Virologist Serge Talks About his Work, the Difference Between French in Quebec and France, and Dancing
[05 min 26 sec] Part 1
Jessica : Bonjour Serge !
Serge : Bonjour Jessica, ça va bien ?
Jessica : Euh ça va, je survis au froid avec une… une tasse de thé bien chaude entre… entre mes mains en ce moment.
Serge : Bonne idée !
Jessica : Oui, tu as… il fait froid aussi à Geelong ?
Serge : Il fait pas mal maintenant, il a fait soleil toute la journée et maintenant ça commence à se… se couvrir un peu mais… quand-même, il fait bon.
Jessica : Tu es le… le premier représentant du Québec à intervenir sur French Voices, donc le Québec, c’est un nom que… les Français connaissent mais… finalement connaissent et situent mal. Est-ce que tu peux expliquer un petit peu d’où tu viens ? Est-ce que tu parles de la province, de la ville ?
Serge : Bah en fait, le Québec, c’est la province, une des provinces du Canada qui… qui est située Centre-Est. Et… moi je suis né à Montréal. Donc je suis de Montréal. La ville de Québec est la pro/la capitale de la province de Québec. Mais par contre, c’est quand-même relativement petit, comme ville. Et Montréal est la… la… si tu veux, la… la capitale économique du Québec. C’est une ville qui est beaucoup plus importante du Québec, il y a environ 3… 3 millions d’habitants et… mais j’ai quand même habité… pendant une année dans une région plus au Nord-Est, qui s’appelle Chicoutimi.
Jessica : Tu peux l’épeler pour moi parce… ?
Serge : C-H-I…
Jessica : C-H-I…
Serge : C-O-U…
Jessica : C-O-U… Chicou, ouais.
Serge : T-I…
Jessica : T-I…
Serge : M-I.
Jessica : Chicoutimi ! D’accord.
Serge : Oui, c’est un… c’est un mot qui… indien. Pas des Indes mais amérindien. C’était des tribus… une tribu qui habitait dans cette région. Je me souviens plus… je me souviens plus laquelle… je sais pas si c’était les Algonquins, les Iroquois ou les Cris… mais…
Jessica : Ouais.
Serge : Mais… c’est un terme qui veut dire… jusqu’où la… « jusqu’où la rivière est profonde », je crois. Si je me souviens bien.
Jessica : Ooh ! Hm hm.
Serge : Parce que la ville de Chicoutimi, elle est située sur le… la rivière Saguenay et… elle est… elle se situe où il y a un… un changement de… de profondeur assez conséquent si tu veux…
Jessica : Ouais.
Serge : Et… et ensuite, c’est plus loin sur le tributaire, c’est le lac Saint-Jean qui est un lac intérieur énorme. Et donc il y a Chicoutimi, je crois que c’est là où… jusqu’où la rivière est profonde donc…
Jessica : Hm hm.
Serge : Donc par la suite peut-être que probablement la rivière était beaucoup plus… beaucoup moins profonde et les Indiens, les Amérindiens ont nommé cette ville ou cette… enfin à ce moment-là, c’était… une région. Parce qu’il y a un port.
Jessica : Hm hm.
Serge : Et ils l’ont nommé comme ça, donc ça s’appelle Chicoutimi…. C’est intéressant d’avoir un nom qui… amérindien quoi. Et il y a cette université, qui est une petite université régionale, ils avaient un programme qui offrait… enfin, un programme de maîtrise sur… l’écologie aquatique, la biologie aquatique. Donc, je suis allé là-bas pendant une année pour faire le début de ma maîtrise. Et j’ai découvert un peu la région, étant donné que j’étais là-bas et puis c’était… c’est très joli. Et les gens d’ailleurs sont… ont un accent qui est différent… des expressions qui sont différentes de ceux qu’on retrouve à Montréal. C’est beaucoup moins anglicisé que Montréal. Donc, ils ont des expressions très régionales, très locales. Ils sont d’ailleurs très fiers également de leur région. Donc c’est assez…
Jessica : Hm hm.
