Predicting the Failures of Large Construction Machines with Mechanical Engineer Romain Legendre
PART 1
Jessica : Romain bonjour et bienvenue sur French Voices !
Romain : Bonjour Jessica !
Jessica : J’espère que tu vas bien. Alors je voulais commencer par une petite note, tu es le… le mari d’Alice que j’avais déjà interviewée. Donc c’était l’épisode 27 de French Voices[1]. Et Alice présentait donc son… sa petite entreprise qui s’appelle Paris-Bourke. Vous pouvez donc découvrir l’histoire derrière… derrière ce nom en écoutant l’épisode. Et elle fabrique des jeux donc artisanaux qui sont… qui sont magnifiques. Qui s’appelle le… The Map Game. Et donc je vous invite… vraiment à aller découvrir son travail. Je voulais aussi…
Romain : Merci.
Jessica : Ouais… je voulais la remercier déjà de… de m’avoir recommandé de t’interviewer pour French Voices également et pour… voilà, me permettre de t’emprunter l’espace d’une demi-heure[2] sur… sur ton temps de famille.
Romain : Avec plaisir.
Jessica : Alors est-ce que tu peux nous expliquer déjà ce que tu fais dans la vie exactement ? Parce que t’es là pour parler de ta profession aujourd’hui.
Romain : Ok. Aujourd’hui et depuis trois ans, je suis ingénieur et je m’occupe de technologie embarquée sur des machines de chantier.
Jessica : Alors, qu’est-ce que c’est la technologie embarquée ?
Romain : Il y a plusieurs… il y a plusieurs familles de produits pour ce qui concerne les technologies embarquées. Donc pour… pour présenter un peu le contexte, on prend une machine qui fait du terrassement ou une machine qui fait de la canalisation. En gros… des… des camions de chantier qui travaillent dans les mines ou bien des petites excavatrices et des petits… des équipements de petite taille… qui travaillent sur… sur tout type de chantiers en ville ou à l’étr/ou à l’extérieur. Dans les villes, pour construire des routes etc. Tout ça ce sont les équipements dont on s’occupe. Les technologies embarquées sont de plusieurs types. Il y a celles qui permettent à l’opérateur d’utiliser mieux sa machine.
Jessica : Hm hm.
Romain : Il y a aussi celles qui permettent à d’autres entreprises de surveiller la machine. D’obtenir des informations sur la façon dont elle fonctionne. Comment elle fonctionne, combien de temps par jour, combien de temps par semaine etc. Et d’aider le… d’aider le client à entretenir sa machine pour que… elle soit en panne le moins souvent possible, voire même pas du tout.
Jessica : Donc technologie embarquée, c’est tous les… les gadgets électroniques qui vont permettre de faire un monitoring de l’état[3] de ces machines.
Romain : C’est tout à fait exact. On peut parler de gadgets, on peut aussi définir ça comme étant des ordinateurs de bord[4] parce que…
Jessica : Hm hm.
Romain : Même si c’est pas un ordinateur au sens où on… où on le connaît aujourd’hui avec un écran et un clavier, c’est… c’est malgré tout une boîte qui peut être faite en plastique ou en métal, à l’intérieur de laquelle se trouvent des… des micro-processeurs et des circuits imprimés qui sont là pour… recevoir des informations.
Jessica : Hm hm.
Romain : Dans certains cas, uniquement les stocker et dans certains cas les traiter déjà. Et puis également les transmettre. Et donc il y a l’infrastructure de… de stockage et de traitement, et puis il y a les… les systèmes de transmission. Donc ça, ça peut être… ça peut être des… en général ce sont des radios. Le plus souvent, ce sont des radios qui peuvent parler soit à des réseaux satellites, soit à des réseaux cellulaires, donc comme un téléphone.
Jessica : Hm hm.
Romain : Et puis, dans certains cas aussi, ça peut être l’équivalent d’un modem internet qui va transmettre son information par internet. Via des réseaux locaux, soit à l’intérieur d’une mine ou à l’intérieur d’une enceinte définie. Soit sur le… sur le réseau internet national ou régional, jusqu’à d’autres serveurs, où les informations sont reçues et traitées.
