Best Jobs in the World Candidate and Crepe-Maker Aude Mayans
PART 1
Jessica : Aude Mayans, bonjour, bienvenue sur French Voices !
Aude : Bonjour, merci de… de parler avec moi aujourd’hui.
Jessica : Merci de prendre un petit peu de temps pour… pour cette discussion. Alors toi tu fais partie de ces nombreux Français qui ont élu domicile en… en Australie aujourd’hui. Alors par contre l’histoire de ton arrivée en Australie est particulièrement atypique. Est-ce que tu pourrais la raconter ?
Aude : Oui, bah en fait j’avais décidé de partir en Australie et… j’ai entendu à la radio une pub[1] pour la… la compétition Best Jobs in the World qui… s’était déjà fait quatre ans avant. C’était un super job à gagner en tant que gardien d’île paradisiaque avec un très bon salaire à la clef[2].
Jessica : Hm hm.
Aude : Et donc je me suis dit ah bah ça tombe bien, je veux aller en Australie… il y a cette compétition, et j’ai postulé, j’ai fini par être une des finalistes pour cette compétition donc c’est… l’Office du Tourisme australien qui m’a fait venir en Australie pour participer à la finale de cette compétition.
Jessica : Alors, ça c’était en… en quelle année ?
Aude : C’était… ah bah il y a trois ans maintenant, donc en 2012 non ? Non 15, maintenant, on est en 2016. Donc 2013.
Jessica : D’accord. Alors, bon. Le titre « Best Jobs in the World » est assez attrayant en lui-même mais… à part donc ta… ton envie déjà de… d’aller en Australie, est-ce qu’il y a d’autres choses qui t’ont donné envie de… de participer à cette compétition ? Et aussi quels… quels sont les points forts, les atouts que tu as mis en avant ?
Aude : Bah c’est vraiment la compétition. C’est vrai que c’était l’opportunité vraiment juste au bon moment. Et c’était assez excitant de participer à ça puisque c’était une compétition internationale, c’était fun… le début, c’était faire… fallait faire une vidéo de 30 secondes en expliquant pourquoi on serait le meill/le meilleur candidat pour le… le meilleur job du monde.
Jessica : Hm hm.
Aude : Et donc c’était une façon… je l’ai fait un peu à la rigolade avec des amis, j’ai fait/écrit un petit scénario et on s’est/on a filmé ça et je pensais vraiment pas que ça allait aller jusque… jusqu’aussi loin que la finale et… mais bon après il y avait beaucoup de travail à faire donc j’ai surtout mis en avant le fait que je pouvais rassembler les gens sur les réseaux sociaux, trouver des… des gens connus pour soutenir ma campagne etc., c’était vraiment le but de… de montrer qu’on était fort en… en réseaux sociaux et marketing et promotion du pays. Puisque c’était vraiment le but en fait du Meilleur Job du Monde, c’est promouvoir l’Australie pour… et pour moi, c’était pour la France.
Jessica : Voilà, donc toi… donc tu as parlé d’une… d’une année où… le… le finaliste était gardien d’île…
Aude : Oui.
Jessica : Quel était le… le job à la clef[3] pour… pour cette année-là, où tu as participé ?
Aude : Pour cette année en fait, il y avait plus qu’un seul job, donc c’est ça qui était attrayant aussi. Il y avait plus[4] de chances de gagner puisque il y avait… je crois que c’était au total six jobs. Pour les différents états australiens et celui pour lequel j’ai postulé, c’était celui d’aventurier dans l’outback. Donc pour l’état du Territoire du Nord.
Jessica : Ouais, qui est magnifique. Tu es… tu étais déjà allée en Australie avant ?
Aude : J’étais déjà allée en Australie avant, dont dans l’outback et j’avais vraiment aimé. Et je pense que… quand j’ai vu le titre, c’est celui qui me correspondait le plus en fait, aventurier de l’outback, ça me… ça me disait bien (rires).
Jessica : Donc six jobs à la clef, ça… ça accroît[5] tes chances de succès.
Aude : Oui, voilà.
Jessica : Il y avait combien de candidats au départ ?
Aude : Oh au départ, je crois que c’était… il y avait plus de 100.000 candidats, je me souviens plus du chiffre. Ça fait un… un bout de temps maintenant mais… c’était des candidats de 150 pays et il y en avait des milliers et des milliers.
Jessica : Ouah !