Serge : C’est assez sympathique d’entendre leurs expressions. Les Québécois, c’est plutôt les Québécois qui vont y voyager, qui vont avoir de la famille là-bas, ce sont les gens qui… les Tremblay. Tremblay, c’est un… c’est un nom qui est très répandu au Québec, et ils sont originaires de… la souche est de Chicoutimi. Donc, ils sont arrivés au Québec au… je sais pas, au XVème ou au XIVème siècle, et puis ils se sont établis dans cette région, et puis ils se sont multipliés comme des lapins et puis… et puis maintenant il y a des milliers d’individus, de familles qui s’appellent Tremblay parce que… ils… ils proviennent tous de la région de Chicoutimi, lac Saint/lac Saint-Jean quoi.
Jessica : Ah c’est un nom de famille qui est très répandu dans cette… dans cette région alors ?
Serge : Oui, tout à fait.
Jessica : D’accord. Et Tremblay, ça s’écrit T-R-E-M-B-L-E ?
Serge : B-L-A-Y.
Jessica : B-L-A-Y. Aaaah ok !
Serge : Oui.
Jessica : Alors, j’étais en train de me dire, peut-être qu’ils sont arrivés et qu’ils avaient super froid et ils tremblaient donc ils ont été désignés les « Tremblay »…
Serge : C’est très possible parce que les…
Jessica : C’est possible en fait !
Serge : A l’époque, les gens avaient un nom de famille qui… qui reflétait ce qu’ils faisaient ou… d’où ils provenaient. Et donc c’était… c’est très intéressant d’ailleurs de… d’étudier la… la généalogie pour savoir d’où les gens viennent, comment ils s’appellent…
Jessica : Hm.
Serge : Et puis tu vois Corbeil, moi mes origines… mes ancêtres sont de Haute-Savoie. Et je lisais que le nom de famille « Corbeil » s’épelle de façon… de plusieurs façons. Et la raison c’est parce que les gens de cette époque-là, dans cette région, ils étaient illettrés en fait. Et lorsqu’ils voulaient écrire ou transmettre des documents soit au niveau officiel ou famille et tout…
Jessica : Hm hm.
Serge : Bah ils devaient aller voir une personne spécialisée qui était éduquée, qui était… qui pouvait écrire. Et… ils allaient voir cette personne mais cette personne-là ne… n’utilisait pas toujours nécessairement le même… la même orthographe pour le nom de famille « Corbeil ».
Jessica : Ouais, ouais.
Serge : Alors « Corbeil », le mien s’écrit « C-O-R-B-E-I-L » mais dans certains cas il y a « LLE » à la fin.
Jessica : Hm hm.
Serge : Ou… des modifications comme ça. Alors, c’est… c’est intéressant de voir comment les noms de famille se dispersent ou se… se propagent et… ils se modifient.
Jessica : Ouais.
Serge : Et c’est très possible que les Tremblay, ils avaient froid. (rires). C’est assez rigolo d’imaginer d’ailleurs.
Jessica : Oui. Alors ça c’est… donc c’est l’origine non certifiée, c’est donc juste une hypothèse. C’est vrai, il y a des noms de famille qui… qui proviennent directement de noms… de noms de lieux. Donc quand on dit… euh… ou de profession… donc le terme « boucher » est très répandu, « Duchemin » ou « Delaplace ».
Serge : Tout à fait oui.
Jessica : Qu’est-ce que tu… qu’est-ce que tu fais ici à… quelle est ta profession ?
[12 min 16 sec] Part 2
Serge : Je suis biologiste, plus particulièrement virologiste. Donc j’étudie les virus, les animaux, les animaux aquatiques comme les poissons, les huitres, les ormeaux. Voilà.
Jessica : Alors, ormeau, c’est un poisson aussi ?
Serge : Ormeau, c’est un « abalone »… en anglais, c’est « abalone ». C’est un mollusque qui…
Jessica : Hm hm.