Jessica : D’accord. Donc tout ça, toutes ces informations, c’est pour informer de l’état des machines. Tu as mentionné déjà plusieurs fois donc les… les machines dans les mines. Est-ce que c’est ta spécialité ? Tu travailles dans l’industrie minière ?
Romain : Non on peut[5] pas dire que je travaille dans l’industrie minière. Il se trouve qu’en Australie, l’industrie minière a… a connu un… un boom économique ces… ces dix dernières années. L’Australie est en train d’en sortir aujourd’hui. Et l’industrie minière a… a conduit à l’innovation des technologies dans… dans les machines. C’était… c’était réellement un moteur de développement technologique.
Jessica : Alors, juste pour t’interrompre, tu as parlé d’un… d’un boom dans l’industrie minière, on parle de quel type de… de mine ? Parce que je… bon je sais que en Australie, il y a de l’or mais par contre, ça c’était dans les années 1850, la gold rush, la… la ruée vers l’or. Donc de quelle type de mine tu parles ?
Romain : Alors, toutes mines confondues[6]. Alors effectivement le gold rush a commencé en 1850. Mais il s’est poursui… et puis… il s’est poursuivi pendant… pendant très longtemps. Et puis les technologies ont beaucoup évolué. Les machines disponibles ont beaucoup évolué.
Jessica : Oui.
Romain : Et puis on a continué à prospecter et à exploiter des mines d’or. Et puis sont venues aussi se rajouter des mines de cuivre, des mines de zinc, de plomb. Tous les différents métaux qui sont utilisés dans l’industrie. Et puis le charbon, lorsqu’il a été découvert puis… puis généralisé partout dans le monde. Quand on a découvert qu’on pouvait… qu’avec le charbon, on pouvait aussi faire de l’acier… Les mines d’or/ les mines de charbon pardon se sont… à leur tour développées de… très très très vite.
Jessica : D’accord. D’accord. Toi tu as… donc je sais par l’histoire de Alice, que quand vous êtes arrivés en Australie, c’était justement pour travailler dans l’outback.
Romain : Oui.
Jessica : C’était dans… dans des mines justement ?
Romain : Mon… mon emploi à moi était dans un atelier qui entretenait des machines. Y compris[7] des machines minières.
Jessica : D’accord.
Romain : Je… en arrivant en Nouvelle-Ga… dans la Nouvelle-Galles du Sud[8], je travaillais pour un fournisseur d’équipement. C’est-à-dire que l’entreprise qui m’employait, un fournisseur spécialisé de… de machines…
Jessica : De machines ouais.
Romain : Qui les fabrique et qui les produit.
Jessica : Hm hm.
Romain : Le métier de… de l’entreprise qui m’employait c’était de les vendre et de les entretenir. Je fais le même métier ici, dans une entreprise qui est similaire. On peut… on peut dire qu’elles sont…
Jessica : Donc ici c’est à Melbourne en Australie.
Romain : Ici, c’est à Melbourne, absolument. Les… les deux entreprises sont… sont similaires. On vent la même marque d’équipement. Le… le… notre fournisseur principal ne vend ses machines qu’à travers un réseau exclusif de concessionnaires.
Jessica : D’accord.
Romain : Donc c’est soit un par état, soit un par pays. Voilà.
Jessica : Ouh ! Ah oui. Donc c’est… c’est presque un monopole… mais en même temps, ce sont des machines vraiment très spécialisées et… et industrielles.
Romain : Absolument.
Jessica : Ouais. C’est la marque… donc tu as envoyé une photo d’une des machines avec lesquelles tu dis jouer donc tous les jours. C’est CAT, c’est Caterpillar ?
Romain : C’est ça, c’est Caterpillar. C’est… c’est une entreprise américaine.
Jessica : Hm hm.
Romain : Le métier de Caterpillar, c’est de fabriquer des machines.
Jessica : Ouais.
Romain : Le métier de l’entreprise qui m’emploie, c’est de les vendre et de les entretenir. Voilà.