Aude : Donc c’était vraiment… je pensais vraiment pas arriver là où je suis arrivée avec tous ces gens qui voulaient… qui avaient le même objectif.
Jessica : Hm hm. Donc tu as… tu as dit que… donc tu avais mis en avant ta capacité à utiliser les réseaux sociaux etc. Mais alors comment est-ce que… eux, ont… sur quoi ou comment se faisait la sélection des candidats ? Quelles étaient les différentes étapes à travers lesquelles tu as du passer en fait ?
Aude : Bah la première étape, la vidéo, je pense que c’était surtout au niveau de la créativité. Ils cherchaient des gens créatifs avec une personnalité, des bonnes idées qui… montrent qu’ils connaissaient un peu l’Australie, et qui étaient capables de la promouvoir. Et ensuite, après ça, c’est là que les étapes devenaient vraiment de plus en plus dures, où là fallait vraiment monter une grosse campagne de communication auprès des médias, avoir le plus de médias nationaux voire internationaux.
Jessica : Hm hm.
Aude : Et pour ça je passais… je dormais quasiment plus[6], je passais mes jours et mes nuits à envoyer des e-mails[7] à toutes les… tous les journaux, télévisions, radios etc. pour essayer de faire parler de moi et pour pouvoir avoir du contenu à leur montrer. À envoyer à Tourism Australia.
Jessica : Ouais.
Aude : Et donc ça, c’était vraiment l’étape très dure où il fallait trouver aussi des personnalités donc c’est pareil, j’ai contacté tous les aventuriers possibles et imaginables. Et j’ai eu la chance d’avoir Denis Brogniart qui est / représente quand même avec « Koh Lanta », l’esprit d’aventure etc. Donc ça c’était vraiment bien de l’avoir en parrain de ma campagne.
Jessica : Alors Koh Lanta, pour préciser pour les… les auditeurs, donc c’est un programme de télé-réalité qui est un petit peu comme… c’est l’équivalent en français de…
Aude : C’est « Survivor ».
Jessica : « Survivor Island », voilà, voilà. Et donc c’est l’animateur de cette émission de télévision. Oui, j’allais te demander parce que j’ai vu sur… sur ton site, qui s’appelle The Next Outback Adventurer, comment tu avais approché donc certaines de… de ces personnes qui sont assez connues et qui te sponsorisent donc c’est… en passant des nuits sur internet à… à faire des e-mails quoi.
Aude : Voilà, c’est ça !
Jessica : C’est ça.
Aude : Ouais, j’ai envoyé énormément d’e-mails, j’ai essayé tous les moyens. Si, il y a des gens que je connaissais qui avaient des contacts etc. Et au final, j’ai eu la chance de… j’ai été interviewée pour le… le journal du soir, le 20h de TF1[8].
Jessica : Ouais.
Aude : Et du coup, j’ai demandé aux journalistes qui… qui m’ont interviewée, ils sont venus au Trocadéro, j’étais déguisée en kangourou pour le 1er mai (rires) et je distribuais des brins de muguet[9] aux passants en sautant sur la… la place du Trocadéro[10].
Jessica : Ouais.
Aude : Et je leur ai demandé s’ils pouvaient demander à Denis Brogniart… voilà, s’il pouvait y avoir moyen de le contacter et… grâce à ça, j’ai pu… j’ai pu le contacter.
Jessica : Ah super ! Donc, ça te demandait aussi beaucoup de… enfin d’audace et de… de pas être timide quoi.
Aude : Ah ouais, c’est sûr il fallait vraiment… ah bah non, je suis allée… avec mon déguisement de kangourou, je suis allée dans le métro, j’ai escaladé des statues dans Paris, la place de la Nation, j’ai… monté[11] sur la statue pour faire des photos, des vidéos marrantes parce que je pense que c’est ça qu’ils attendaient.
Jessica : Hm hm.
Aude : Vraiment des gens un peu… ouais, à l’esprit créatif et qui… osaient faire des choses… voilà, des petites actions.
Jessica : Ouah ! Donc tu fais partie des six qui ont… qui ont décroché un ticket pour l’Australie.