Serge : Qui a une coquille donc c’est un… c’est un (INAUDIBLE) … il y a seulement qu’une coquille avec un… quoiqu’on l’appelle pas comme ça, mais avec un muscle qu’il y a entièrement au-dessus. C’est comme un espèce de… d’escargot géant aquatique, marin.
Jessica : Et donc, qu’est-ce que tu fais avec ces… ces animaux ? Qu’est-ce que tu étudies exactement ? Sur quels projets tu… tu travailles ?
Serge : En fait, j’étudie un virus, un herpès virus qui affecte ces… ces ormeaux. Et ça fait déjà environ neuf ans que je travaille sur ce… sur ce virus. Initialement, je devais développer un test moléculaire pour être capable de faire le diagnostic de la maladie. Pour savoir si les animaux dans les… dans la mer étaient infectés par le virus. Donc ce test nous a permis de… de détecter le virus chez les animaux qui… qui présentaient le… la maladie par exemple.
Jessica : Et donc il y avait un plan de mis en place… ? Parce que pour pouvoir… comme ce sont des animaux sauvages, est-ce qu’il y avait comme objectif de leur donner un traitement ou… quelle était la finalité du projet ?
Serge : En fait, c’est que… ce virus qui est apparu en 2005 causait beaucoup de dommages… dans le… dans les populations sauvages des ormeaux… et les… c’est une… pêcherie qui est très très importante en Australie mais particulièrement en Tasmanie et au Victoria.
Jessica : Hm hm.
Serge : Et les gens qui… qui sont… enfin, qui sont impliqués dans les pêcheries de ces animaux, ben évidemment perdaient beaucoup d’argent donc… c’est important de pouvoir développer des tests pour… pouvoir tracer les animaux qui sont malades et puis pas pour les guérir mais pour éviter de transmettre la maladie dans d’autres régions du Victoria ou d’Australie. Alors les tests et les diagnostics permettent de… d’identifier les animaux qui sont malades et de développer des pol/des stratégies pour éviter de transporter les animaux d’un endroit à l’autre. Donc c’est plutôt du management, plutôt que…
Jessica : Ah d’accord.
Serge : Plutôt que de les guérir.
Jessica : Oui, pour contenir, pour isoler les… les zones donc infectées.
Serge : C’est ça oui.
Jessica : Hm hm. Mais alors donc tu parlais du virus de l’herpès sur les ormeaux. Si… si un humain consomme un… un ormeau malade, est-ce qu’il… qu’il peut transm/est-ce qu’on peut lui transmettre la maladie ?
Serge : Non, il y a pas de… il y a pas transmission possible entre le virus, l’herpès virus des ormeaux et les humains. C’est seulement les ormeaux qui en souffrent et qui en meurent. C’est… généralement, c’est plutôt rare que les maladies des animaux aquatiques vont se transmettre aux humains. C’est assez rare.
Jessica : D’accord, ouais. Et tu as… tu as travaillé sur d’autres projets qui t’ont particulièrement intéressés au cours de ta carrière ?
Serge : Euh oui. Lorsque je suis arrivé à Geelong, mon premier projet concernait une… une bactérie, une rickettsia des… des saumons de l’Atlantique.
Jessica : Hm hm.
Serge : Et j’étais impliqué en collaboration avec les gens de… de Tasmanie. Il y a des fermes marines très importantes pour le saumon de l’Atlantique.
Jessica : Ouais.
Serge : Et donc j’étais en collaboration avec ces gens pour développer encore une fois des tests inter-diagnostiques pour détecter les… la maladie, les animaux qui sont malades.
Jessica : Ouais. Donc tu es… tu as toujours travaillé en fait dans le… dans le milieu de la marine et aquatique.
Serge : La plupart de… de ma carrière, oui. Par contre, j’ai fait mes études, j’étais à… à Montréal et une partie de mon projet de doctorat concernait un virus humain et le développement d’un vaccin. Donc j’ai passé environ deux ans à travailler sur ce sujet.
Jessica : Hm hm.
Serge : Mais le reste de ma carrière était orientée sur les animaux aquatiques.
Jessica : Alors, justement, combien d’années d’études tu as… tu as mis pour devenir virologiste ? Parce que c’est assez pointu et très… et très spécialisé.