PART 2
Jessica : D’accord, ouais. Et alors… bon ça déjà, est-ce que tu peux me dire comment est venue cette vocation… parce que c’est… c’est pas un métier dont on entend vraiment souvent parler, on ne dit pas, je pense, quand on est petit, quand on a 6 ans : « Plus tard je voudrais réparer des machines de chantier. » Comment ça t’est venue cette idée de carrière ?
Romain : Alors, il se trouve que parmi mes… parmi mes jouets d’anniversaire, j’ai eu des machines de chantier.
Jessica : Oui, donc des grues[9], des tracteurs. Des choses comme ça ouais.
Romain : Absolument. Des… je me souviens d’une excavatrice et d’un… et d’un gros camion de chantier avec lesquels j’ai joué pendant… pendant très longtemps parce que c’était des jouets de très très bonne qualité… j’en ai d’ailleurs… il m’en reste un d’ailleurs avec lequel mes enfants jouent.
Jessica : Ah oui ! Hm hm.
Romain : Donc ça c’était quand j’étais tout petit et… et quand j’étais tout petit aussi, je voulais… je voulais être mécanicien. J’avais… j’avais pas particulièrement envie de[10] travailler que sur des engins de chantier, mais je savais que je voulais être mécanicien. J’ai fait mes études… et à la fin de mes études à l’Université, on m’a proposé… un projet de fin d’études dans une usine Caterpillar.
Jessica : D’accord et ces études, elles sont… c’était des études de mécanique ?
Romain : C’était des études d’ingénieur en mécanique.
Jessica : Hm hm.
Romain : Et donc… j’ai fait… j’ai passé un an dans une usine où… où je m’occupais pas du tout de mécanique d’ailleurs, je m’occupais de finance. Mais j’ai… en quelque sorte, je… c’est à ce moment-là que je suis tombé dans le bain de… de cette marque, de cette entreprise.
Jessica : Hm hm.
Romain : Et… à la fin de mon projet de fin d’études, j’ai pas travaillé chez Caterpillar mais je suis allé chez le… chez le concessionnaire français. C’est une entreprise qui s’appelle Bergerat Monnoyeur. Et… et j’ai travaillé pendant trois ans. Et au bout de trois ans, je me suis dit que… pour pouvoir… pour pouvoir faire correctement le métier que je faisais, qui était celui de… d’assistance technique, j’avais besoin et j’avais aussi envie de travailler sur les machines. C’est-à-dire de les réparer, de les démonter, de… de savoir exactement comment elles fonctionnaient intégralement… en ayant ce qu’on appelle une expérience hands-on, c’est-à-dire vraiment les mains dedans.
Jessica : Pratique.
Romain : Une expérience pratique, absolument.
Jessica : Hm hm.
Romain : Et être en contact avec… avec les machines. Et donc j’ai cherché un métier de mécanicien. Et en même temps, il se trouvait que c’était un… un moment pour… pour moi et ma famille où… où on s’est dit que ce serait peut-être l’occasion de… de changer d’air, et de découvrir un autre pays. Et… le même jour, j’ai postulé… pour un emploi en Australie et au Canada. Et c’est l’Australie qui a répondu la première. Et donc ils m’ont répondu assez rapidement et puis… en novembre 2006, je suis allé passer un entretien à Londres et… puis c’était une… l’entreprise était venue à Londres, l’entreprise australienne était venue à Londres pour faire une campagne de recrutement parce qu’ils arrivaient… ils arrivaient pas trouver des gens pour aller travailler dans l’outback.
Jessica : Ah oui.
Romain : Et donc ils sont… ils sont venus en Europe chercher à peu près qui[11] ils pouvaient.
Jessica : Hm hm.
Romain : Et donc en gros, l’entretien d’embauche était pas réellement un entretien très exigeant. Ils m’ont juste demandé si… si je voulais réellement faire ce métier et si je sentais que j’en étais capable.
Jessica : Oui, parce que c’est très isolé l’outback alors…
Romain : Oui, absolument.
Jessica : Tu parles de… de changer d’air. Alors pour le coup, c’était l’air brûlant de l’Australie ou l’air glacial du Canada. T’as eu des… des nouvelles de… du poste[12] pour lequel t’as postulé au Canada ? Tu l’aurais eu aussi ?
