutes façons le Père Noël, il voit tout ». Et donc j’ai bien vu que (rires) elle disait qu’elle y croyait plus mais que… mais elle avait du mal à… à lâcher cette croyance.
Jessica : Hm hm.
Marie : Et du coup, quand j’ai vu cette lettre qui disait : « Ouais je t’ai vu samedi, tu te rappelles ? », je me suis dit bah oui, là il y a quelque chose, c’est ça la relation Père Noël, c’est cette idée que… c’est un espèce de… de… de personnage qui supervise la terre entière et qui voit ce que vivent les enfants.
Jessica : C’est le Dieu des enfants…
Marie : Exactement.
Jessica : Et il sait s’ils ont été gentils ou pas.
Marie : C’est une forme de Dieu, on peut dire ça. Et… et donc je me suis dit là, il y a un ressort psychologique intéressant. Parce que ce qui me… ce qui m’intéressait, c’était ce qui se joue dans la relation psychologique et pas le… l’espèce de déroulé enfin… et surtout pas la liste commerci… enfin la liste d’objets pure et simple qui n’a…
Jessica : Ouais.
Marie : n’a pas grand intérêt.
Jessica : Hm hm.
Marie : Ni même le côté, je vais porter la lettre, parce que ça c’est intéressant mais c’est pas spécifique. Je mets la lettre dans la boîte aux lettres, on me hisse pour… pour y arriver etc. Ca, c’est pas que ça m’intéresse pas mais à la limite, ça c’est pas typique du Père Noël, c’est l’émotion de… d’écrire une lettre, de l’envoyer, de pas trop savoir où ça va aller etc. Et là, moi ça m’intéressait de me concentrer sur la relation au Père Noël. Donc c’est pour ça que j’ai… voilà, que j’ai gardé ça pour… pour écrire mon histoire. Donc Petit Ours Brun, oui c’est ça, c’est l’attention aux petites émotions, enfin petites ou grandes. Emotions des tout-petits. Et pour… pour donner aux enfants ce sentiment que… c’est important ce qu’ils vivent.
Jessica : Hm.
Marie : Et que ils sont pas les seuls à le vivre, et que… et que… bah pour grandir… enfin évidemment, ils vont pas se le formuler comme ça, ni même l’analyser. Mais… pour grandir, on passe par ces étapes-là et… et puis… et c’est important de… et ce qu’on vit quand on vit telle ou telle émotion, c’est pas… c’est pas rien. Enfin, c’est… c’est la vie, c’est constitutif quoi. Et puis c’est aussi ce plaisir de… enfin, je pense, de se reconnaître. Il y a toujours… il y a quelque chose de rassurant et puis de valorisant aussi de voir que… que d’autres bah partagent les mêmes émotions que nous. Enfin, moi je me dis souvent quand je lis… moi j’aime bien lire des romans un peu psychologique, enfin ou des romans qui… qui savent justement restituer des émotions.
Jessica : Hm hm.
Marie : J’ai un vrai plaisir à lire ça. Je… je… parce que tout d’un coup, moi-même j’ai le sentiment d’attraper des choses qui m’habitent et que… sur lesquelles je ne savais pas… enfin, qui restaient confuses. Et tout d’un coup, de voir des mots dessus, ça me… ça me libère, ça me… je sais pas, enfin ça…
Jessica : Oui, parce qu’il y a un lien direct avec… à l’affect en fait.
Marie : Exactement.
Jessica : Donc, c’est comme un miroir de ces émotions finalement.
Marie : Exactement, exactement. Donc, toutes proportions gardées hein, parce que Petit Ours Brun, c’est sept cases et deux lignes par case. Mais il y a cet… cet objectif, enfin cette volonté de restituer avec justesse la vie des émotions de… ouais… d’un petit humain de 3 ans et un peu plus quand même.
Jessica : Alors, c’est ce qu’on appelle un héros d’identification dans… dans le jargon.
Marie : Exactement.
Jessica : Et je pensais juste, quand vous parliez des… de donner à manger aux canards, peut-être ça pourra vous inspirer pour un autre épisode, mais moi le… le sentiment que j’ai… alors vous avez parlé du sentiment de puissance, parce que c’est nous qui sommes la main nourricière etc. Mais il y a aussi je pense une troisième dimension, c’est celle de… d’être l’ami des animaux en fait.