Serge : Oui, en fait j’ai fait un… au Québec, on appelle ça baccalauréat, ce qui est différent de la France. Donc, c’est un « degree ».
Jessica : D’accord.
Serge : En écologie, qui était de trois ans. Et ensuite j’ai fait une maîtrise de deux ans sur… les systèmes aquatiques, les animaux aquatiques. Et ensuite, j’ai fait un doctorat en virologie, immunologie qui a duré trois ans, trois ans et demi. Donc autour de neuf ans. C’est ça.
Jessica : Ouais. D’accord. Alors, c’est intéressant parce que tu dis donc que le baccalauréat est différent de… du baccalauréat français. Donc le baccalauréat, au Québec, il s’obtient à l’université, c’est ça que je comprends ?
Serge : C’est ça oui.
Jessica : Ouais. Alors, comment ça s’appelle donc quand tu finis le… le lycée ou donc le diplôme qui précède l’entrée à l’université au Québec ?
Serge : En fait, ça dépend. Le système francophone, il y a les… les enfants, les étudiants… l’école secondaire… et lorsqu’ils terminent, ils doivent aller dans une inscription qu’on appelle le CEGEP. Et il y a différentes branches, et les gens qui veulent aller à l’université par la suite, ils doivent faire deux ans de CEGEP, c’est plutôt des cours généraux.
Jessica : Hm hm.
Serge : Et les gens qui veulent avoir… un métier sans aller à l’université, ils font généralement trois ans de CEGEP dans des spécialisations variées.
Jessica : Ah d’accord. Oui, donc c’est un système complètement différent, oui.
Serge : Tout à fait, oui, oui c’est typique au Québec.
[18 min 45 sec] Part 3
Jessica : Hm hm. Et alors justement quand on s’est rencontrés, bah je t’ai confié que j’avais eu un petit peu peur de pas pouvoir bien te comprendre parce que j’ai parfois des diff/des difficultés avec l’accent du…
Serge : Québécois, oui.
Jessica : J’avais dit du français canadien et… Tu m’avais reprise sur cette terminologie de français canadien. Est-ce que tu pourrais développer un peu plus cet aspect pour les auditeurs ?
Serge : Oui, en fait, au Québec, la plupart des Québécois, nous sommes très nationalistes. Et nous sommes très fiers de notre… notre identité francophone. Et culturellement, nous sommes beaucoup plus près des… de la France, des Français que du reste des… des Canadiens qui sont anglophones.
Jessica : Hm hm.
Serge : Donc c’est pour ça que… souvent les Français vont nous dire : « oh tu es canadien », eh bien on va les reprendre en disant : « oh bah non je suis québécois ». Parce que c’est différent pour nous. Culturellement, c’est… c’est très différent.
Jessica : Et alors ton passeport, il est… canadien ou… ?
Serge : Oui mais c’est un anachronisme qui un jour sera sûrement corrigé. (rires) Mais pour…
Jessica : D’accord.
Serge : Pour l’instant c’est encore le… on est encore dans le… le Canada, avec le passeport canadien oui.
Jessica : Ok. C’est considéré comme ça. Alors, j’ai souvent la question de mes étudiants donc qui me demandent : « est-ce que le… le français parlé au Québec est le même que le français de France ? ». Qu’est-ce que tu leur répondrais ?
Serge : Ben je leur répondrais que oui et non. Parce que… c’est la langue française avec les mêmes règles grammaticales, avec le… le vocabulaire également identique.
Jessica : Hm hm.
Serge : Mais c’est… le… le français québécois est un peu si tu veux, comme le français du XIVème ou XVème siècle avec des expressions qui… qui sont très différentes. En fait, toutes les populations ou les… les pays francophones à travers le monde, ou leur dialecte si tu veux ou leur language un peu particulier…
Jessica : Hm hm.
Serge : Et puis c’est également la même chose avec le Québec qui… qui est très très particulier avec des expressions qui… qui sont différentes quoi.