Romain : Non, je n’ai pas eu de réponse au Canada.
Jessica : D’accord.
Romain : Je pense que au moment où j’ai postulé au Canada, leur campagne de recrutement était… était terminée. Il se trouve qu’au Canada, ils ont des quotas d’immigration par… par emploi, par type de travail.
Jessica : Hm hm.
Romain : Et… en regardant un peu… un peu plus tard quand j’ai pensé éventuellement à… à vouloir aller m’installer là-bas, j’ai découvert que leur système de recrutement, enfin leur système d’immigration est un petit peu différent de celui de l’Australie. Même s’il est… même s’il est choisi également.
Jessica : Hm hm.
Romain : Ils ont des quo/des quotas et si… si tout au début de l’année, les… les quotas sont pas remplis, on peut encore y aller. Et puis au bout d’un certain temps, les… les quotas sont remplis donc on ne peut… on peut plus postuler[13].
Jessica : D’accord, ok. Donc petite parenthèse sur le… le Canada. Donc du coup… donc tu étais motivé, t’as passé l’entretien et tu es arrivé en… en Australie.
Romain : Absolument, on est arrivés[14] en Australie au mois de mai 2007. Et… et puis bah j’ai… j’ai travaillé comme mécanicien pendant quatre ans. J’ai gagné un… un diplôme de mécanicien australien, dont je suis particulièrement fier parce que…
Jessica : Bravo !
Romain : J’en[15] avais très très envie et… j’étais vraiment très content de… d’avoir ça. Et… et puis au bout de quatre ans, j’ai rencontré… j’ai rencontré un ingénieur qui s’occupait de… de sécurité des équipements dans les mines et qui était sur le point de prendre sa retraite et il m’a dit qu’il cherchait quelqu’un pour… pour l’aider et pour prendre sa succession donc… donc j’ai travaillé avec lui pendant… pendant un peu plus d’un an.
Jessica : Hm hm.
Romain : Et… et puis ensuite… ensuite, l’industrie minière a commencé à… à montrer des signes de faiblesse donc du coup, avec ma femme, on a décidé de venir s’installer à Melbourne.
Jessica : D’accord.
Romain : Et j’ai trouvé un emploi ici. Assez rapidement. Et… et donc depuis trois… depuis un peu plus de trois ans maintenant… je m’occupe de… de technologie sur les machines.
Jessica : Hm hm. Alors une question donc qui… me vient. Donc tu travailles… pour la marque Caterpillar et donc les… les entreprises ont des machines de cette même marque.
Romain : Oui.
Jessica : Et donc tu… tu monitor…donc tu… comment on va dire… comment on va dire en français ?
Romain : J’entretiens, j’entretiens leurs équipements.
PART 3
Jessica : Voilà, tu entretiens les équipements. Mais alors donc tu… donc l’entretien, c’est pour éviter qu’une machine tombe en panne, on est d’accord ?
Romain : Oui.
Jessica : Mais alors comment est-ce que l’entreprise qui… qui a acheté ou peut-être même loué la machine… comment est-ce qu’elle peut te faire confiance en quelque sorte dans le sens où tu es… tu travailles pour la marque et comment est-ce que… tu arrives à leur… peut-être… vendre ou faire réparer des… des pièces avant qu’elles tombent en panne ?
Romain : Hm hm.
Jessica : Est-ce qu’elles arrivent à évaluer donc l’importance de ces réparations donc la nécessité, par opposition à si tu étais par exemple indépendant ? Comment dire… voilà, par exemple un mécanicien, je vois quand on veut faire réparer sa voiture…
Romain : Hm hm.
Jessica : On sait jamais trop si les réparations sont vraiment vraiment nécessaires ou si il souhaite juste nous faire débourser un petit peu plus d’argent. Donc ça aide quand… quand c’est une personne indépendante… qui nous informe du fait de la nécessité de… de ces réparations. Tu vois ce que je veux dire?
Romain : Je vois absolument ce que tu veux dire.
Jessica : Ouais.