Marie : Vous avez raison.
Jessica : C’est-à-dire voilà les canards sont… les canards sont mes amis etc. donc…
Marie : Oui.
Jessica : Ça pourrait faire un album peut-être sur ce thème.
Marie : Oui, oui, non, non vous avez complètement raison.
Jessica : Ou poster la lettre est un album en lui-même.
Marie : Ouais, mais ça a déjà été fait d’ailleurs.
[18 min 02 sec] Part 3
Jessica : Ca a été fait ?
Marie : On l’a fait il y a fort longtemps, ouais, ouais. Bah forcément les… les thèmes se renouvellent. Alors, j’ai… je regarde jamais ce que j’ai fait avant pour…
Jessica : Ouais.
Marie : Pour garder une fraîcheur et une liberté de… de réinvention.
Jessica : Hm hm.
Marie : Mais forcément, il y a des thèmes qui sont tellement importants dans la vie des tout-petits que… la peur du noir, le…
Jessica : Ouais.
Marie : Le… je sais pas, le… faire pipi au lit. Enfin, il y a des choses qui forcément reviennent…
Jessica : Partager ses jouets. Bah oui parce que je me demandais comment vous faites pour trouver… donc si vous écrivez un épisode tous les mois depuis 1975, il faut quand même réussir à trouver un sacré éventail de situations liées à la vie d’un enfant de 3 ans donc… donc vous avez des sujets qui… qui reviennent alors.
Marie : Oui, mais en même temps, c’est pas très difficile. Parce que il suffit de… enfin, à chaque fois, dans chaque histoire, c’est une émotion qui est un peu mise en valeur. Donc le sujet est assez… assez ténu on va dire, même si psychologiquement, ça a du poids pour l’enfant, à chaque fois, j’écris pas un roman… enfin je veux dire, il faut une émotion à chaque fois, donc il y en a quand même beaucoup dans la vie d’un enfant. Et puis il y a des choses… il y a des choses qui évoluent. Par exemple, l’autre jour on a fait quelque chose autour de… prend… il prend des photos avec le portable de sa maman.
Jessica : Ah !
Marie : Donc, c’est des choses qu’on aurait pas pu faire en 84.
Jessica : Ah oui, ouais.
Marie : Il y a des petites choses comme ça qui de toutes façons sont… évoluent avec le… l’environnement des jeunes enfants.
Jessica : Hm hm.
Marie : Et puis… et puis bon, il y a tellement… en plus, on est lié aussi à la saisonnalité. Le magazine Pomme d’Api est publié… est un mensuel donc chaque fois… on est un petit peu…
Jessica : Hm hm. Vous collez aux saisons… ouais.
Marie : Voilà, il y a beaucoup de sujets. Pas tous mais… parce que quand par exemple, quand il fait une colère, on peut en faire aussi bien une en décembre qu’en…
Jessica : Ouais.
Marie : Qu’au mois de juillet donc… Mais quand même, la plupart des sujets sont… sont liés effectivement à la saison. Alors… Noël par exemple, on n’y coupe pas, c’est-à-dire que chaque année, il faut… il faut aborder Noël.
Jessica : Hm hm.
Marie : Mais on le fait jamais de la même façon. Un… une année…
Jessica : Sous un angle différent, décorer le sapin etc.
Marie : Exactement. Voilà, exactement.
Jessica : Ouais.
Marie : Prépare le repas, attend Noël, ouvre ses cadeaux euh… fait la fête le soir de Noël enfin… va… va dans les rues éclairées… enfin illuminées.
Jessica : Hm hm. Ouais.
Marie : Etc, etc.
Jessica : Fait une photo avec le Père Noël… Il y a des enfants qui ont très peu de ça d’ailleurs, qui pleurent, enfin quand on… ouais.
Marie : Ouais, vous avez raison, exactement. Les enfants ont peur, justement… et puis là pour le coup… autant le fantasme autour du Père Noël, bon… et qu’elle fasse, qu’un enfant fasse allusion, enfin que Petit Ours Brun fasse allusion au fait qu’il l’ait croisé, c’est une chose mais mettre en valeur cette chose qui est quand même hyper commerciale la plupart du temps…
Jessica : Commerciale. Ouais.