Aude : Ouais, c’est ça. On était trois en fait à chaque… pour chaque job. Au final, donc la… il y avait une première sélection, je crois que c’était une trentaine de personnes… après les vidéos et ensuite, suite à cette campagne, je crois qu’on est… on tombait encore à un plus petit chiffre et ensuite, on était au final trois. Donc il y avait moi, un Irlandais et un Américain…Qui ont décollé pour Sydney pour la finale et ensuite pour le Territoire du Nord pour faire pareil, un petit tour dans le territoire du Nord pour qu’ils nous testent un petit peu… sur place.
Jessica : Et alors pendant cette année-là, qu’est-ce qui t’es… qu’est-ce que tu as eu l’occasion de à faire ?
Aude : Bah du coup… donc j’ai pas gagné le job, c’est un… l’Irlandais qui a gagné au final mais on a eu de la chance parce que… ils ont… ils nous appréciaient tous les trois dans le… dans le territoire du Nord et ils nous ont quand même offert un mois de Meilleur Job du Monde ! Donc malgré tout, moi et le… mon ami américain, on a été embauchés pendant un mois pour faire le tour de toutes les super attractions qu’il y a à faire dans le territoire du Nord.
Jessica : T’étais payée pour ça ? C’est dur hein ?
Aude : Oui, j’étais payée pour… (rires) faire des… des tours en chameau devant Uluru, nager avec les…
Jessica : Ouah !
Aude : Les crocodiles (rires). Aller dans les parcs nationaux. Faire de… non, c’était vraiment super. C’était vraiment une chance de… même sans avoir gagné de… finalement avoir gagné quand même… de faire… de faire ce job pendant un mois.
Jessica : Hm hm.
PART 2
Aude : Et après ça en fait, j’ai voyagé en Australie un peu partout, j’ai des… je suis allée dans le Western Australia[12] et ensuite en Australie du Sud et… pour arriver en Tasmanie où mon ami américain qui était finaliste pour le… le job d’aventurier de l’outback a finalement été embauché en Tasmanie pour faire ce job là… de représenter la Tasmanie dans les réseaux sociaux.
Jessica : Ah, mais c’est comme ça que vous… c’est comme que tu es arrivée en Tasmanie ?
Aude : C’est comme ça que je suis arrivée en Tasmanie en fait, puisqu’on était très bons amis avec les deux autres finalistes… vraiment on s’était très bien entendus… je me suis dit oh bah je vais aller voir mon ami Graham en Tasmanie. Donc j’avais pas encore visité la Tasmanie donc je suis descendue le voir et finalement je suis jamais repartie.
Jessica : Et donc c’est lui qui est ton compagnon actuel[13] ?
Aude : Non, non lui c’est vraiment un ami. J’ai rencontré mon compagnon après au cours de mes voyages, donc je suis restée avec mon ami Graham un peu. Et ensuite, j’ai voyagé, j’ai fait du… pas mal de wwoofing pour avoir ma deuxième année de Visa Vacances Travail, pour faire mes 90 jours…
Jessica : Tu peux expliquer ce que c’est le… le wwoofing ?
Aude : Oui, le wwoofing, c’est… donc c’est du travail, pas bénévole mais en échange du… du logement et de la nourriture. On travaille quatre heures par jour, souvent dans des fermes puisque c’est des fermes qui ont besoin de main d’œuvre et comme ça, c’est bien pour les backpackers qui veulent avoir leur deuxième année de visa même si maintenant la… la loi a changé et on peut plus faire ça, il faut que ce soit un travail rémunéré.
Jessica : Ok.
Aude : Mais pour moi, c’était vraiment super de pouvoir faire ça puisque ça laisse du temps… on travaille que trois, quatre heures par jour et ça laisse du temps pour visiter après. Donc j’ai fait ça un peu et j’écrivais un peu aussi en… en tant que journaliste freelance pour le blog http://www.australia-australie.com .
Jessica : Hm hm.
Aude : Et pour ce blog-là, je faisais des articles sur les jobs un peu atypiques, les jobs sympas à faire en Australie. Et donc là, en Tasmanie, j’ai fait un… un article sur la pêche aux ormeaux qui est typique pour la Tasmanie. Et du coup je suis allée sur un bateau. C’est là que j’ai rencontré mon compagnon qui était un des pêcheurs d’ormeaux, qui était sur le bateau.
Jessica : Ah ! Alors, ormeaux, c’est… est-ce que c’est abalone ?
Aude : Oui c’est abalone en… anglais. Donc c’est abalone diving. Puisque il faut plonger en fait pour pêcher les ormeaux c’est… ils sont accrochés aux… aux rochers, près des falaises, sur les côtes tasmaniennes. Et du coup, il faut plonger avec un couteau pour les retirer du… des rocs.