Jessica : Alors, quand tu dis le français du XVème… du XVème siècle, tu penses que vous êtes en retard ou restés bloqués dans le temps et que des expressions n’ont pas évolué ?
Serge : Bah il semble bien ! (rires) Ou les expressions… la façon de prononcer les voyelles est différente. Parce que tu vois, le… je crois que c’était Louis XIV qui pouvait dire « le roi, c’est moi » (« le roué, c’est moué » avec l’accent québécois).
Jessica : Hm hm.
Serge : Alors que tu vois au Québec, on parle encore comme ça. Alors au lieu… certaines personnes vont dire… au lieu de « moi », ils vont dire « mouè ».
Jessica : Hm hm.
Serge : Alors, c’est… il y a des analogies qu’on peut faire avec le… l’ancien français quoi.
Jessica : Ouais. Eh bien je pense que… oui, tu viens de mettre le doigt pour moi sur ce qui… ce qui fait votre accent ! Parce que j’arrivais pas à mettre un mot dessus. Mais peut-être oui, au niveau des voyelles qui sont peut-être aussi un peu plus nasales ou… même chantantes.
Serge : Ou plus étirées. Ou effectivement c’est…
Jessica : Plus étirées. Ouais, ouais.
Serge : Et puis, c’est pas évident de…
Jessica : Oui.
Serge : C’est pas évident de comprendre les expressions ou les gens qui parlent très très fortement québécois. Il y a des… une Québécoise qui habite à Geelong et… son accent est très très prononcé. Et les copines françaises parfois ont des difficultés à comprendre ce qu’elle dit à cause de son accent québécois qui est prononcé.
Jessica : Hm. Bah on a de la chance avec toi alors parce que j’arrive… j’arrive bien à te comprendre ! Mais c’est vrai que bon parfois je regarde des… par exemple, sur Youtube… des vidéos, des personnes québécoises s’expriment. J’ai besoin de lire les sous-titres, bien que ce soit du français. (rires) Donc c’est aberrant, très très fort. Mais par contre…
Serge : Ouais, bah effectivemment.
Jessica : Oui. Oui, je disais par contre, j’ai… donc corrige-moi si je fais une erreur mais j’ai entendu que les Québécois justement ne voulaient pas emprunter donc, c’est peut-être à cause de ce sentiment de… donc nationalisme culturel qui est plus proche de la France que des… des Américains. Les Canadiens ne… essaient d’éviter d’emprunter des anglicismes et… les Québécois pardon, et donc ils essaient de trouver un… un terme qui soit francisé. Donc par exemple, avec « faire du shopping »…
Serge : Hm hm.
Jessica : J’ai entendu que… on pouvait/on disait au Québec « magasiner » à partir du… un verbe fait à partir du mot magasin. C’est correct ?
Serge : Hm hm. C’est vrai oui.
Jessica : Tu as d’autres exemples ?
Serge : Bah en fait, ça fait déjà 18 ans que j’ai quitté le Québec. Donc… je suis plus tout à fait au courant des expressions qui sont utilisées.
Jessica : Ouais.
Serge : Quoique… sur Facebook, il y a des sites qui sont typiquement québécois et que je regarde régulièrement parce que d’ailleurs je trouve ça très rigolo de voir les… les nouvelles expressions qui sont apparues. Mais je dois dire par contre qu’il y a beaucoup d’expressions anglophones. Je crois que ça a beaucoup changé.
Jessica : Ca arrive.
Serge : Par rapport à ce que tu disais, il y a maintenant beaucoup d’expressions anglophones qui sont utilisées dans les… dans les expressions québécoises. J’étais d’ailleurs surpris de voir que c’était une influence générale mondiale, la globalisation, avec l’internet et le facebook et tout, l’anglais… les gens, ils sont portés à regarder des trucs qui sont américains ou… anglophones et tout. Et maintenant, ça s’est… ça s’est intégré dans le langage des Québécois.
Jessica : Voilà, donc même au Québec, les Américains réussissent à forcer le passage finalement.
Serge : Ouais, tout à fait oui. (rires). Avec la télévision, et puis les films et puis maintenant l’internet donc… c’est une globalisation.