Marie : …C’est passer un petit peu à côté. Et là pour le coup, et effectivement… beaucoup d’enfants ont peur.
Jessica : Hm hm.
Marie : Là, je pense que… ça, je le ferai… Je ferai jamais ce sujet-là parce que je le trouve un peu trop… justement… on va pas chercher assez dans un espèce d’universel, de… de l’émotion du tout-petit.
Jessica : Hm hm.
Marie : On s’attire quand même beaucoup… enfin on est beaucoup, ça nous emmène beaucoup vers le… vers une dimension un peu commerciale de la vie de l’enfant, hein. Qui est présente mais c’est pas celle-là tellement qu’on a envie de mettre en valeur dans Petit Ours Brun.
Jessica : D’accord. D’accord. Alors, est-ce que vous pouvez un peu nous emmener dans les coulisses de l’écriture ou peut-être, je sais pas si… s’il y a des secrets là-dessus, donc vous avez dit qu’il y a un nombre, enfin vous êtes très limitée au niveau du nombre de… donc de vignettes dans Pomme d’Api qui seront donc des pages dans… dans les albums. Vous avez parlé de sept vignettes et de deux lignes par… donc par image. Alors, comment est-ce que se passe l’écriture, est-ce que c’est une vraie contrainte ou est-ce que vous pouvez… me raconter comment ça se passe la rédaction d’un épisode ?
Marie : Ouais. Oui, avec plaisir. Alors, d’abord vous avez raison de mettre en lumière le fait que Petit Ours Brun, c’est d’abord écrit pour le magazine et que ensuite, effectivement, c’est publié aussi en édition. C’est-à-dire que chez Bayard, qui est une entreprise de… qui est une entreprise de presse et d’édition…
Jessica : Hm hm.
Marie : Il y a une… enfin, il y a… il y a un travail, comment dire… un… enfin sur ce personnage en tous cas, en commun. Une fois que les… les scénarios ont été publiés… je dis scénarios à la française, mais en Italie, on dirait scenarii.
Jessica : Scenarii oui, c’est ça.
Marie : Oui, je le dis toujours à la française. Donc une fois que les… les scénarios sont publiés dans Pomme d’Api, quelque temps plus tard, un an ou plus, je sais plus exactement, les histoires sont reprises et publiées en petits livres.
Jessica : Voilà, un petit livre individuel.
Marie : Exactement. Et puis il y a… il y a aussi des créations directement en édition, des livres à toucher, des livres à… à entendre…
Jessica : Hm hm.
Marie : Des livres à manipuler, enfin après il y a des choses qui sont… que le livre autorise que… qui sont pas possibles dans la presse. Donc pour récapit… mais le fondement, c’est Petit Ours Brun a d’abord et longtemps existé dans… dans la presse et c’est son lieu d’origine. Et c’est toujours là que j’écris en premier. Donc pour… Alors le choix des thèmes déjà, il se passe avec la rédaction de Pomme d’Api, qui justement est… s’intéresse beaucoup à la saisonnalité. Donc soit je leur fais des propositions, soit c’est elle enfin là, ça va un peu dans les deux sens, ça dépend. Ça dépend des moments.
Jessica : Hm hm.
Marie : Ensuite, alors là je fais un travail de… d’enquêtes. J’ai toujours un petit vivier de… d’enfants de trois ans qui m’inspirent. J’interroge les enfants eux-mêmes mais surtout les parents qui sont… et puis surtout certains parents parce qu’il y en a qui sont plus fins pour… pour saisir des petites choses comme ça, enfin en tous cas pour les restituer.
Jessica : Hm hm.