Jessica : Ouais. D’accord, ouais. Oui, le nom me semblait familier et si… vous écoutez French Voices, c’est peut-être le cas aussi… dans l’interview de… de Serge, donc le virologiste québécois[14], il parlait des… des ormeaux également. Donc allez… allez consulter cet épisode, je mettrai le… le lien dans les show notes. Donc tu as eu l’occasion de… de faire différents petits boulots en… en Australie ? Est-ce que tu as d’autres exemples ?
Aude : Bah ce que j’ai… à Perth, j’avais travaillé dans une… une boutique de macarons en fait. C’était une entreprise de jeunes Français qui avaient lancé une… une marque de macarons, qui avaient plusieurs boutiques dans Perth donc ça m’avait bien plu, j’ai travaillé avec eux. On mangeait plein de macarons.
Jessica : Ouais (rires).
Aude : C’était très bien. Et en Tasmanie…
Jessica : T’as appris à les faire également ?
Aude : Non. Non, non. Je les vendais. J’aurais bien aimé apprendre à les faire mais j’ai pas eu l’occasion. Et… qu’est-ce que j’ai fait ensuite… bah oui, j’ai travaillé pas mal, surtout en Tasmanie en fait dans un B&B, donc là j’aidais au service, à la cuisine etc., au ménage… j’ai travaillé dans une ferme de cochons…Où… là c’était vraiment… ouais, c’était intéressant parce qu’ils faisaient tout… ils élevaient les cochons et puis ensuite, ils les amenaient à l’abattoir,[15] ils les transformaient. Et ensuite ils vendaient la viande sur les marchés donc il y avait vraiment toute la chaîne de… de A à Z. De l’animal à la nourriture dans le… comme ils disent : paddock to plate. Donc c’était vraiment la… l’expérience, une bonne expérience. Et c’est maintenant des amis, je travaille régulièrement pour eux quand ils ont des événements où ils ont besoin de… de personnel[16]. Donc là, j’ai travaillé pour des festivals pour eux, là, juste il y a deux semaines pendant le Jour de l’An.
Jessica : D’accord.
Aude : Pour le Falls Festival et le Taste of Tasmania, qui est un gros… gros événement ici, à Hobart. Et c’est vrai que j’ai… c’était bien de varier toutes ces expériences. Après le Best Job, c’était… ça me changeait, c’était vraiment…
Jessica : Ah oui, t’en as fait des choses… bon alors du… de la ferme aux cochons, aujourd’hui maintenant tu…
Aude : Je fais des crêpes.
Jessica : Tu fais des crêpes !
Aude : Ouais !
PART 3
Jessica : Alors pourquoi des crêpes et puis est-ce que tu… c’est ce que… c’est déjà ce que tu faisais avant de quitter la France ? Qu’est-ce que tu faisais d’ailleurs ?
Aude : Avant de quitter la France, c’est pas du tout ce que je faisais puisque j’étais… j’ai travaillé dans l’édition et mon der/mon dernier job avant de partir, c’était de… à l’Association Internationale des Libraires Francophones. Donc c’était les libraires France à l’étranger. D’ailleurs il y a une… un de vos interviewés, Jacques Bernard[17], qui tient la librairie Le Forum à Fremantle chez qui je suis restée pas mal de temps puisque c’était un ami, je le connaissais de… de ce travail-là.
Jessica : Oui, alors Jacques Bernard, épisode 13 de French Voices, si vous voulez écouter. Il sillonne l’Australie avec son van pour faire découvrir… donc les… les livres et le français…
Aude : Ouais, il a un super job, lui aussi.
Jessica : Ouais, ouais, super. Donc je mettrai aussi le lien. Oui, c’est lui qui nous a donc mis en contact en fait. Merci Jacques si tu écoutes. Oui, continue.
Aude : Oui, merci Jacques. Et du coup, les crêpes en fait… je m’étais… pour… je ne sais pour quelle raison, je m’étais toujours dit, si je m’installe à l’étranger quelque part, ben je ferai des crêpes parce que… j’aime ça, tout le monde aime ça en général, c’est facile de le faire avec des ingrédients locaux, peu importe où[18] on est dans le monde.
Jessica : Hm hm.