Jessica : Alors quand je t’ai contacté… donc, j’ai eu ton numéro par Eric qui… qui a fait l’épisode précédent de… de French Voices. Donc je ne te connaissais pas et je t’ai vouvoyé au téléphone et tu m’as… tu m’as dit… vraiment dans la minute qui suivait, tu m’as invitée à utiliser le… le tutoiement.
Serge : C’est vrai oui.
Jessica : C’est quelque chose que… que les… les Québécois font tout le temps ou c’est juste … ?
Serge : De façon spontanée, oui, je dirais oui. Parce que les gens au Québec… une des caractéristiques des Québécois, c’est que nous sommes des gens simples et sympathiques.
Jessica : Hm hm.
Serge : Bon, c’est très… Je dis ça en toute simplicité d’ailleurs. Mais tout à fait. Nous sommes beaucoup moins « formal » ou « formaux » (formels), je crois que le terme est… Parfois, j’oublie mon français d’ailleurs, ça fait tellement longtemps que j’ai quitté le Québec.
Jessica : Ouais, non, ça m’arrive aussi.
Serge : Que… c’est ça finalement, les gens sont… vont se tutoyer beaucoup plus facilement que…
Jessica : Hm hm.
Serge : J’ai remarqué en France… ce qui ne se produit pas. Alors, parfois, il faut… il faut s’adapter quoi au… au pays où on se situe.
Jessica : Hm hm.
Serge : Et puis il faut un peu de temps pour savoir si la personne est confortable avec… avec le tutoiement plutôt que le vouvoiement. Mais j’ai passé quand même plusieurs mois en France et puis très rapidement je me suis lié d’amitié avec les gens, des gens que je connaissais peu, très rapidement, on pouvait se tutoyer parce que l’atmosphère était sympathique et puis… et ouais, c’était… c’était bien.
Jessica : Mais… si… donc ce sont des personnes que tu ne connais pas ou des personnes avec qui tu as des relations professionnelles… donc je vois par exemple, tu rentres dans un magasin pour faire un achat… tu vas tutoyer la personne ou quand même la vouvoyer ?
Serge : Oh c’est plus formel.
Jessica : Plus formel.
Serge : C’est plus formel, lorsque c’est dans une situation où… soit professionnelle ou commerciale, oui évidemment. Mais c’est plutôt… personnellement, je parlais surtout lorsque je rencontre des gens qui sont des amis de mes amis ou… la famille de mes amis, parce que je compte ça dans les… c’est les gens… disons qu’il y a déjà une… de façon interposée, une… une relation potentiellement existante si tu veux.
Jessica : Hm hm.
Serge : Alors, à ce moment-là, les gens sont plus… plus confortables. Mais également au niveau des âges. Lorsque les… les gens sont d’un âge similaire, c’est plus facile d’établir une relation… une communication plus… moins formelle, que si les gens sont… il y a 20 ans de différence alors… il y a également… il y a quand même une approche qui est un peu différente quoi.
Jessica : Hm hm. On peut dire peut-être que les… les Québécois sont les francophones australiens, donc c’est-à-dire les francophones les plus « let back » de la francophonie.
Serge : Tout à fait, ouais, je crois que c’est une très bonne analogie.
[27 min 51 sec] Part 4
Jessica : Alors, tu organises des cafés conversation toi-même pour aider des… des étudiants avec le français, c’est ça ?
Serge : Oui je fais partie de l’Alliance Française de Geelong.
Jessica : Hm hm.
Serge : Et… mon activité principale si tu veux, ma responsabilité principale, c’est de… d’organiser des cafés conversation. C’est-à-dire que plusieurs fois par semestre, ou trimestre, je…
Jessica : Hm hm.
Serge : J’organise des… deux Francophones, généralement qui sont des Français qui… qui rencontrent des Anglophones, des Australiens qui veulent app… généralement qui parlent le français déjà, jusqu’à un certain point.
Jessica : Hm hm.