Marie : Donc il y a des parents qui marchent à fond dans le… dans cette… dans cette histoire et qui qui savent me raconter avec… avec justesse comme ça, des petites émotions autour d’un thème. Bon mais parfois je… j’interroge souvent plusieurs familles. D’abord, parce que les choses sont vécues différemment, autant d’enfants ont quasiment autant… autant de façons de vivre telle ou telle émotion. Enfin… et justement, c’est là-dessus que je travaille. C’est-à-dire que j’essaie de voir à la fois ce qui est commun, ce qui fait que effectivement à 3 ans, on vit les choses d’une façon ou d’une autre. Et puis, souvent, il y a une petite chose un petit peu… comment dire originale ou étonnante, qui va… qui va assaillir un peu et qui va être intéressant. Parce que c’est ça qui va rendre la chose… qui va rendre l’histoire un petit peu plus surprenante, vivante, et qui va faire qu’on est quand même dans quelque chose de vrai, et quelque chose qui est vraiment vécu et ressenti par un… par un tout-petit quoi.
Jessica : Hm hm.
Marie : Donc c’est ce… cette alliance entre du… des choses communes et… des choses un peu… un peu originales. Donc à chaque fois, j’interroge deux, trois familles pour savoir un peu comment ça se passe chez eux, telle ou telle…
Jessica : Situation.
Marie : Voilà, exactement. Donc je leur donne le thème et puis je leur demande de me… de me raconter.
[25 min 31 sec] Part 4
Et… et puis après, je fais mon miel avec ça parce que moi il faut que… effectivement, je… je puisse faire rentrer cette petite… cette petite émotion dans sept cases. Parce qu’il y a huit cases dans… dans la double page de Petit Ours Brun mais la première est consacrée au titre.
Jessica : Ouais.
Marie : Et donc il en reste sept. Et puis ensuite il y a deux lignes par case, c’est très formaté, et les signes je sais plus, parce que maintenant c’est… avant c’était… c’était écrit à la main et le lettrage maintenant a été informatisé.
Jessica : Ah la typographie a changé ? Parce que je me rappelle de cette écriture cursive.
Marie : Non, c’est-à-dire que c’est une typographie qui a été informatisée mais à partir… celle qui a écrit les caractères de cette police…
Jessica : Hm hm.
Marie : C’est la lettriste, c’est celle qui écrivait… C’est Nicole Villette elle s’appelle donc autrefois, c’était elle qui écrivait.
Jessica : D’accord.
Marie : On envoyait l’histoire chez… je travaillais à Paris à l’époque, et quand j’avais écrit une histoire, on l’envoyait à Nicole Villette qui écrivait le texte. Voilà, il y avait un film noir qui était posé sur les images enfin… et voilà.
Jessica : Hm hm.
Marie : Et ensuite, avec… enfin évidemment les méthodes d’impression et de travail en presse ont complètement évolué, et tout… tout s’est informatisé. Donc la police, enfin le lettrage inventé par… et créé par Nicole Villette a été repris… en… et informatisé quoi, numérisé.
Jessica : Hm hm.
Marie : Donc c’est la même écriture mais maintenant, elle est beaucoup plus… enfin elle est standardisée, c’est toujours le même « S », c’est toujours le même « N » etc. Et je pense que les caractères par ligne, c’est autour de 46, 45, enfin… vous voyez il y a…
Jessica : Ah oui donc c’est très précis hein.
Marie : C’est très très court. Bon après on peut jouer sur l’espace entre les mots, après il y a des possibilités de… de ruser un petit peu quand c’est vraiment trop long, mais jusqu’à un certain point hein. Il y a un moment on peut plus… on peut plus rien faire rentrer. Donc ça c’est vrai que c’est une vraie contrainte et c’est un peu… c’est toute la difficulté de Petit Ours Brun, c’est d’installer une petite… une petite histoire en très peu d’espace, de rac/de situer tout de suite où se passe l’action et qui sont les… les protagonistes, de… de mener une petite action, il faut quand même que… qu’il se passe quelque chose et puis qu’il y ait une variation entre les images aussi. Parce qu’on… les enfants, les lecteurs ne sont justement pas lecteurs… enfin les… ceux qui ont 3 ans, ils savent pas lire.
Jessica : Hm hm.
Marie : Enfin, en France, on apprend à lire à 6 ans.
Jessica : A 6 ans, ouais.
Marie : Donc, il… la grande partie du lectorat de Pomme d’Api est non lecteur et c’est son parent qui… qui lui lit l’histoire.
Jessica : Hm.