Aude : Et donc quand c’est devenu sérieux avec mon copain, qu’il fallait envisager une carrière à faire en Australie, en Tasmanie, bah je me suis bon bah je vais me lancer dans les crêpes. Donc je suis rentrée en France et je me suis formée à l’école des maîtres-crêpiers de Rennes. Parce que comme c’était pas du tout… j’ai jamais travaillé dans la restauration, dans la cuisine.
Jessica : Hum.
Aude : C’était vraiment important pour moi d’avoir une vraie formation… qui soit un peu plus légitime.
Jessica : Et en France. Ouais.
Aude : Et en France, ouais, voilà. Et là où… parce qu’en plus, étant parisienne… c’est pas comme si j’étais Bretonne avec une tradition familiale donc je me suis dit voilà. Apprendre là où… là où je pourrais faire des bonnes crêpes, faire quelque chose de bien.
Jessica : Ouais.
Aude : Et donc j’ai suivi cette formation, je suis rentrée en Tasmanie, j’ai lancé mon… mon business qui s’appelle Miam French Crêpes. Et donc je fais les marchés, les événements etc. J’ai pas de… on me demande souvent si j’ai une… un restaurant, une boutique. Pour l’instant, ça me plaît bien d’avoir la liberté de faire travailler les événements… sur les événements auxquels je vais travailler. Et pouvoir avoir des vacances quand je veux.
Jessica : Hm hm.
Aude : Parce que après avec une boutique, il faut être là en permanence.
Jessica : Voilà, donc pas de point fixe. Mais alors comment on fait pour te trouver et savoir où est-ce que tu vas faire tes crêpes ?
Aude : Ah bah j’ai mon site www.miamfrenchcrepes.com où je mets chaque… où j’essaie de mettre où est-ce que je vais être dans les semaines à venir. Et puis sur mon… ma page Facebook, c’est vraiment ça… sur la page Facebook Miam French Crêpes, où je mets chaque semaine où est-ce que je vais être. Donc là, cette semaine par exemple, ça va être sympa. Je fais un… le Tasmanian Circus Festival… Festival de cirque. Donc c’est ça que j’aime bien dans mon job aussi, ouais… c’est l’occasion aussi d’aller à des super événements. Bon même si je vois pas grand-chose en général (rires).
Jessica : Oui, finalement !
Aude : Je finis par être… ouais. Mais c’est être dans l’atmosphère, cette atmosphère-là, où les gens sont détendus, c’est une bonne ambiance. C’est vraiment sympa, ça change de… du travail de bureau, d’envoi d’e-mails ou de… téléphone. Il y a le contact avec le public vraiment, c’est ça que j’aime bien.
Jessica : T’as eu une overdose d’e-mails un petit peu avant d’arriver en Australie ?
Aude : Voilà, c’est ça. Oui, puisque le… le job à la… avec la… l’Association Internationale des Libraires Francophones, c’était pas mal… travail… on était que deux, en fait, salariés donc on travaillait beaucoup de chez nous et il y avait pas beaucoup de contact humain puisque les libraires francophones à l’étranger évidemment pouvaient pas se déplacer tous les quatre matins[19] à Paris.
Jessica : Hm hm.
Aude : Donc c’était un grand changement et c’est vrai que c’est appréciable de pouvoir communiquer avec les gens… voir le résultat de son travail aussi tout de suite puisque les gens viennent, ils sont là : « oh c’était super bon… (rires). Merci beaucoup ! »
Jessica : Ils en reprennent une deuxième.
Aude : Ouais, il en reprennent une deuxième et puis ils essaient de placer les mots de français qu’ils connaissent un peu. Alors, c’est sympa, j’aime bien aussi essayer de parler… je dis souvent « bon appétit », « bonjour » (rires)… pour essayer de faire parler les gens… les faire parler français un peu. C’est marrant[20].
Jessica : Ouais c’est vrai qu’ils aiment bien, ouais, ouais. Alors, juste pour préciser donc ton… ta petite entreprise s’appelle donc Miam French Crêpes… miam c’est donc… c’est le… c’est yum, yummy.
Aude : Yum, ouais.
Jessica : Voilà, donc c’est… le… le petit bruit qu’on fait quand on apprécie vraiment quelque chose. Et elles sont très « miam » hein, parce que… on est allés à Hobart (rires) seulement une fois donc il y a quelques mois, et je… j’avais regardé où tu étais pour pouvoir… donc me présenter à toi et on avait acheté des crêpes. Je crois que tu… je crois que j’avais pris la… la home made lemon curd. Ouais.