Romain : C’est… c’est une excellente question. La… la réponse est multiple bien entendu. Donc… à la base, c’est… ce qui est important, c’est l’information sur laquelle on travaille.
Jessica : Hm hm.
Romain : C’est-à-dire quels sont les éléments qui m’ont aidé à prendre la décision selon laquelle je vais dire il faut remplacer cette pièce-là. Préventivement, sachant que la machine fonctionne très bien.
Jessica : Oui.
Romain : Tout… tout part de… tout part de l’information à laquelle on a accès. Pour faire ça, l’infrastructure qui se trouve sur la machine, les systèmes de surveillance enregistrent beaucoup d’information… et nous la transmettent.
Jessica : Hm hm.
Romain : Et il y a chez nous des gens dont[16] le métier est de lire cette information, d’identifier des tendances… de relever des événements particuliers. Des événements pertinents qui indiquent que quelque chose dans le système est en train de se dérégler et conduira, si on ne fait rien, à une anomalie, à un défaut ou à un… ou à un incident.
Jessica : Hm hm.
Romain : Dans ces cas… dans ces conditions, on est fondés si le… si le… si le client nous le demande, on est fondés à… à le contacter et à lui dire : « Voici les éléments qu’on a depuis deux semaines, depuis une semaine ou.. ou depuis un mois… voici les indications qu’on a sur votre machine, il va peut-être se passer quelque chose ». Et après on peut conseiller, on peut indiquer, on peut lui… juste lui donner l’information et il peut l’analyser lui-même.
Jessica : Hm hm.
Romain : Et à partir de là, décider si il veut ou non entretenir ou… ou effectuer l’opération de maintenance. Tout… tout part bien sûr de… de l’accès à l’information et l’accès à l’information, il est d’abord pour le client et ensuite il est pour nous.
Jessica : D’accord donc ils ont accès à… à ces documents qui sont peut-être difficiles à… à lire et à… à interpréter pour eux. Mais donc du coup vous… vous leur garantissez la… la véracité de vos propos grâce à ces instruments de mesure en fait. Hm hm.
Romain : Absolument. Il se trouve que l’information qu’on… l’information qu’on reçoit des machines est disponible pour le client également. Elle est sur un interface utilisateurs qui… qui se trouve sur internet. C’est-à-dire que sur une page internet avec un accès sécurisé, un… un nom d’utilisateur et un mot de passe…
Jessica : Hm hm.
Romain : Le client a accès aux paramètres de fonctionnement de sa machine.
Jessica : D’accord.
Romain : Nous avons également accès à ces mêmes paramètres. Et le fabricant de la machine pour qui on travaille a également accès à… à ces paramètres. Ce qui signifie que lorsqu’on appelle le client en disant : « Votre machine va peut-être avoir un incident », le client est capable de vérifier ce qu’on lui dit. Toujours.
Jessica : Hm hm.
Romain : Nos équipements sont égal… les équipements, les équipements, les machines du client sont également des outils de production. Et dans ces… dans ces conditions, ils sont… ils sont très intéressés à… à acquérir toute la connaissance qu’il leur faut pour savoir comment elles fonctionnent.
Jessica : D’accord donc ils sont… un petit peu connaisseurs également…
Romain : Absolument.
Jessica : Sur leurs machines eux-mêmes. Oui, parce que… là je suppose qu’on parle pas de… de quelques dollars quand vous remplacez une pièce.
Romain : Absolument.
Jessica : C’est quand même des… des décisions qui ont un… un coût important.
Romain : Absolument.
Jessica : Je sais pas combien coûte une machine de chantier mais probablement très très cher ?
Romain : Entre 30.000… entre 30.000 et 5 millions de dollars.
Jessica : Oh ! Ouah, ouah !
Romain : Voilà.
Jessica : Et puis ça fait… ça fait une grande fourchette[17], c’est ça ouais.
Romain : Ça fait une grosse différence. Alors bien sûr il y a… par définition, on a… on a plusieurs types de clients. Donc il y a des clients qui n’ont… qui n’ont qu’une seule machine et le client est l’utilisateur et le conducteur de la machine.