Marie : Donc quand l’enfant regarde l’histoire, il regarde les images donc il faut qu’il se passe des choses dans les images. Et parfois c’est ça la difficulté, c’est-à-dire que je décris une émotion et qui parfois peut être très intérieure et… et par exemple…
Jessica : Ah !
Marie : Et il faut réussir à mettre en scène… par exemple, la lettre au Père Noël effectivement, je raconte ce qui… ce qui dit qu’il faut écrire. C’est lui qui dit à l’adulte qui… là, c’est… c’est une amie, une dame… il est avec une voisine.
Jessica : Hm hm.
Marie : Et il lui dit… qui s’appelle Nounou. C’est un nouveau personnage qui rentre dans l’histoire de Petit Ours Brun. Et il est avec elle, c’est une espèce de mamie bienveillante qui habite à côté de chez lui, et il lui dicte sa lettre. Donc ça donne pas beaucoup d’images variées. Donc il faut…
Jessica : Hm hm.
Marie : Donc, là il faut ruser pour… bah pour trouver des… des situations, le faire bouger, le faire se lever, le faire… pour qu’il se passe des choses un peu différentes…
Jessica : D’accord. Oui, parce que c’est très visuel aussi.
Marie : C’est très visuel. Mais bon le plus possible, j’essaie de trouver des histoires où il y a des… un peu d’action justement, c’est un des enjeux et il faut éviter ces histoires justement qui… qui sont trop statiques parce que… bah c’est… c’est plus ennuyeux. Après on peut toujours trouver des astuces mais à la base, le… plus l’histoire est… comment dire… animée, plus les images sont différentes d’une case à l’autre, mieux c’est quoi.
Jessica : Hm.
Marie : Donc… il faut à la fois qu’il se passe des choses et puis après il faut trouver une petite chute à la fin. Il faut… il faut que ça se termine, qu’il y ait un petit rebondissement, une petite… Et tout ça, il faut que ça tienne effectivement en… en très peu de signes, et sur deux lignes, et si possible aussi, il y a un travail dans Petit Ours Brun sur la musicalité. Parce qu’on a affaire à des débutants… lecteurs et à des débutants parleurs même. Donc il faut… il faut déjà que la structure soit très simple.
Jessica : Hm hm.
Marie : Enfin, ça c’est vraiment un parti-pris de Petit Ours Brun. Et que… enfin, la syntaxe soit simple et que l’enfant comprenne tout de suite, qu’il y ait pas d’ambigüités… Donc ce qui marche…
Jessica : Le vocabulaire enfantin etc.
Marie : Le vocabulaire et puis… par exemple le pronom. Si on dit… je dis n’importe quoi mais : « Papa dit bonjour à Petit Ours Brun, il est de bonne humeur ce matin ».
Jessica : Hm hm.
Marie : On… qui ? C’est Petit Ours Brun ou Papa qui est de bonne humeur ?
Jessica : Aah ok ! Hm hm.
Marie : Et donc il faut éviter ce genre de… de… bah d’ambiguités. Et il faut aussi remettre les prénoms/les pronoms. Il faut… enfin, il y a tout un travail sur le… l’accès à l’écrit des… des tout-petits. Par exemple, les infinitifs sont… sont abstraits pour des jeunes enfants. Nager, c’est un… « nager est un plaisir pour Petit Ours Brun », c’est super difficile pour un enfant. Il vaut mieux mettre « Petit Ours Brun aime beaucoup nager ». Parce que voilà.
Jessica : D’accord.
Marie : Et… et encore, bon… là il y a encore un infinitif. Mais on dira « Petit Ours Brun aime beaucoup jouer », bah c’est pareil, il y a un infinitif.
Jessica : Jouer dans l’eau c’est la même chose.
Marie : Oui.
Jessica : Nage ? Ouais, il faut conjuguer le verbe alors.
Marie : Ouais, ou Petit Ours Brun…
Jessica : Adore quand il nage…
Marie : Ouais, aime nager. Non mais c’est vrai que l’infinitif est abstrait mais comme… comme… comme sujet. Mais on peut quand même l’utiliser, effectivement.
Jessica : Hm hm.