Aude : Ah ouais ! Avec les citrons du jardin.
Jessica : Ah oui, oui, oui. Et puis tu faisais des produits un peu locaux, je crois qu’il y avait des crêpes avec du miel de Tasmanie aussi ?
Aude : Oui, du miel de Tasmanie. J’essaie d’utiliser… bah à chaque fois, la majorité de mes ingrédients… que ce soit la farine, les œufs, j’essaie d’a… d’acheter local avec vraiment des produits de… de qualité et locaux. Et voire des… la confiture de… de framboises que je fais par exemple, c’est des framboises du jardin, avec les citrons du jardin aussi pour la lemon curd.
Jessica : Ah, tu fais la confiture toi-même aussi ?
Aude : Oui, en fait c’est un… j’ai un deal avec mon… mes beaux-parents[21] qui font la… qui ont les framboises et font la confiture en échange, je leur amène[22] des crêpes régulièrement.
Jessica : Ah bah c’est un… un bon échange !
Aude : C’est un bon deal ouais (rires).
Jessica : Alors, quelle est la… la crêpe ou la galette qui est la… la plus populaire et puis toi personnellement, quelle est… quelle est ta crêpe préférée ?
Aude : Je crois… les plus populaires, c’est vraiment le nutella, je pensais pas que ce serait aussi populaire qu’en France mais c’est très populaire. Et la caramel beurre salé aussi.
Jessica : Ouais.
Aude : Ça marche très bien. Et… ouais, moi ma préférée… celle avec laquelle je démarre en général la journée, c’est le Nutella. Quand je fais un marché… c’est pas à chaque fois hein, heureusement mais quand je fais un marché, j’ai Nutella ou alors j’aime bien la confiture de framboises aussi. C’est vraiment très bon.
Jessica : Alors, la Tasmanie, juste pour revenir un petit peu dessus, tu… tu as l’air vraiment très très heureuse là-bas. On … on peut dire ça.
Aude : Ouais.
Jessica : C’est vraiment au sud pour le coup. Je voulais préciser que… alors c’est pas… c’est pas vraiment connu, même des… des Français, certains se demandent est-ce que c’est un pays, est-ce que c’est en Afrique ? Non, c’est pas la Tanzanie.
Aude : Oui, voilà c’est ça. On m’a dit plusieurs fois : « alors comment ça va en Tanzanie ? »
Jessica : Ouais, on échoue pas par hasard en… en Tasmanie en tous cas. Le… la seule chose qu’on connaît finalement… je ne sais pas pour les… les personnes qui nous écoutent, si vous avez des… des représentations de la… de la Tasmanie. La seule chose que je connaissais de la Tasmanie avant de… de savoir déjà que c’était un état, un état d’Australie, c’est le… le diable de Tasmanie. Avec donc Taz des… des Looney Tunes qui ne ressemble d’ailleurs en rien…
Aude : Qui lui ressemble pas du tout ouais (rires).
Jessica : Au vrai diable de Tasmanie.
Aude : Les vrais diables de Tasmanie font pas de spirales dans les airs !
Jessica : Oui ! Et puis même physiquement, c’était… c’est pas du tout ça !
Aude : Pas du tout. Ouais, c’est vrai que on sait pas grand-chose de la Tasmanie mais c’est un… ça gagne vraiment en popularité. Là, l’année dernière… où je crois que le Lonely Planet a dit que c’était l’une des dix îles à visiter… les top 10 des îles à visiter en 2016.
Jessica : Ah oui !
Aude : Il y a eu plusieurs mentions comme ça. Ils ont gagné plusieurs awards dans le domaine du tourisme. Et vraiment le pourcentage… je crois que c’est l’état en Australie dont le… le pourcentage de tourisme grandit le plus vite.
Jessica : Se développe le plus vite…
Aude : Ouais, se développe. C’est des… à deux chiffres je crois. Et donc ça… ça gagne en popularité vraiment ces dernières années. Là notamment grâce au… au Museum of Old And New Art, le MONA qui est vraiment…
Jessica : Le MONA, ah oui, qui est extraordinaire hein. Très, très excentrique. Ouais.