Jessica : Hm hm.
Romain : En général, ces gens-là… contrôlent très bien leur budget et puis connaissent très bien leur machine. Une autre famille de clients possède entre deux et dix machines. Ces gens-là, en général, connaissent bien leurs machines. Parce qu’ils n’en ont pas beaucoup. Pas trop. Et puis ne font pas forcément tous la maintenance de leurs machines mais la font faire par quelqu’un d’autre. Pas forcément nous. Et puis dans certains… dans certains cas, font appel à nous pour entretenir la machine. Et puis ensuite, les clients ont des… des flottes d’équipement beaucoup plus importante et à ce moment-là, ils ont leur propres équipes de maintenance et c’est avec ces gens-là, avec les équipes de maintenance directement que nous, on travaille pour… pour faire fonctionner toute la… toute leur flotte d’équipement.
Jessica : D’accord. Ah oui très intéressant ces trois différentes like… types de profil pour les… les entreprises.
PART 4
Jessica : Et je me disais aussi en… en dehors du coût de… de réparation ou de maintenance… étant donné qu’on parle de… de machines de chantier et de machines qui vont… donc sous terre, donc dans les mines etc., il doit y avoir y avoir tout un aspect de responsabilité par rapport à la… la sécurité et aux vies humaines aussi.
Romain : Absolument. Il existe… il existe beaucoup de réglementations. En Nouvelle-Galles du Sud, elles sont particulièrement exigeantes essentiellement dans le… surtout dans les mines. Mais même… même les équipements qui fonctionnent… qui fonctionnent sur des… des chantiers… par exemple le… le développement de lotissements… les… les opérateurs et les… les donneurs d’ordre deviennent de plus en plus exigeants sur la… sur la sécurité des machines effectivement.
Jessica : Hm hm.
Romain : Et donc par définition, là encore on est capables de… d’offrir à nos clients des systèmes de sécurité, c’est-à-dire par exemple, une machine ne peut pas démarrer si… si c’est pas la bonne clé qui l’ouvre, une machine ne peut pas démarrer en dehors de certaines heures.
Jessica : Hm hm.
Romain : Si la machine est prise, par exemple sur un camion ou quelqu’un la vole et l’emmène dans un… dans une autre zone géographique, la machine ne démarrera pas. Et tout ça les… les donneurs d’ordre sont très intéressés parce que ça permet de… ça permet de limiter les coûts, ça permet d’éviter que les machines soient volées et ça fait que leur… leur qualité, leur coût et leurs délais sont… sont assurés.
Jessica : Et est-ce que ça t’est déjà arrivé que… donc un… une entreprise soit donc réticente à faire une réparation sur un problème qui pourrait vraiment donc mettre des… des vies en danger et dans ce cas-là, est-ce que vous avez une obligation de… est-ce que vous pouvez forcer la réparation ou peut-être la… la mise à pied de la machine ?
Romain : Non, pas pour des… pas pour des systèmes de sécurité. Dans… si… si c’est le cas, en général, le client lui-même a une obligation de sécurité et s’il n’est pas à jour dans… dans ce domaine-là, à ce moment-là il… il ne peut pas exercer son… il ne peut pas exercer son métier. Ou alors, il court un risque tellement… tellement grand que… il… il prendra pas… il prendra pas le risque et il fera… il fera la réparation sur sa machine.
Jessica : D’accord. Donc ça dépend pas de vous, c’est pas vous qui avez la responsabilité ?
Romain : Non, nous… nous la seule chose contre laquelle… la seule chose qu’on… qu’on peut faire, c’est recommander en disant attention… par exemple une machine qui est sous garantie[18]… si vous prenez telle ou telle initiative, à ce moment-là, la machine ne sera plus couverte en garantie. Ça veut dire que si elle a un accident ou si elle est détruite…
Jessica : Ouais.
Romain : Vous… vous ne serez pas couvert parce que la… la machine ne fonctionne pas selon ses caractéristiques nominales.
Jessica : D’accord. Donc vous… vous vous dégagez… ce qu’on appelle se dégager de… des responsabilités en fait.
Romain : Absolument.