Marie : Mais c’est vrai. C’est vrai que c’est… c’est un… une des difficultés avec les tout-petits, voilà. Après il faut… il faut comment dire… doser aussi les difficultés parce que d’une part si on rend tout extrêmement simple, c’est d’une platitude…
Jessica : Ca devient simpliste et…
Marie : Oui, et puis triste.
Jessica : Ouais, ouais.
Marie : Enfin je veux dire si vous avez des phrases sans relief, c’est… c’est absolument ennuyeux. Et puis, il faut aussi de toutes façons… enfin, c’est aussi parce que les enfants rencontrent des… des nouvelles… des nouvelles choses, enfin des nouveaux éléments dans le… dans la… dans la langue et dans le langage qu’ils avancent. Alors, après il faut les doser mais…
Jessica : Oui, ça participe à l’éveil des enfants en fait.
Marie : Exactement. Exactement. Donc c’est un habile équilibre. Mais c’est vrai que Petit Ours Brun… puis après ça dépend aussi des auteurs, des livres etc. Il y a des livres qui… qui ont un parti-pris totalement différent… de plonger les enfants dans un univers poétique…
Jessica : Ouais.
Marie : Littéraire, enfin un peu… dans des styles un petit peu compliqués. Et les enfants peuvent y rentrer si affectivement, il y a quelque chose qui les touche, ça les fait rire, ça les fait rêver etc. Après, il y a des parti-pris d’écriture très différents. Et c’est l’ensemble aussi qui va nourrir un enfant. Mais c’est vrai que le parti-pris de Petit Ours Brun, c’est cette espèce d’entrée très simple dans le… dans l’écrit donc…
Jessica : Dans le quotidien aussi. Dans l’écrit, dans le quotidien, dans la langue.
Marie : Oui, là je parle vraiment de la langue, voilà de l’écrit…
Jessica : Hm hm.
Marie : Et plus du côté psychologique et du fond. Mais sur… sur la langue, c’est vraiment beaucoup de simplicité et des… des repères très… très solides pour les enfants… et puis du coup, aussi pour accompagner ça, une espèce de musicalité. J’essaie par exemple de faire rimer mais il faut que la rime soit… il faut que… jamais, je… je vais tordre… je préfère renoncer à une rime et… et favoriser la compréhension du texte, enfin le sens…
Jessica : Hm hm.
Marie : Que l’inverse. Jamais je vais sacrifier un…
Jessica : Que ça fasse naturel.
Marie : Oui, exactement. Parce que ça, c’est… c’est pénible. Enfin, c’est pas très intéresant d’avoir un texte qui devient un peu bêbête ou précieux ou… abscons parce que…
Jessica : Hm hm.
Marie : Parce qu’on a voulu à tout prix faire une rime. Donc mais quand il peut y avoir une rime ou un petit rythme, je… je le favorise, enfin je travaille beaucoup quand même dans ce sens-là. Parce qu’on sait aussi que les enfants vont… vont mémoriser, vont… et ils vont rentrer aussi dans le texte de cette façon-là. Avec cette petite musique, des choses qui sont un peu ritournelle, ça… ça les pénètre davantage et ils vont ainsi intégrer… enfin, oui mémoriser… intérioriser le texte.
[34 min 20 sec] Part 5
Jessica : Hm hm, hm. Alors, tout ça c’est… alors, c’est passionnant, je regarde l’heure, il va bientôt falloir conclure mais… alors, c’est vrai qu’on s’aperçoit qu’un petit livre tout simple en fait… il y a beaucoup de… de contraintes, de complexités, de choses à prendre en compte donc… merci de… de partager ça avec nous. Juste pour finir, sur les deux dernières minutes, vous avez parlé donc de… enfin des différents styles de… de narration et styles de livres qu’on peut trouver. Je crois que vous aimeriez faire passer un message sur l’intérêt de… de lire avec les enfants, est-ce qu’on peut conclure sur ça ?
Marie : Oui, volontiers, alors je vais essayer d’être brève parce qu’on n’a plus beaucoup de temps mais…
Jessica : Deux minutes à peu près.
Marie : Bon d’accord. Non c’est-à-dire que par ailleurs, j’ai une… j’ai une activité associative et moi je travaille… enfin je suis engagée dans une action qui s’appelle « Les Bibliothèques de Rue ». Donc ça consiste à aller lire dans la rue, dans des quartiers défavorisés, et moi je vais toujours dans le même. Enfin, quand on le fait on va toujours dans le même.