Aude : Voilà, c’est vraiment original et ça attire des gens vraiment à l’international. Et ça… apparemment de ce que me disent… donc moi j’ai pas vécu à Hobart depuis si longtemps que ça. Ça fait deux ans. Mais les gens qui y ont vécu depuis longtemps, ils disent, ça a vraiment changé, la face de la Tasmanie et de Hobart, c’est beaucoup plus, ouvert…
Jessica : Ah oui !
Aude : Disons, oui. Donc…
Jessica : Et toi qu’est-ce qui te plaît le… le plus en Tasmanie ?
Aude : Moi ce que j’aime vraiment c’est le fait que on puisse… à Hobart, déjà c’est une très jolie ville qui est… j’aime bien la taille de Hobart. Une capitale mais qui fait pas capitale, qui est vraiment plus ville de province. Et il y a plein de choses à faire et… qu’on puisse conduire une heure en dehors de Hobart et on est dans un parc national à pouvoir faire des marches au milieu de la forêt, dans la montagne… autour de lacs et puis les plages partout, des superbes plages avec pas grand monde dessus. Bon c’est vrai que même en été, elle est pas très chaude l’eau mais… c’est quand même magnifique. Donc tout ça, ça me change de la vie parisienne.
Jessica : C’est vrai, c’est très sauvage. Quand on y est allés, c’était juste pour trois jours ou… Ça me faisait penser un petit peu à… à l’Irlande ou à l’Écosse. Enfin, c’est des paysages très très pittoresques.
Aude : Ouais.
Jessica : Et ça gagne vraiment à être… oh, c’est un peu à double tranchant[23] j’allais dire. Ça gagne vraiment à être connu, en même temps si ça devient très touristique, ça pourrait aussi perdre de son charme.
Aude : Oui, exactement, c’est ça le… Ouais, c’est un peu le dilemme et c’est vrai que là ce qui est appréciable, c’est que même si les endroits sont superbes, mais c’est jamais, même en haute saison touristique, comme maintenant là janvier, février, c’est vraiment la haute saison[24]… et il y a jamais une plage avec… blindée[25] de personnes (rires). C’est toujours… il peut y avoir des superbes plages, il y a trois personnes dessus. Même en haute saison. C’est ça qui est appréciable, ouais. En espérant que ça risque pas de trop… trop changer. Même si la… la Tasmanie devient de plus en plus populaire.
Jessica : Et alors tu sembles avoir beaucoup voyagé. Si c’était pas en Tasmanie, où est-ce que tu penses que tu aurais posé tes bagages ?
Aude : Oh vraiment ça aurait pu être n’importe où parce que je suis… je m’adapte assez facilement à n’importe quel milieu. Donc il se trouve que la Tasmanie, moi je suis vraiment contente d’y vivre, je suis sûre que j’aurais été contente de vivre, même dans le Western Australia ou à Sydney ou… je suis pas vraiment difficile[26] donc je pense que ça aurait pu être n’importe où où il y aurait eu une opportunité.
Jessica : Mais en Australie en tous cas ? Tu…
Aude : Ah en Australie ou ailleurs hein. Même si là, il y avait une opportunité qui se présentait dans un autre pays, si… mon copain… son job de… là, son… son job de pêcheur aux ormeaux fait que de toute façon lui, c’est en Tasmanie.
Jessica : Ah oui.
Aude : Il y a pas beaucoup d’endroits où il peut faire ça mais… si il y a une opportunité d’aller ailleurs, moi je suis sûre que ça me… je suis toujours ouverte à… aux voyages donc… ouais. Ça me…
Jessica : Toujours partante !
Aude : Toujours partante.
Jessica : Tu prends ta crêpière sous le bras et tu peux t’installer n’importe où.
Aude : Voilà, exactement ! (rires)
Jessica : Et… et quand t’es pas en train de faire des crêpes, qu’est-ce que tu aimes faire ?
Aude : Ah ben j’aime bien marcher justement. Aller dans les parcs nationaux, voir ce que la Tasmanie a à offrir parce que même si je suis là depuis un certain temps, il y a toujours plein de choses à voir. Sur des… c’est pas un grand… un grand état en superficie, mais il y a vraiment beaucoup de choses à voir. Et donc j’aime bien aller… aller autour. J’ai plusieurs amis qui aiment bien marcher aussi donc on essaie de faire des randonnées régulièrement. Aller voir les parcs… les parcs nationaux et puis les parcs animaliers aussi j’aime bien. Aller voir les diables de Tasmanie. J’ai fait du… du bénévolat dans un… un parc de protection pour les diables de Tasmanie. Il y a vraiment plein de choses à faire ici.