Jessica : Hm hm. Hm hm. Alors quels sont les plus… les plus grands challenges, les plus… les plus grandes difficultés dans le fait de travailler dans cette industrie pour toi ?
Romain : Les plus… le plus grand… le plus grand défi, c’est de… c’est de trouver des structures de stockage d’information. Parce que aujourd’hui, tout ce qu’on… tout ce qu’on appelle big data, c’est… c’est toutes les informations qui sont générées par tous les objets qui sont connectés aujourd’hui. Les voitures etc. Tous… tous les systèmes génèrent énormément, énormément d’information. Donc il faut… c’est… il y a déjà un défi en soi, c’est de stocker cette information.
Jessica : Hm hm.
Romain : Ensuite, le défi suivant qui est… avec lequel je suis plus en… en contact, c’est celui de savoir lire… la… le signal à travers le bruit. En… en transmission d’information… le… le signal qui… qui a de la valeur, c’est… on l’appelle le signal proprement dit, et ce qu’il y a tout autour, qui n’a pas d’intérêt, on l’appelle le bruit. Et le… le défi principal, c’est de… c’est de savoir écouter le… écouter le signal au milieu du bruit.
Jessica : Donc en fait de… de décoder ou de réussir à percevoir le problème parmi la masse d’informations qui… qui sont traitées.
Romain : Exactement.
Jessica : Hm hm. Et pour finir, parce que oui ça fait déjà presque 25 minutes qu’on… qu’on discute. Est-ce que… qu’est-ce que tu trouves à l’inverse le plus passionnant dans… ton métier ? Parce que tu es clairement très passionné et très… on va dire… oh, je perds mon français aujourd’hui !! « Knowledgeable[19] » sur ce que tu fais. Qu’est-ce qui… qu’est-ce qui t’enthousiasme le plus ?
Romain : Ce qui me plaît le plus, c’est de pouvoir convaincre un client, sur la base d’une expérience réussie dans le… dans le passé. C’est-à-dire que on… on a eu la chance, dans les… dans les deux dernières années, avec… avec l’évolution des produits, avec le… l’expérience qu’on a eue avec eux… de… de pouvoir sauver certaines machines de… de graves accidents.
Jessica : Hm hm.
Romain : Graves accidents, je parle pas de graves accidents corporels ou… c’est juste le… par exemple, le moteur aurait pu exploser et nos… notre accès à l’information et notre traitement de l’information a réussi à éviter ça et à sauver la machine. Après ça… après ça, le client… le client est tellement content quand on… quand il réalise ce qu’on lui a évité…Il hésite pas à en faire publicité auprès de… auprès de qui on veut. Et ces clients-là sont… sont également volontaires pour aller témoigner auprès d’autres clients qui sont un peu réticents etc. Et convaincre… convaincre les clients les plus réticents avec une… avec une histoire pertinente pour eux, c’est… c’est très satisfaisant.
Jessica : Ouais, gratifiant…
Romain : C’est très gratifiant.
Jessica : Et donc d’avoir su déceler les… les signes qu’auraient pu éviter donc une… un gros… une grosse perte…
Romain : Une grosse panne ouais.
Jessica : D’argent en fait. Donc on peut dire en fait que tu es le… tu es un docteur ou un vétérinaire de machines.
Romain : Oui, en quelque sorte.
Jessica : Et voilà. Et tu aimes bien pouvoir faire les diagnostics avant qu’il ne… qu’il ne soit trop tard.
Romain : Ouais, absolument.
Jessica : Ouah ! Très bien. Ben merci beaucoup pour cette petite incursion dans… un sujet vraiment… tout à fait différent de… de ce que les… les auditeurs ont l’habitude d’écouter. Parce que c’était une… une partie donc plus… plus technique sur… sur un monde qui est probablement inconnu de… de la plupart d’entre nous.
Romain : Avec plaisir.
Jessica : Donc merci de nous avoir fait découvrir donc… la… l’ingénierie mécanique des machines de chantier, Romain.
Romain : Avec plaisir Jessica.
Jessica : A bientôt, au revoir !
Romain : A bientôt, au revoir !