Jessica : D’accord.
Marie : Pour permettre aux enfants de lire. Mais de lire avec plaisir. C’est-à-dire qu’on est dehors tous les mercredis, en hiver aussi, tout le temps.
Jessica : Ouah !
Marie : Et vient qui veut, comme il veut, quand il veut. Et c’est… l’idée, c’est de faire en sorte que la lecture ne soit… enfin soit associée à du plaisir. Parce qu’il y a des enfants qui ne naissent pas dans des milieux où la lecture est… est favorisée. Et qui du coup, quand ils la rencontrent à l’école…
Jessica : Sont un peu réticents ?
Marie : Ouais, sont en difficulté.
Jessica : Ou hermétiques, hm, hm.
Marie : Parce que effectivement les choses se mettent en place petit à petit. Même si tous les enfants ont le même potentiel à la naissance, justement c’est le fait de… de fréquenter ou pas le… la lecture au quotidien et de… d’entendre un langage… ben construit, narratif qui vous nourrit petit à petit de toutes ses… toutes ses formes sans que vous vous en rendiez compte…
Jessica : Hm.
Marie : Et bien les enfants qui ne bénéficient pas de ça peuvent après le jour où ils sont confrontés à l’apprentissage de la lecture, être un peu en difficulté. Mais si on va vers eux en disant il faut lire et en leur faisant de nouveau des contraintes…
Jessica : Hm hm.
Marie : Une contrainte, c’est… c’est pas… c’est contre-productif. Alors que si on transmet… on est là avec… nous, enfin des gens qui aiment ça, qui viennent avec des beaux albums, bien choisis, très fort, pleins d’intérêt, enfin vivants, drôles, beaux etc. Et qu’on… et que on leur propose de lire avec eux, en tête à tête, dans une relation un petit peu complice…
Jessica : Privilégiée, ouais.
Marie : Exactement, il peut se passer quelque chose. Et il se passe quelque chose d’ailleurs. Voilà, qui montre que l’écrit, c’est… ça vous ouvre des fenêtres extraordinaires et que… ça vous emmène ailleurs. Enfin, l’écrit au sens large, aussi bien le texte que l’image mais le livre. Le livre qui app… on peut d’ailleurs, ça peut être aussi sur d’autres supports hein. Apres, ce qui est intéressant, c’est cette idée que les mots et les images… vous emmènent ailleurs…
Jessica : Hm.
Marie : Ca vous ouvre des fenêtres, ça vous permet de vous connaître vous, de connaître les autres, de connaître le monde.
Jessica : Hm.
Marie : Et puis de… de… d’acquérir cette langue qui vous donne quand même… enfin, c’est quand même utile quoi de maîtriser la langue… aussi bien à l’oral que après de savoir écrire et lire parce que dans la vie, on en a besoin. Donc il y a cette dimension d’ouverture sur le monde, et puis cette dimension très pragmatique que dans la vie quotidienne, on en a besoin. Il y a encore des gens… moi je connais, j’ai des amis travailleurs sociaux qui disent que les gens ne… voilà, ont raté tout ça à cause de leur vie…
Jessica : Ouais.
Marie : Et ne… ne savent pas lire. Et c’est un vrai… bah c’est un handicap quoi. Enfin c’est pas un handicap mais c’est… ça vous complique vraiment la vie. Donc voilà.
Jessica : C’est un très beau combat, très belle initiative et je vous souhaite bonne continuation dans ce projet de… donc de lecture de rue, de bibliothèque de rue. Et aussi avec les futurs épisodes de Petit Ours Brun.
Marie : Merci Jessica !
Jessica : C’était un… un vrai plaisir de vous parler Marie. Je renverrai dans la conclusion de l’épisode les… les édit/les auditeurs de French Voices à toutes les ressources et aussi où trouver les Petit Ours Brun. Mais je vais vous… vous laisser pour aujourd’hui, donc je vous remercie beaucoup.
Marie : Merci beaucoup, au revoir.
Jessica : Au revoir, à bientôt.