Jessica : Ah oui. Parce que les diables de Tasmanie, on peut mentionner également qu’ils sont… ils sont menacés en fait.
Aude : Ouais.
Jessica : Par une… une tumeur au visage qui décime la population. Ouais, ouais.
Aude : Oui, il y a 90 % de la population qui avait disparu mais là c’est bien, ça reprend. Donc…
Jessica : Oui, ça reprend un peu, ouais, ouais. Ouais. Bon en tout cas ce sont des animaux qui sont… pas très beaux je trouve.
Aude : Non, ça c’est sûr. On peut le dire hein.
Jessica : Mais qui sont très… qui sont très très nécessaires. Qui sont en fait les nettoyeurs de la nature parce qu’ils… ils mangent un petit peu les… les animaux morts et y compris les os.
Aude : Ouais.
Jessica : Donc ce sont des vrais… aspirateurs de l’écosystème en fait.
Aude : Ouais, c’est sûr que c’est pas… c’était difficile de faire les campagnes pour les sauver parce que c’est pas des animaux attrayants et mignons comme les bébés kangourous ou les…
Jessica : Ouais.
Aude : Ou les koalas. Ils sont mignons quand ils sont petits mais après quand ils grandissent, ils se font… ils se battent beaucoup entre eux donc il leur manque des touffes[27] de poils etc. Ils ont… ils sont un peu menaçants avec leurs grandes dents (rires).
Jessica : Est-ce que tu peux les approcher facilement ? Parce que… euh, est-ce que ils sont féroces… enfin les dents me font un petit peur ou alors on peut…
Aude : Oui. Bah il faut vraiment faire attention. Là, au parc où je travaillais, fallait vraiment faire attention. On avait des… donc on ramassait notamment les… les restes de leurs repas qu’ils n’avaient pas fini la veille…
Jessica : Hm hm.
Aude : Et du coup, des fois quand ils n’étaient pas très contents qu’on s’approche de… de leur reste de repas… et ça m’est arrivé oui qu’ils essaient d’attaquer mais ils nous avaient bien appris à mettre le… le seau dans lequel mettre la nourriture… de le mettre devant nous. Donc il a mordu le seau mais…
Jessica : D’accord.
Aude : Ils peuvent être agressifs, ouais, c’est sûr.
Jessica : Hm hm, hm hm. Bon alors… merci. Oui ?
Aude : Enfin ceci dit, non, ça c’est dans leur milieu… pas naturel. En milieu naturel, si vous voyez un… un diable de Tasmanie, sa première réaction ce sera de courir de l’autre côté… Il va pas attaquer.
Jessica : Ah donc pas sur vous.
Aude : Non, non pas du tout. Non, vraiment là ils ont peur des êtres humains. Mais les… ceux qui sont en captivité ont l’habitude des êtres humains donc ont plus peur de… d’approcher.
Jessica : Hm hm.
Aude : Et du coup, ceux-là peuvent attaquer. Mais ceux dans la nature, pas du tout.
Jessica : D’accord. Bah je… je savais pas. Et je me disais, ouh là, diable, si on en voit un, il faut faire attention les dents…
Aude : Ah non, non ça va, dans la nature, il y a rien à craindre.
Jessica : Hm hm. Bah merci Aude de nous avoir par/fait partager donc ton… ton histoire donc sur… le Best Jobs in the World et puis sur la Tasmanie, sur les… les crêpes. Alors la Tasmanie, c’est… c’est loin sans doute pour vous qui… qui écoutez. Mais si vous voulez visiter et découvrir ce territoire, passez sur le… compte Facebook de… de Aude pour savoir où elle se trouve. Surtout le… le week-end. Et puis allez lui acheter une ou plusieurs crêpes. Et dites bonjour de ma part !
Aude : Ouais, et parlez en français !
Jessica : Et puis parlez en français. Bah oui, ouais, ouais.
Aude : Merci Jessica. De m’avoir écoutée.
Jessica : Bah de… de rien. Merci à toi. Et puis je te dis bah à la prochaine fois à Hobart alors !
Aude : Oui, à la prochaine fois à Hobart, pas de soucis !
Jessica : Au revoir !
Aude : Au revoir !