Serge : Enfin certains sont débutants, d’autres intermédiaires et d’autres avancés. Et qui veulent pratiquer leur français, parler, l’oral quoi. Alors, on se rencontre dans un café et on… on prend un café, un thé et puis on discute pendant une heure quinze, une heure et demi de… de tous sujets qui… ce que les gens sont… à quoi ils sont intéressés. Leurs passions, leurs activités, les films qu’ils ont vus récemment, des choses comme ça. Donc ils ont l’opportunité de pratiquer leur français.
Jessica : Hm hm.
Serge : Ce qui est pas toujours le cas quand ils vont dans des classes… soit au TEF, à l’université ou à l’Alliance Française.
Jessica : Ouais.
Serge : Où c’est très souvent… l’écoute du professeur et puis les exercices sur papier. Donc écrits. L’apprentissage de la grammaire. Et… et puis pour la conversation, c’est plus limité. Donc c’est une bonne opportunité pour eux de… de parler, de pratiquer leur français.
Jessica : Et… donc c’est tous niveaux confondus ou donc tu as parlé des débutants, intermédiaires… ou tu… vous les séparez en différents niveaux ?
Serge : Bah en fait, tout le monde est bienvenu. Et ce que l’on/ce qu’on fait, c’est que les deux animateurs, nous nous assoyons (asseyons) à deux endroits… enfin séparés de la table par exemple. Et puis généralement, on est 10 ou 12 personnes et… chaque animateur va prendre soin de 4, 5 ou 6 personnes. Pour séparer les groupes en deux. Et… chaque… chaque animateur donne la parole à un individu, pose une question… qui… alors cette personne-là peut parler pendant 2, 3 minutes ou 4 minutes. Et ensuite, on… on interroge la… la personne suivante. Donc on est… c’est pas nécessaire de les séparer selon leurs aptitudes de français, la profondeur du sujet ou du language utilisé va varier selon la personne, selon son… son niveau quoi.
Jessica : Ouais. Et donc s’il y a des… des auditeurs de French Voices qui sont dans la région de Geelong, où est-ce qu’ils peuvent trouver les informations pour ces cafés conversation ?
Serge : C’est sur… principalement, principalement sur le… le site web de l’Alliance Française de Geelong.
Jessica : Hm hm.
Serge : Et il y a également sur… sur Facebook, l’Alliance Française de Geelong est également présente. Donc les informations sont mises à jour régulièrement pour que les gens puissent… être au courant de ce qui va se passer dans les semaines qui suivent. Il y a également des films… des films français qui sont présentés au cinéma à Village tous les premiers dimanche de chaque mois.
Jessica : Hm hm.
Serge : Et également l’information est disponible sur l’internet et puis sur le facebook.
Jessica : Ok. Je mettrai les références dans les show notes alors comme ça… je mettrai le lien.
Serge : D’accord.
[31 min 21 sec] Part 5
Jessica : Et puis, donc quand tu ne fais pas les cafés conversation, que tu n’es pas dans ton laboratoire avec les… les ormeaux, quels sont tes passe-temps ?
Serge : Alors, j’aime beaucoup la marche sur… sur les plages. Les plages sont très très belles dans… sur la péninsule où Geelong se situe.
Jessica : Ouais.
Serge : Et parfois ma femme et moi, nous allons marcher sur la plage ou dans les… faire du « bush walking »…
Jessica : Oui.
Serge : Dans des régions qui sont pas très loin. C’est très agréable de… de se balader dans la montagne et de regarder les oiseaux et puis… Donc ça, j’aime beaucoup.
Jessica : Hm hm.
Serge : Et ce que j’aime… ce que j’aime faire également c’est de la danse. J’apprends différentes, en fait, danses. J’ai commencé à faire de la bachata l’an dernier.
Jessica : Ouais.
Serge : C’est une danse latine. Et également en septembre dernier, j’ai commencé le… le kizomba qui est une danse africaine. Et donc je prends des cours à Melbourne, donc j’y vais donc environ deux fois par semaine. Et donc c’est très très… Ce sont des danses qui sont très sensuelles, lentes mais également rythmées. Donc, c’est… c’est excellent. Et j’invite tous les auditeurs qui seraient intéressés à aller jeter un coup d’œil sur le… sur l’internet et…
Jessica : Ouais.
Serge : Et par exemple, il y a deux écoles où je vais. Il y en a une qui s’appelle « Mundo Style » et l’autre elle s’appelle « Candela Production ». Donc kizomba pour ces deux sites.
Jessica : D’accord.
Serge : Et toute l’information disponible, savoir quand et… les horaires et tout… et les styles et les détails quoi.
Jessica : Bon je mettrai ça dans les show notes aussi alors. Si vous voulez aller danser avec Serge, (rires) regardez dans les show notes. Alors, les deux danses, les deux types de danse, ce sont des danses qui se… qui se dansent en couple ?
Serge : Oui, c’est ça, la bachata et kizomba, c’est des danses qui se dansent en couple. Et par contre, la kizomba, il y a également… ça peut également se danser en groupe, c’est-à-dire pour faire des… des performances…
Jessica : Ouais, ouais.
Serge : Pour les shows. Il y a des… des chorégraphies qui sont développées. Où les gens… les hommes et les femmes peuvent danser… faire une chorégraphie en groupe mais pas en couple nécessairement.
Jessica : Alors, d’ailleurs t’as déjà fait un spectacle de danse comme ça ? Ou une compétition ?
Serge : Oui, c’est… c’était pas la compétition, c’est le spectacle, la performance, « performance ».
Jessica : Oui, un spectacle.
Serge : Et… donc oui en janvier dernier, j’ai fait… j’ai joint le groupe, un des groupes du « Mundo Style » et…
Jessica : Hm hm.
Serge : Et donc on a fait donc des modèles de chorégraphies pour… on était environ 10-12, peut-être 14 personnes… et on a fait des… des présentations dans les différents festivals de kizomba. Donc on était à Perth au mois de mars. On a présenté également à Melbourne, et puis le week-end dernier, on était à Adelaide.
Jessica : Ouah ! Ouais.
Serge : Donc, c’est très… c’est super. Et puis on rencontre d’autres gens qui sont également passionnés par… pas la kizomba et puis… (INAUDIBLE) de danse.
Jessica : Ouais.
Serge : Et puis, la semaine, le week-end dernier, on… le… le dimanche avant de revenir à Melbourne, j’étais avec trois autres collègues et on se baladait à… à Adelaide à l’extérieur, « downtown », il y a une rue « piétonnière » (piétonne) et là, ma collègue me dit : « pourquoi est-ce qu’on ferait pas du flash mob ? ».
Jessica : Hm hm.
Serge : Alors, j’étais… j’étais pas familier, j’ai dit : « c’est quoi le flash mob ? », bah on danse comme ça en public. J’ai emmené mon speaker et tout alors j’ai dit : « bah oui pourquoi pas ». Alors, on s’est installés, on a mis la musique, on a commencé à danser et puis les gens passaient, souriaient, étaient intéressés. Il y en a même un qui est venu filmer. Alors peut-être qu’on va… qu’on va se revoir sur… sur internet, Facebook ou Youtube. C’était… c’était très sympathique ouais.
Jessica : Je… je visualise pas à quoi ça peut ressembler à la kizomba en fait. Peut-être, ouais, je regarderai des vidéos ou alors j’irai te voir.
Serge : Oui, bien sûr. La kizomba, ça ressemble un peu au tango si tu veux.
Jessica : Ah bon !
Serge : C’est la danse, le style le plus rapproché du… enfin ça provient du samba donc c’est…
Jessica : Oooh !
Serge : Mais les gens sont plus familiers avec le tango. Puis, ça ressemble un peu à ça quoi.
Jessica : Bon. Alors, ouh, je pense… il est déjà l’heure de se quitter, le temps est passé très vite.[…] Je te souhaite un très bon week-end Serge. On reste en contact.
Serge : Merci. Absolument. Allez bye bye !
Jessica : A bientôt, Serge. Bye!
Serge : Bye.